La mine de Fekola, située dans le sud-ouest du Mali, a été construite en un peu plus de deux ans. Avec l`aimable autorisation de B2Gold

Au début du mois d’octobre 2017, la société minière B2Gold de Vancouver a célébré sa première coulée d’or à la principale mine de Fekola, qui devrait augmenter la production annuelle totale d’or de l’entreprise à un taux de plus de 70 pour cent au cours de l’année prochaine. Bien qu’au départ il n’était pas prévu qu’elle soit mise en activité avant le mois de décembre, Fekola a été construite en un peu plus de deux ans et elle devrait produire entre 50 000 et 55 000 onces cette année seulement, et entre 400 000 et 410 000 onces en 2018.

Les premiers lingots d’or à Fekola ont conclu une décennie de croissance rapide pour B2Gold, une société minière de niveau intermédiaire qui possède une solide expérience dans la construction des mines qu’elle exploite. En dix ans, elle est passée d’une petite société d’exploration avec une production nulle à une société propriétaire de cinq mines avec une production évaluée à près de 975 000 onces en 2018.

Clive Johnson, président et chef de la direction de B2Gold, a dit que l’acquisition du projet Fekola est conforme avec l’historique « d’acquisitions rentables de projets élaborés qui sont prêts à être réalisés » de B2Gold, appuyée par la marquante « volonté d’être anticonformiste » de l’entreprise.

Lorsque B2Gold a acheté la propriété de la petite société minière Papillon Resources, située en Australie, au mois d’octobre 2014 pour la somme de 570 millions de dollars américains, elle n’a été confrontée à aucune concurrence. Johnson a dit qu’il avait trouvé cela « très surprenant », étant donné les résultats « impressionnants » de l’étude de faisabilité de Papillon Resources et l’emplacement de la propriété située sur une ceinture aurifère renommée où sont établies les mines gérées par AngloGold Ashanti, IAMGOLD et Randgold.

Risques éliminés grâce aux efforts déployés

Johnson a dit que le manque de concurrence pour Fekola était le reflet d’une industrie entachée de mauvaises ententes, de décisions d’affaires déplorables ainsi que d’actionnaires et d’investisseurs désagréables. « C’est étonnant de voir à quel point de nombreuses personnes, et ce, même dans une industrie conservatrice comme l’industrie minière, sont réticentes à prendre des risques. » Il a dit que les investisseurs et les actionnaires de B2Gold ont appuyé la décision de l’entreprise qui était d’acquérir Fekola puisque B2Gold « n’avait pas commis d’erreurs ».

L’investissement a été rentable. L’étude de faisabilité optimisée de B2Gold en 2015 a démontré des réserves probables de 49,1 millions de tonnes à 2,35 g par tonne d’or, et un programme de forage exploratoire de 15,4 millions de dollars américains en cours dans la zone située au nord des limites du puits actuelles. Johnson croit que le potentiel pour les nouvelles découvertes est l’un des « plus grands avantages » de Fekola. Ses données de forage seront publiées lors du quatrième trimestre de l’année 2017.


Le projet Moose River Consolidated d'Atlantic Gold est le fruit d'une planification minutieuse


De plus, la prévision des activités minières au Mali est bonne; BMI Research a déclaré au mois d’octobre dernier qu’elle espère que l’industrie minière du pays connaisse une valeur de croissance de 10 pour cent de 2017 à 2021. « Maintenant que la croissance est plus favorisée, la plupart des analystes disent que l’offre [pour Fekola] pourrait probablement avoir démarré à un milliard de dollars », a dit Johnson.

Affaires mondiales Canada recommande actuellement d’éviter tout voyage au Mali en raison de la menace de terrorisme et de banditisme, et malgré le fait que Fekola soit loin du conflit qui a eu lieu au nord du pays, l’entreprise n’a pas été épargnée par ce dernier. En 2015, deux dirigeants de B2Gold ont été pris au piège dans leurs chambres d’hôtel au moment où des extrémistes armés prenaient d’assaut un hôtel à Bamako, la capitale du Mali, prenant en otage 170 personnes et tuant 19 personnes.

B2Gold, toutefois, s’est distinguée en dirigeant des juridictions qui, à première vue, n’en valent peut-être pas la peine. L’entreprise a fait ses preuves dans des régions telles que la Colombie et les Philippines. Auparavant, Bema Gold, la société devancière de B2Gold, s’est fait une réputation dans les années 1990 et 2000 en dirigeant des exploitations minières réussies au Chili d’Augusto Pinochet et dans une zone éloignée du nord-est de la Russie. « Plusieurs des meilleures possibilités à travers le monde sont dans les zones où d’autres personnes ont peur de s’aventurer, soit à cause de la perception d’un manque de sécurité, soit à cause d’autres raisons [économiques ou politiques] », a dit Johnson, qui a créé B2Gold en 2007 avec les dirigeants de Bema Gold.

Il a dit que B2Gold a évalué attentivement les décisions avant de se lancer dans les juridictions à risque en étant « très discipliné en vue d’assurer une diligence raisonnable ».

Inévitablement, la sécurité sur le site de Fekola est la principale priorité. « L’entreprise a mis en œuvre une série de politiques et de procédures qui s’adaptent à la situation politique actuelle au Mali », a dit Lytle. Johnson a souligné que la majorité des conflits qui ont eu lieu au cours des dernières années se sont déroulés à l’autre bout du pays, à près de 2 000 kilomètres. Entre-temps, Randgold a dirigé sa mine de Gounkoto, située à 50 kilomètres au nord de Fekola, sans qu’il y ait d’incident, et ce, depuis son ouverture en 2011.

La méthode tout avoir

La mine de Fekola a été construite à partir de rien à une vitesse fulgurante par une équipe interne qui a travaillé sur quatre autres projets de B2Gold et Bema Gold, le plus récent étant la mine d’Otjikoto en Namibie, qui est entrée en production en 2014.

Dans une approche inhabituelle de l’industrie, B2Gold fait entièrement sa propre construction de mines. Après avoir été déçu par des entrepreneurs sur un projet qui a eu lieu au milieu des années 1990, Johnson a décidé d’éliminer la sous-traitance. « Le modèle était ˝ pourquoi ne pouvons-nous pas tout avoir? ˝ Soyez très bons en exploration et soyez également bons à diriger des mines de briques et mortier et à construire des mines », a-t-il dit.

Bill Lytle, le vice-président principal de l’exploitation, a dit que Fekola doit sa réalisation rapide et son budget précis au modèle de construction de gestion interne (« in-house ») de B2Gold. Étant donné que l’équipe de mise en service, le groupe de construction et l’équipe de conception étaient déjà réunis et travaillaient ensemble en Namibie, la conception préliminaire et  la planification pour le Mali ont commencé plus tôt, sur place à Otjikoto. Toutes les parties « se sont appropriées » l’horaire, a dit Lytle, et le budget a été préparé en étroite collaboration avec la société d’ingénierie externe, Lycopodium de Brisbane, et l’équipe de construction chevronnée de l’entreprise.

« Ces gens se connaissent depuis tellement longtemps, depuis plus de 20 ans », a dit Lytle à propos de l’équipe B2Gold. « Il existe une culture de responsabilité. »

Primary crusherB2Gold a coulé ses premiers lingots d’or le 11 octobre dernier à la mine. Avec l'aimable autorisation de B2Gold

Lytle a été envoyé à la propriété de Fekola très tôt et a servi de lien clé entre le siège social et les activités menées sur les lieux. Par conséquent, des décisions rapides ont été prises avec le plein appui de l’entreprise.

Le début du terrassement du site a commencé au cours des premiers mois de l’année 2015, tout comme la construction de la voie d’accès de 50 kilomètres en gravier qui relie le site à la route principale. La capitale Bamako se situe à environ sept heures de route du site et à 36 heures de route du port de Dakar, au Sénégal. Une piste d’atterrissage construite sur place relie Fekola à Bamako en une heure. « Ce n’est vraiment pas si éloigné », a dit Johnson.

Toutefois, l’approvisionnement et la logistique ont été des considérations clés très tôt, étant donné que tout l’approvisionnement provenant du port de Dakar doit traverser deux frontières. La clé du succès ici, selon Lytle « était d’utiliser notre propre équipe de logistique, avec des plateformes intégrées à Vancouver, Dakar, Bamako et Fekola ».

La saison des pluies torrentielles au Mali, qui a lieu de mai à octobre, signifiait qu’une attention particulière était demandée afin d’attribuer la classification appropriée aux routes. À ce jour, Lytle a dit que les activités n’ont pas subi ou connu beaucoup de temps d’arrêt en raison de la pluie, mais il reconnait qu’il « parlait d’une expérience d’exploitation d’une année seulement ». L’étude de faisabilité a évalué que la mine connaîtra une baisse de production de 15 pour cent au cours des mois pluvieux. 

Le gisement de Fekola sera exploité au moyen d’une technique classique à ciel ouvert, et l’usine au moyen d’un procédé de cyanuration classique et d’un broyeur traditionnel, le broyeur SAG, un circuit de  broyage à boulets muni d’un broyeur de galets. Aucune nouvelle technologie n’est actuellement mise à l’essai – les technologies ont toutes été « éprouvées », a dit Lytle.

L’économie considérable du projet – un taux de rendement interne évalué à 33 pour cent avant impôts en supposant un montant de 1 300 dollars américains par once d’or – s’appuie sur l’échelle de classification diversifiée du gisement. Au mois de septembre 2017, B2Gold a annoncé que l’évaluation de la production annuelle à la mine est passée de quatre millions à cinq millions de tonnes par année. L’usine a déjà été agrandie afin de faire face à l’accroissement, et la centrale électrique de la mine fonctionnant au mazout/diesel lourd est passée de 54 à 60 MW. La hausse de tonnage a réduit le coût global relatif au soutien de 752 dollars américains à 664 dollars américains par once au cours de la durée de vie de la mine, qui a été coupée de 12,5 à 10 années. À la fin du mois de septembre, l’entreprise avait dépensé 521 millions de dollars américains afin de mettre en activité la production de Fekola. Au cours de la prochaine décennie, la mine aura une valeur moyenne estimée à 345 000 onces par année.

S’établir

L’usine de Fekola est entièrement automatisée et est actuellement en voie d’être autorisée. Les employés nationaux suivent une formation pour savoir comment faire fonctionner le système numérique de contrôle-commande (SNCC), dont le matériel informatique, le logiciel et les stratégies de contrôle ont été  conçus à l’interne par l’équipe technique de B2Gold et Metso. « Cette partie du monde a probablement rarement vu un tel système automatisé des meilleures pratiques industrielles que nous avons mis en œuvre ici », a dit Lytle, en ajoutant que la formation des opérateurs a commencé il y a plus de six mois.

Au cours de la phase de construction, 200 employés sur un total de 1 200 ont été expatriés, mais B2Gold prévoit que ce nombre diminuera et les Maliens constitueront enfin 95 pour cent des 950 personnes faisant partie de la solide main-d’œuvre d’exploitation. C’est un modèle qui a été appliqué avec succès ailleurs, a expliqué Lytle : « à Otjikoto, le nombre [d’employés nationaux] atteint plus de 98 pour cent ». Au Nicaragua, ce nombre atteint également plus de 98 pour cent.

Plus de 50 membres de la main-d’œuvre expatriée supervisant la construction au Mali sont des Namibiens formés à Otjikoto – une évidence, selon Lytle, de « formation de premier ordre » et d’investissement à long terme que B2Gold fait dans son plan d’intervention local.

L’entreprise s’engage à embaucher environ 50 pour cent de la main-d’œuvre locale non qualifiée de Fekola qui demeure dans un rayon de 50 kilomètres du site de la mine. Afin de s’assurer que les embauches demeurent locales et qu’aucun migrant économique provenant d’autres régions du pays – desquelles ils étaient nombreux – ne se glisse dans ce quota, B2Gold possède des officiers de l’état civil opérant dans les communautés locales.

B2Gold collabore avec Affaires mondiales Canada pour diriger des programmes de formation sur place et dans les villages locaux afin d’améliorer les compétences techniques et professionnelles nécessaires pour Fekola et d’autres mines dans la région, avec une attention particulière pour la santé et la sécurité. L’entreprise s’est également engagée à favoriser les entreprises locales non liées au secteur minier, comme l’agriculture, le jardinage et la couture.

B2Gold a affecté 20 millions de dollars américains pour la relocalisation d’un village avoisinant le puits de mine. Bien que Lytle ait admis que même s’il y avait un scepticisme initial à propos de l’initiative prise de plein gré par l’entreprise, le régime de rémunération, élaboré avec le cabinet de conseil canadien externe rePlan, a été accepté il y a plus de six mois. Les résidents seront indemnisés pour les pertes en moyens de subsistance et toute terre perdue sera compensée sur le nouveau site du village. Les propriétés qui seront construites dans le « nouveau village de Fadougou » seront équipées de panneaux solaires, d’eau courante et de chambres supplémentaires à louer pour les migrants entrants qui cherchent un emploi à la mine. La relocalisation devrait être effectuée sur une période de deux ans.

« Clive, en tant que chef de la direction, a mis en évidence ce sentiment de responsabilité sociale afin d’être certain que c’est gagnant-gagnant-gagnant », a expliqué Lytle. « Le gouvernement gagne, l’entreprise gagne, la communauté locale gagne. »

Traduit par Annick Vallée