Les employés déposent de nouvelles carottes pour le projet Hamama d'Aton Resources dans le désert de l'Est de l'Égypte. Si les projets de la société pour sa concession se concrétisent, elle deviendrait l'une des deux seules sociétés exploitant une mine d'or dans le pays. Avec l'aimable autorisation d'Aton Resources

Le 15 janvier dernier, l'Égypte lançait son premier appel d'offres pour l'exploration aurifère depuis huit ans ; cependant, certaines personnes travaillant dans la région se demandent si les termes de l'offre seront suffisamment intéressants pour attirer des investissements étrangers.

L'offre se prolonge jusqu'au 20 avril, mais le pays pourrait bien se retrouver face à un manque de soumissionnaires. Les trois sociétés d'exploitation aurifère déjà établies ou menant des activités d'exploration en Égypte ont déclaré ne pas avoir l'intention de répondre à l'appel d'offres.

« Les conditions actuelles de l'offre sont, à notre avis, bien plus lourdes que les deux précédentes séries d'offres et de ce fait, sont inintéressantes pour l'investisseur », écrivait Joseph El-Raghy, président de Centamin, dans un courriel à l'équipe du CIM Magazine. Centamin exploite Sukari, la seule mine d'or d'Égypte située à seulement 20 kilomètres (km) dans les terres de la mer rouge, et à environ 300 km au sud-est de Louxor. Cette mine, dont la production a commencé en 2009, a une durée de vie estimée à 20 ans et elle a produit l'année dernière 551 036 onces d'or.

« Nous ne répondrons pas à l'appel d'offres. Les conditions imposent de nombreux paiements anticipés que l'on préfère investir sur le terrain », indiquait David Hall, président et chef de la direction de Thani Stratex Resources Ltd., société qui possède deux concessions dans le désert de l'Est de l'Égypte (le désert d'Arabie). « Il est peu probable que cet appel engendre un quelconque intérêt, sachant que les trois sociétés actuellement actives dans la région ont toutes déclaré ne pas souhaiter prendre part à l'appel d'offres. »

Les concessions se trouvent principalement dans le désert d'Arabie entre le Nil et la mer rouge, et une partie s'ouvre sur la péninsule du Sinaï, la région à la frontière de l'Israël. Les régions concernées par l'offre engloberont sans doute des mines plus anciennes, indiquait Mark Campbell, président et chef de la direction de la société Aton Resources, anciennement connue sous le nom d'Alexander Nubia, laquelle explore deux sites sur une concession dans le désert d'Arabie.

Blaine Monaghan, vice-président des relations avec les investisseurs, indiquait qu'Aton ne participera pas à cette série d'offres afin que son équipe se concentre sur les projets existants. En outre, M. Campbell indiquait que les conditions afférentes aux concessions existantes d'Aton sont « bien plus intéressantes » que celles proposées dans l'appel d'offres lancé par le pays, « [ce qui rend] encore plus étranges ces nouvelles conditions ».

Bien qu'une nouvelle loi sur les mines ait été promulguée en 2014, les conditions sont très similaires à celles qui s'appliquent à l'industrie du pétrole et du gaz, indiquait M. Campbell, ajoutant qu'elles ne tiennent pas compte des contraintes auxquelles est confrontée l'industrie minière.

« Ces contrats de partage de production sont bien connus dans l'industrie [pétrolière et gazière], et la situation économique dans cette industrie facilite l'exploitation dans ce contexte car tous les versements se font à l'avance », indiquait-il. Contrairement à l'industrie minière, les exploitations pétrolière et gazière ont tendance à réaliser des profits en quelques années et leurs coûts d'exploitation sont moins élevés une fois que la connexion à une canalisation est établie.

D'après les conditions de l'offre, l'Égypte forme une entreprise commune à 50/50 entre chaque société et l'autorité égyptienne des ressources minérales, l'EMRA, en partageant les profits de la société après que les coûts aient été récupérés. Plusieurs frais et obligations bancaires doivent être payés avant qu'une société ne puisse commencer à travailler sur une concession. Les permis d'exploitation sont donnés à une société après qu'elle ait déclaré avoir fait une découverte d'intérêt commercial ; ils durent 15 ans et peuvent être renouvelés pour 15 années supplémentaires.

Cependant, cette deuxième période de 15 ans ne s'accompagne pas obligatoirement d'un allégement fiscal. Le montant des redevances en Égypte s'élève à 5 %.

« Ensemble, les conditions proposées se traduisent par un taux d'imposition effectif qui est de loin l'un des plus élevés à l'échelle mondiale pour l'exploitation minière », écrivait M. El-Raghy.

Aton a payé pour consulter les données et les conditions détaillées des offres ; le prix de ces informations par région revendiquée est de 6 000 $ US. « Ces régions sont intéressantes. Géographiquement parlant, elles sont immenses », déclarait M. Campbell. L'une de ces régions fait plus de 1 500 kilomètres carrés (km²). « Pour d'autres personnes qui pourraient examiner la zone d'exploration potentielle, cependant, je ne vois pas en quoi cela pourrait les intéresser. »

L'histoire de l'Égypte en matière d'exploitation minière remonte à des milliers d'années en arrière. Cependant, au début des années 1960, le président de l'époque Gamal Abdel Nasser nationalisait le secteur minier ainsi que plusieurs autres industries. À la fin des années 1960, l'économie perdait pied ; le secteur minier souffrait du ralentissement économique et de l'exode des professionnels de l'industrie à l'étranger.

Le pays dispose de ressources minérales, gazières et pétrolières importantes, notamment du gaz naturel et du pétrole brut. On y trouve également des producteurs d'étain, d'acier et de phosphate. En 2015, l'Égypte avait présenté une autre série d'offres pour le plomb et le zinc, entre autres minéraux. « Nous possédons la géologie ainsi que l'infrastructure », indiquait M. Campbell. Les deux projets dirigés par Aton, situés à 40 km l'un de l'autre, sont accessibles par la même route à quatre voies. Des lignes électriques assurent les besoins de cette région, et une canalisation d'eau est contiguë à la route.

« Nous serions ravis de voir 150 sociétés s'implanter ici », déclarait-il. « Une industrie minière solide est indéniablement un grand avantage pour nous. »

Traduit par Karen Rolland