Le débat durant la séance plénière de lundi matin sur l'adoption de la technologie, ses possibilités et ses incidences, a donné le ton du congrès annuel de l'ICM, qui s'est tenu au Palais des congrès de Montréal, au Québec.

Ce lundi matin, le ciel gris et la pluie battante ont certes poussé les participants au congrès de l'ICM 2017 à assister à la séance plénière d'ouverture, mais la discussion stimulante sur les enjeux et les répercussions de l'innovation les a encouragé à s'y attarder.

Renaud Adams, chef de la direction de Richmont Mines ; Michelle Ash, responsable de l'innovation chez Barrick Gold Corporation ; Gerald Sanders, dirigeant de l'équipe des responsables des capacités en matière d'utilisation des ressources in situ (ISRU, de l'anglais In Situ Resource Utilization) de la NASA ; Pierre Lapointe, président d'ArcelorMittal Mining ; et Daniella Dimitrov, cadre et administratrice de sociétés minières chez Excellon Resources étaient tous d'accord sur le fait que la question n'est plus de savoir si, mais bien quand se produiront des changements fondamentaux au sein de l'industrie minière. En outre, ajoutaient-ils, la seule chose que peuvent contrôler les sociétés minières est bien la façon dont elles s'adaptent pour tirer au mieux profit de ces innovations.

« Pour être plus forte, l'industrie minière a besoin d'améliorations progressives et de grandes innovations », déclarait dans son discours d'ouverture Carol Plummer, modératrice de la séance plénière et vice-présidente du développement de projet pour les activités dans le Sud d'Agnico Eagle.

Les grandes innovations étaient au cœur des préoccupations de nombreux participants. Mme Ash, la première personne à détenir le titre de responsable de l'innovation chez Barrick, insistait sur le potentiel des technologies telles que l'énergie solaire et les batteries pour alimenter les sites miniers, ainsi que de l'intelligence artificielle et de la robotique pour transformer cette industrie. Comme elle l'expliquait, Barrick est en pourparler avec des représentants d'autres industries, notamment les secteurs médical, de la vente au détail et de l'aérospatiale afin de déterminer comment appliquer à l'exploitation minière les innovations propres à ces domaines.

D'après M. Sanders, les agences spatiales commencent à se rendre compte de « l'importance croissante de l'utilisation des ressources dans l'espace pour rendre plus abordable l'exploration spatiale ». Il ne s'agit là que de l'un des divers facteurs qui contribueront à faciliter l'exploitation minière spatiale à l'avenir. Comme il l'expliquait, l'exploitation minière sur Terre et dans l'espace présente des enjeux communs, et offre la possibilité de partager des technologies et des solutions.

De son côté, M. Adams invitait les participants à envisager la façon de modifier les « principales composantes » de l'exploitation minière telles que la manutention en vrac et les circuits de broyage de manière à améliorer les performances, à une époque où la teneur moyenne des gisements décline et où les sociétés minières doivent déployer toujours plus d'efforts pour accéder aux minerais.

Cependant, les difficultés relatives à l'adoption à grande échelle des technologies et processus transformateurs sont encore nombreuses ; la plus notable, selon M. Lapointe, est que l'industrie est très réticente à investir. « Je suis pratiquement certain que nous ne tirons pas profit à 100 % de ce dont nous disposons », déplorait-il. « Nous n'en profitons sans doute qu'à 40 ou 50 %. »

Mme Dimitrov était d'accord avec lui, évoquant un rapport du Forum économique mondial qui plaçait le secteur minier en tête des industries prêtes à subir des changements, avec environ 425 milliards $ de valeur attendant d'être libérée après l'adoption de nouvelles technologies. « Notre industrie est célèbre pour sa réticence face aux changements », déclarait-elle.

Mme Ash indiquait également que les parties prenantes, et notamment les employés, doivent bien comprendre que des changements sont imminents. « Notre rôle consiste à préparer nos concitoyens, nos organisations et nos communautés au rythme accéléré des changements qui se profilent. »

Traduit par Karen Rolland