La zone du bassin de jarosite après la réhabilitation | Avec l'aimable autorisation de Glencore Canada

À Timmins, en Ontario, le bassin de jarosite du site métallurgique de la mine Kidd (Kidd Metsite) et la zone qui l'entourait étaient une vision d'horreur il y a trois ans et demi. Plus de 800 000 tonnes de jarosite, un sous-produit du sulfate de fer issu du raffinage du zinc à la mine Kidd de cuivre et zinc située à proximité, recouvraient de boues et d'une eau couleur rouge et café une surface de quelque 30 hectares, soit l'équivalent de 56 terrains de football.

Mais revenons-en à 2014. Aujourd'hui, cette zone ressemble à ce qu'elle était avant l'avènement de l'ère industrielle, une grande prairie verdoyante. Glencore Canada Corporation s'est vue décerné le prix national Tom Peters de remise en état d'une mine pour ses travaux d'assainissement du bassin et de la zone polluée l'entourant, lequel est attribué chaque année par l'association canadienne de réhabilitation des sites dégradés (ACRSD) et l'Ontario Mining Association (OMA, l'association minière de l'Ontario) en reconnaissance des meilleurs travaux d'assainissement minier menés en Ontario.

La majeure partie du site métallurgique Kidd Metsite a été fermé en mai 2010 lorsque la fusion du zinc et du cuivre a cessé, et la plupart de ses bâtiments ont été démantelés. Cependant, le concentrateur du site continue de traiter le minerai de la mine Kidd, située à 37 kilomètres de là.

Le bassin avait été construit en 1971 ; au cours des premières années, des suintements avaient été observés au niveau de la zone de confinement dans le ruisseau Three Nations, mais avaient été rapidement maîtrisés. Tout au long de sa durée de vie, le site a fait l'objet d'une surveillance continue et d'améliorations supplémentaires, notamment la construction de fossés pour recueillir les eaux d'infiltrations, de systèmes de recirculation des eaux et de bermes de stabilisation.

« L'obturation a commencé en 2010, et pendant la majorité des années durant lesquelles il a été exploité, le bassin de jarosite était stable », indique David Yaschyshyn, directeur de l'environnement pour l'exploitation Kidd.

Construire sur de la boue

L'obturation du bassin de jarosite, qui incluait la déshydratation des boues et le recouvrement des matériaux restant, a posé de sérieux problèmes car les déchets avaient une consistance bourbeuse, rendant ainsi complexe la construction de toute nouvelle structure sur cette surface. « Pour AMEC Environnement et infrastructure, notre partenaire dans la conception du projet, une partie de la difficulté résidait dans la création d'une surface sur laquelle on pourrait appliquer le recouvrement final », explique John Stroiazzo, directeur de la réhabilitation et des projets chez Glencore Canada. « Pour créer cette plateforme stable sur toute la surface du bassin, nous avons utilisé les stériles d'une mine d'or à proximité. »

Ensuite, l'équipe a déployé une gigantesque jupe constituée de milliers de feuilles de polyéthylène noir à haute densité d'une épaisseur de 60 millimètres soudées ensemble pour former ce que M. Yaschyshyn qualifie « d'immense couverture ». Le vent était cependant un problème constant. Les jours ventés, une équipe de 12 à 15 employés utilisaient des sacs de sable pour tenir les feuilles alors qu'ils les soudaient. Les jours très ventés, les travaux sur la jupe devaient cesser. Comme l'explique M. Yaschyshyn, l'équipe vérifiait l'intégrité de chaque soudure.

Enfin, l'équipe a ajouté une couche de terre de près d'un mètre d'épaisseur. La terre était elle-même enrichie à l'aide de biosolides municipaux, des boues d'épuration municipales traitées récupérées dans les usines de traitement des eaux usées à Toronto et Ottawa. « Les biosolides sont constitués de matières organiques riches en substances nutritives », indique M. Yaschyshyn. « C'est un peu comme si vous recouvriez votre jardin d'engrais. » Selon Glencore, l'idée d'utiliser des biosolides peut paraître peu ragoûtante au premier abord, mais ces substances sont tout à fait sûres et non toxiques au moment de leur application, et ne présentent aucun danger pour l'environnement.

Le gouvernement de l'Ontario encourage cette approche consistant à utiliser des biosolides comme engrais dans le domaine de l'agriculture et des travaux de réhabilitation, explique M. Stroiazzo. Il ajoute que les biosolides présentent un autre avantage. « Leur prix défie toute concurrence ; ils sont gratuits. La végétation sur l'ancien bassin a poussé rapidement et continue de se développer. »

Le bassin est devenu une prairie verdoyante et cette réhabilitation a permis de transformer un ancien site de déchets industriels en un lieu se rapprochant de son état naturel. Cependant, poursuit M. Yaschyshyn, le site restera sous surveillance afin de préserver et d'entretenir la végétation à laquelle, malheureusement, ne peuvent être ajoutés des arbres car leurs systèmes radiculaires pourraient endommager la jupe. « Des dispositions financières ont été prises pour ces mesures de surveillance et d'entretien sur le long terme », ajoute-t-il.

Un écosystème florissant

Bien que le ruisseau Three Nations n'ait pas été affecté par les activités industrielles à proximité à un point tel qu'il requière un assainissement total, Glencore Canada a tout de même décidé de l'inclure dans son projet de réhabilitation de plusieurs millions de dollars. La concentration en métaux dans les eaux du ruisseau augmente et diminue en fonction des saisons, à mesure que le sol et les sédiments contenant des métaux, et notamment du zinc, sèchent et se déversent dans le ruisseau lors de pluies violentes. « Avant ce projet, les eaux du ruisseau étaient déjà relativement saines, et toutes sortes de poissons et d'invertébrés y vivaient », déclare M. Yaschyshyn.

M. Stroiazzo indique que la société a envisagé tout un éventail d'options, notamment celle de ne pas toucher à ce ruisseau relativement sain, tout comme celle, à l'autre extrême, d'éliminer totalement le lit du ruisseau. Le plan de réhabilitation final consistait en une série de barrages et de fossés qui surélevaient le niveau de l'eau dans le ruisseau pour s'assurer du maintien de la couverture aqueuse et pour empêcher le sol et les sédiments de s'assécher. Pour ce faire, l'équipe a créé une zone humide de 10 hectares dans la continuité du ruisseau Three Nations.

Ainsi, la concentration de zinc dans l'eau n'atteint plus de pics après une saison sèche et a même décliné d'un ordre de grandeur pour atteindre un niveau inférieur aux valeurs tolérées par les objectifs provinciaux de qualité de l'eau.

« La création de cette zone humide nous a procuré un moyen plus durable de gérer l'écosystème environnant », explique M. Yaschyshyn. « Elle nous aide non seulement à éviter l'assèchement de la terre en été et son déversement dans le ruisseau pendant la saison des pluies, mais elle comprend également un réseau de canaux visant à permettre aux poissons de se déplacer librement. »

« Le ruisseau Three Nations est un écosystème florissant », reconnaît M. Stroiazzo.

Le projet complet, qui a employé 50 personnes, a coûté plus de 50 millions $ et a été reconnu comme un véritable succès, comme l'a montré le prix national Tom Peters de remise en état d'une mine décerné à Glencore Canada.

« Nous exploitons encore une mine, un concentrateur et une aire de résidus miniers, mais ce projet montre bien la façon dont nous procèderons à la fermeture de nos sites à l'avenir », indique M. Yaschyshyn. « Nous avons placé la barre très haut et nous sommes engagés à déployer les mêmes efforts pour minimiser notre impact sur l'environnement durant l'exploitation ainsi qu'à réhabiliter notre site lorsque nous nous approcherons de la date de fermeture. »

Pour M. Stroiazzo, ce projet est un exemple de bonne planification et utilisation des matériaux à disposition au niveau local, qu'il s'agisse des stériles ou de l'engrais issu des excréments humains. « Il a défini une méthodologie consistant à utiliser ce dont nous disposons, là où nous en disposons, afin de minimiser notre impact sur l'environnement d'une autre manière », indique-t-il. « Il a fallu faire preuve de beaucoup de réflexion pour parvenir à ce résultat en maintenant des coûts raisonnables. » Les plans de fermeture et les dépôts de garantie pour la réhabilitation des mines étant obligatoires pratiquement partout de nos jours, M. Stroiazzo est d'avis que les bonnes pratiques tirées du site métallurgique Kidd Metsite sont précieuses pour Glencore Canada.

Et bien entendu, tous les membres de l'équipe peuvent être fiers d'avoir été récompensés pour un travail bien fait. Avec ses 32 ans d'expérience dans l'assainissement des mines, M. Stroiazzo est habitué à travailler à l'abri des regards, mais son projet d'assainissement d'un autre site déclassé de Glencore, la mine de cuivre Gaspé à Murdochville au Québec, lui a aussi valu une récompense en 2011. Il indique cependant que « ce sont des travaux colossaux qui demandent beaucoup de temps et d'énergie. Ils ne sont pas toujours visibles, aussi obtenir une reconnaissance pour des projets de ce type est très gratifiant. »

Traduit par Karen Rolland