Les membres de l’AMC mettant en application la norme sur l’exploitation minière durable au titre de l’initiative VDMD représentent 75 % de la production minière au Canada. Avec l’aimable autorisation d’Agnico Eagle

Le 5 mai dernier, l’association minière du Canada (AMC) a publié un nouveau « protocole sur les changements climatiques » dans le cadre de son initiative Vers le développement minier durable (VDMD). Il fait partie des huit protocoles que les sociétés membres utilisent pour évaluer leur rendement et le communiquer au public dans les rapports d’étape VDMD annuels. Les membres de l’AMC représentant 75 % de la production canadienne de minéraux et de métaux, cette action engendrera un changement important quant à la façon dont les sociétés minières au Canada communiquent leurs plans de gestion des risques physiques et financiers que pose le changement climatique.

Le changement de nom du protocole constitue une importante mise à jour par rapport au précédent (« protocole VDMD de gestion de l’énergie et des émissions de gaz à effet de serre »), et reflète le développement général du type d’informations relatives au climat que les sociétés minières devront désormais communiquer. Plus particulièrement, le protocole revisité accorde une attention croissante à l’adaptation et à l’atténuation des conséquences potentielles du changement environnemental. Il présente des critères d’évaluation explicites quant à la façon dont les sociétés prévoient d’anticiper et de s’adapter aux risques et aux occasions qu’engendrent ces changements. Cela constitue une évolution majeure du protocole par rapport à celui de 2015, qui portait principalement sur les normes relatives aux émissions. Pour se replacer dans le contexte, le nouveau protocole contient 31 références à « l’adaptation », alors que la version de 2015 n’en contenait aucune.

La différence n’est pas uniquement superficielle. Elle s’étend au contenu spécifique des critères d’évaluation du protocole. D’après Ben Chalmers, vice-président principal de l’AMC, « si l’on considère la substance du protocole, il porte sur bien plus qu’une simple réduction des émissions. Il est axé sur la stratégie, l’adaptation. Contrairement au nouveau protocole, le précédent ne parlait pas d’adaptation au changement climatique. »

Ceci signifie que les sociétés membres de l’AMC devront fournir des plans plus explicites et détaillés concernant la façon dont ils prévoient de faire face aux risques que présente le changement climatique. Par exemple, afin de recevoir un classement A dans le deuxième des trois indicateurs, intitulé « Gestion des risques liés au climat à l’échelle des installations », les exploitants devront prouver qu’ils disposent d’un procédé pour la gestion des répercussions physiques et l’adaptation au climat, qui porte non seulement sur l’évaluation et l’identification des risques potentiels des répercussions physiques du changement climatique, mais aussi sur « l’identification, la priorisation et la mise en œuvre » d’une planification des activités qui tiennent compte de ces risques.


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M. Chalmers s’interrogeait quant à la façon « de s’assurer que notre infrastructure peut faire face à des événements climatiques extrêmes, de garantir une source fiable d’approvisionnement en eau, de s’assurer que l’on est protégé(e) et que l’on s’adapte au changement climatique, et de collaborer avec les communautés sur ce point », mettant en avant certaines des questions qui permettent d’identifier ces risques.

Un autre grand changement dans ce protocole concerne les critères de divulgation de renseignements par les sociétés et de communication de données financières relatives au changement climatique. Ces nouveaux critères ont été développés en s’appuyant sur le rapport de 2017 du Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD, le groupe de travail sur la divulgation de l’information financière relative aux changements climatiques), qui insistait sur le besoin de s’adapter aux ramifications physiques du changement climatique, mais aussi à ses conséquences financières. D’après ce rapport, l’éloignement progressif de la dépendance envers le gaz naturel et les carburants promis par les 175 parties de l’accord de Paris, associé à l’incertitude et au risque inhérents au changement climatique, implique que les sociétés doivent communiquer des informations financières plus précises de manière à aider les marchés de l’investissement, de l’assurance et du crédit à correctement évaluer et fixer le prix des risques et des occasions liés au changement climatique.

D’après Katherine Gosselin, directrice du programme VDMD, le nouveau protocole VDMD « va bien au-delà des exigences de ce groupe de travail, qui portent vraiment sur la divulgation de la stratégie climatique, la planification de cas de figure, l’évaluation des risques, ce genre de choses. Il s’intéresse davantage à la mise en œuvre par les sociétés de critères qui leur permettront de respecter toutes ces exigences, de s’assurer qu’elles disposent de systèmes véritablement complets pour la gouvernance et la stratégie d’entreprise, l’évaluation des risques, les données métriques et les objectifs entourant le changement climatique. Ainsi, un point important de ce protocole est qu’en plus d’exiger qu’elles dévoilent des informations dans ces domaines bien précis, nous nous assurons que les sociétés ont une action déterminante dans chacun de ces domaines ».

M. Chalmers et Mme Gosselin ont tous deux souligné que l’initiative VDMD avait été déterminante au sein de l’industrie minière au Canada, mais aussi dans d’autres pays où des associations s’efforcent de trouver un format permettant de démontrer au public qu’ils adhèrent à la série de normes relatives au changement climatique en réponse à la pression des investisseurs ou de la société. « [P]uisque huit autres associations mettent activement en œuvre l’initiative VDMD, et un certain nombre d’autres cherchent à collaborer avec l’AMC pour mettre en place l’initiative VDMD dans leurs provinces [...], elles s’efforceront d’adapter [la norme] à leur contexte national. Elles présenteront aussi ces critères à leurs sociétés membres comme de nouveaux objectifs ambitieux, afin qu’elles en tiennent compte dans le développement de leurs propres protocoles. »

Traduit par Karen Rolland