Les principales associations de l’industrie des mines et des minéraux du Canada ont accueilli favorablement les initiatives énoncées dans le budget fédéral, déposé le 22 mars par Bill Morneau, ministre des Finances. Ces initiatives comprennent la prolongation du crédit d’impôt pour exploration minière (CIEM) d’un an et le maintien de son mécanisme de financement par actions accréditives, des engagements en matière infrastructure pour les régions éloignées nordiques et un soutien continu envers les compétences et la formation professionnelle des Autochtones canadiens.

Les politiques du budget 2017 représentent un « tournant décisif potentiel » pour une industrie qui s’enlise depuis quelques années en raison de la perte de son avantage concurrentiel lorsqu’il s’agit d’investissements dans les minéraux, selon Brendan Marshall, vice-président des Affaires économiques et du Nord de l’Association minière du Canada (AMC). Cependant, il soutient que la situation dépendra en grande partie de la « forme que prendront ces programmes » et espère que les détails, les admissibilités et les mécanismes de ces investissements seront décrits le plus rapidement possible.

En particulier, l’AMC souhaite que le gouvernement précise ses promesses en matière d’infrastructure énoncées dans le budget, notamment la création d’une nouvelle Banque de l’infrastructure du Canada. L’AMC a bon espoir que cette banque, qui promet 35 milliards $ sur 11 ans pour des plans de transport en commun, des réseaux de transport et des réseaux de distribution d’électricité, abordera et atténuera spécifiquement les défis auxquels sont confrontées les sociétés minières dans les régions éloignées et nordiques.

Glenn Mullan, président de l’Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs (ACPE), s’est joint à l’AMC et espère que la banque de l’infrastructure aidera à « débloquer l’accès au potentiel de ressources » des régions éloignées. Les chiffres de l’ACPE indiquent que les coûts de développement et d’exploration dans les régions éloignées et nordiques du Canada sont en moyenne 227 % plus élevés que les coûts des projets dans les régions non éloignées, grimpant parfois à 600 % et plus.

La prolongation d’un an du CIEM est une victoire clé pour les sociétés d’exploration de tout le pays. Gavin Dirom, président sortant de l’Association for Mineral Exploration de la Colombie-Britannique (AME BC), a affirmé que la décision de prolonger le crédit montre un « niveau de soutien et de compréhension » envers le secteur de l’exploration minérale. Il a indiqué qu’il espère que cette prolongation aidera à « redonner au Canada sa place en tant que destination de choix pour les investissements et l’exploration minérale. »

Le CIEM est un crédit d’impôt non remboursable de 15 % qui encourage l’investissement dans les petites sociétés minières. Son mécanisme de financement par actions accréditives permet aux sociétés de transférer les dépenses associées aux activités d’exploration à des investisseurs qui peuvent déduire ces dépenses dans le calcul de leur propre revenu imposable. Les découvertes majeures aux mines de diamants Ekati et Diavik dans les Territoires du Nord-Ouest, à la mine de nickel à Voisey’s Bay, au Labrador, et à la mine d’or Éléonore à la baie James ont toutes été rendues possibles grâce au financement par actions accréditives.

Le budget insiste fortement sur l’innovation, y compris la mise sur pied d’une nouvelle plateforme appelée « Innovation Canada » qui coordonnera et simplifiera le soutien offert aux entrepreneurs du Canada ainsi que l’examen des programmes d’innovation actuels, dont les programmes de Ressources naturelles Canada (RNCan). Une somme de 950 millions $ sera investie sur cinq ans pour ce mandat.

Sur une période de quatre ans, 200 millions $ seront alloués à RNCan et aux ministères de l’Agriculture, des Pêches et des Océans afin d’investir dans les technologies propres en train d’être mises au point par l’industrie, le milieu universitaire et les laboratoires fédéraux. Roxanna Coulon, porte-parole de RNCan, a mentionné que les investissements dans le secteur minier se concentreront sur les innovations et les technologies propres qui veilleront à ce que les « ressources minérales soient exploitées de façon durable, tout en renforçant notre avantage concurrentiel. »

Selon l’AMC, l’industrie minière s’est toujours sentie sous-représentée au sein de l’écosystème canadien de l’innovation et de la recherche et développement (R-D) par rapport à sa contribution économique. Par conséquent, l’association espère que le Conseil canadien de l’innovation minière (CCIM) bénéficiera du financement proposé pour l’innovation et la R-D. Le CCIM est une collaboration entre les chefs de file de l’industrie, notamment des membres de l’AMC, du gouvernement et d’universités, visant à stimuler l’innovation technologique qui transformera l’exploitation minière en une industrie zéro déchet dans les 10 à 20 prochaines années.

L’industrie minière est le plus important employeur du secteur privé auprès des Autochtones et l’AMC, l’ACPE et l’AME BC conviennent que l’investissement de 50 millions $ annoncé dans le budget dans le programme Stratégie de formation pour les compétences et l’emploi destinée aux Autochtones (SFPEA) est de bon augure pour l’industrie. M. Mullan de l’ACPE ajoute que ce stimulant pourrait aussi augmenter la participation autochtone en « faisant tomber certaines barrières qui empêchent une participation plus active ».

Les 50 millions $ alloués à la SFPEA proviennent en partie de fonds préexistants. Cette somme englobe 15 millions $ affectés au même programme pendant deux ans dans le cadre du budget 2016, en plus de fonds réaffectés à partir d’autres programmes de formation axée sur les compétences.

Le gouvernement a aussi signalé son intention d’appliquer un système de tarification du carbone dans toutes les provinces et tous les territoires d’ici 2018. Les provinces et territoires choisiront entre une tarification directe pour la pollution par le carbone ou un système de plafonnement et d’échange. Même si M. Marshall a affirmé que l’AMC soutient cette décision « en principe », il est d’avis que le gouvernement devrait veiller à ce que les industries à fortes émissions soient « protégées » et à ce que la tarification du carbone ne soit pas appliquée comme « mesure punitive ».

Parmi les autres aspects du budget concernant les sociétés minières, mentionnons le financement de stages d’apprentissage intégré au travail pour les étudiants du niveau postsecondaire inscrits à des programmes de sciences, de technologie, de génie, de mathématiques et d’études commerciales, un engagement de 50 millions $ pour créer un centre canadien de données sur les transports et un portail de données ouvertes connexe qui serviront de sources de données rigoureuses en matière de transport afin de faire circuler les marchandises de manière plus efficiente le long des chaînes d’approvisionnement et de distribution. Un nouveau fonds national des corridors commerciaux ciblera les goulots d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement du transport et visera à libérer le développement économique dans les territoires et à améliorer les flux d’approvisionnement vers les communautés les plus au nord.

Le gouvernement a aussi affecté 30 millions $ à l’assainissement de puits de pétrole et de gaz abandonnés en Alberta.

Traduit par CNW