Roy Slack est le fondateur et l’ancien président de Cementation Canada ; il est également directeur de Cementation Americas, une société de prestations et de génie minier qui propose des services de gestion de la conception-construction pour le secteur minier. À l’heure actuelle, Cementation est l’un des plus grands entrepreneurs miniers d’Amérique du Nord et elle fait partie du Cementation Group, l’une des plus importantes organisations au monde à proposer des services miniers. À plusieurs reprises, Cementation Canada a été classée dans la liste des « 100 meilleurs employeurs du Canada ». En 2016, la société a remporté la médaille d’or de l’employeur offrant les meilleures conditions de sécurité au Canada dans le secteur des ressources naturelles.

M. Slack a contribué à de nombreuses initiatives dédiées à la sécurité ; en 2013, il a été nommé au premier conseil de la prévention du ministère du travail de la province de l’Ontario pour conseiller le gouvernement quant à diverses questions relatives à la santé et la sécurité au travail. Il siège actuellement au comité dédié à la sécurité de l’ICM et est le président entrant de l’ICM.

L’ICM : Quelle est la seule et unique grande qualité que vous recherchez dans un jeune talent ?

M. Slack : Cela peut surprendre de nombreux étudiants, mais je ne m’intéresse pas aux notes lorsque je cherche de jeunes diplômés. S’ils ont obtenu leur diplôme, c’est déjà beaucoup. Par ailleurs, le contenu du cours ne m’importe guère. Nous sommes à la recherche de personnes présentant des capacités et une envie notoire d’apprendre. L’expérience des stages d’été est révélatrice à Cementation ; en effet, nous souhaitons exposer les jeunes à l’industrie, et cela nous donne également des références pertinentes sur lesquelles nous baser. Nous parlons de potentiel, ce qui englobe beaucoup de choses. La capacité à apprendre, l’intérêt et le dévouement envers l’industrie, de même que l’attitude face à la sécurité et l’engagement à la respecter est essentielle.

L’ICM : Quelle qualité professionnelle a été pour vous la plus complexe à acquérir, mais également la plus valorisante ?

M. Slack : Cela peut paraître banal, mais pour les techniciens, ce sont les compétences non techniques qui sont les plus difficiles à acquérir. L’aptitude à communiquer, à prendre des responsabilités, à faire preuve d’un esprit d’équipe et à montrer que l’on est capable d’accomplir certaines choses est importante. Un parti pris pour l’action, autrement dit la capacité à prendre des décisions rapidement et à agir en conséquence, est un attribut réellement difficile à acquérir, mais précieux lorsqu’on le trouve.

L’ICM : En quoi les situations d’échec manifeste vous ont-elles préparé aux réussites futures ?

M. Slack : Je dois reconnaître que je ne suis pas partisan des théories « échouer pour avancer plus vite ». Dans notre industrie, les échecs peuvent être synonymes de banqueroutes, de situations qui ont des répercussions sur d’autres sociétés et personnes, qui entraînent des blessures, voire pire, et qui peuvent avoir d’autres issues dévastatrices. Je suis par contre partisan de « l’éducation à un prix », en d’autres termes de l’importance de tirer des enseignements de nos erreurs, y compris des expériences malheureuses ou des erreurs commises par d’autres. Ceci étant dit, relever les défis et apprendre à les éviter fait partie de la vie. À la fin des années 1980, nous avons créé BLM, une société contractante qui a été classée dans la catégorie « petit entrepreneur » ; nous n’avons jamais pu nous affranchir de cette étiquette que nous a mise le marché. Ainsi, lorsque nous avons créé Cementation en 1998, nous nous sommes assurés de nous tourner vers de grands projets de manière à ce que le marché ne nous catalogue pas de nouveau.

Lorsqu’on crée une société, le succès de l’organisation repose sur l’association judicieuse de personnes et de clients. Cela peut paraître évident, et pourtant les sociétés attachent souvent plus d’importance au volume qu’au choix des projets qu’elles veulent réaliser et qui leur garantiront la réussite.

L’ICM : Quel est le meilleur investissement que vous ayez fait durant votre carrière, qu’il s’agisse de temps, d’argent, d’énergie, etc. ?

M. Slack : J’ai lancé trois jeunes entreprises qui ont toutes bien marché. Le temps et les efforts que j’ai investis dans le lancement et la construction de Cementation sont indéniablement les plus gratifiants. Une société fondée sur le concept de profit en tant que moteur et non de fin en soi est un engagement unique dans notre secteur, ou dans n’importe quel secteur d’ailleurs. J’ai maintenant la conviction que la plus grande satisfaction émane d’un objectif sur le long terme, et ne peut qu’être le fruit d’efforts considérables de la part de beaucoup. Être un(e) bon(ne) dirigeant(e) revient à permettre aux personnes d’exceller dans leur vie professionnelle et personnelle. La satisfaction découle de cette association.

L’ICM : Quelle habitude vous a permis d’améliorer votre carrière ?

M. Slack : Il y a de nombreuses années, j’ai lu un ouvrage intitulé In Search of Excellence de Tom Peters et Robert H. Waterman Jr. Ils y expliquaient que l’un des attributs principaux des sociétés qui réussissent réside dans le « parti pris pour l’action ». J’ai personnellement adopté cette devise et en ai fait l’une des valeurs fondamentales de Cementation.

L’ICM : Quelle sagesse populaire souvent préconisée dans votre profession ou dans votre domaine d’expertise vous paraît être de mauvais conseil ?

M. Slack : Si l’on en revient à votre troisième question, les personnes qui échouent souvent m’intéressent peu. C’est peut-être un atout dans l’industrie des logiciels haute technologie, mais pas dans la construction. Les ouvrages et les experts qui vantent l’échec comme une manière de renforcer la créativité et les réussites pourraient prétendre qu’il s’agit d’un argument valable dans certains contextes, mais pas dans notre secteur.

L’ICM : Si vous pouviez revenir sur une décision que vous avez prise durant votre carrière, quelle serait-elle ?

M. Slack : J’ai toujours rêvé de créer une société reposant sur un système d’actionnariat des salariés. Compte tenu de la fusion des sociétés minières, du nombre de clients et de la taille des projets que nous souhaitions entreprendre, la difficulté de nos jours est que le fonds de roulement et la taille même de l’organisation qui effectue ces travaux nous empêchent dans la plupart des cas de suivre ce modèle.

Cependant, cela reste pour moi un modèle de gestion viable avec une main-d’œuvre terriblement motivée qui permettrait d’améliorer la qualité de vie de nombreux employés. Si j’ai appris quelque chose dans ma vie, c’est qu’il n’est pas nécessaire d’être endormi pour rêver.

L’ICM : Quel conseil donneriez-vous à un(e) étudiant(e) plein(e) d’ambition commençant une carrière dans ce secteur ?

M. Slack : Vous apprenez comment apprendre. Trouvez-vous un bon emploi d’été, et prenez autant de contacts avec l’industrie que possible. Quels que soient vos résultats scolaires ou votre expérience, les meilleures occasions émanent souvent de l’entourage. Ainsi va la vie. Si vous me demandez quel est le meilleur moyen de rencontrer des chefs de file de l’industrie lorsque vous venez à peine d’y mettre un pied, je peux paraître un peu partial, mais je vous recommande vivement de rejoindre l’ICM !

Traduit par Karen Rolland