Le conflit qui oppose les Premières Nations innues d’Uashat mak Mani-Utenam et de Matimekush-Lac John et la compagnie minière IOC aura duré près de 70 ans. Avec l’aimable autorisation de la compagnie minière IOC du Canada.

Le 25 août dernier, le chef Mike McKenzie annonçait la signature d’une entente sur la réconciliation et la collaboration entre les communautés innues et la compagnie minière IOC. Cette entente arrive après un conflit de plusieurs décennies qui avait été présenté devant la Cour suprême à plusieurs reprises. Rio Tinto détient 58,7 % de l’IOC, qui exploite une mine et une usine de traitement des minerais à Labrador City, en Terre-Neuve-et-Labrador, un port et des stocks à Sept-Îles, au Québec, ainsi que des kilomètres de chemin de fer entre les deux exploitations.

D’après le chef McKenzie, cette entente sur les répercussions et les avantages (ERA) porte sur la coopération environnementale, le partage des bénéfices et le développement économique, plus précisément la formation, les emplois et les contrats au sein de la communauté. Comme l’expliquait M. McKenzie, il ne s’agit pas d’un traité et il n’affectera en rien les droits des communautés. Cette entente vise à mettre fin au conflit de longue date qui oppose les deux peuples autochtones à l’IOC sur son projet minier, exploité depuis 1954.

Les Innus d’Uashat mak Mani-Utenam et de Matimekush-Lac John ont intenté un procès contre l’IOC en 2013. Dans leurs poursuites, les deux communautés innues prétendaient que le projet avait eu des répercussions sur leurs terres ancestrales, et qu’elles n’avaient ni donné leur assentiment pour le projet entrepris, ni reçu de compensation financière pour l’utilisation de leurs terres. Les communautés ont demandé l’arrêt permanent des travaux menés dans le cadre du projet et ont reçu 900 millions de dollars en dommages et intérêts. La société a également reconnu que le projet avait violé les droits ancestraux des communautés.


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En octobre 2015, la Cour suprême du Canada rejetait la motion de l’IOC demandant d’abandonner ces poursuites. L’année suivante, la Cour supérieure du Québec rejetait de la même manière des motions de la société et du gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador visant à retirer des parties de la poursuite concernant les exploitations situées en dehors du Québec, sachant que les terres concernées par le conflit touchent les frontières des deux provinces. En 2017, la Cour d’appel du Québec confirmait la décision de la Cour supérieure du Québec, obligeant le gouvernement provincial à interjeter appel de la décision à la Cour suprême en novembre 2018.

En février, la Cour suprême a décidé que les Cours du Québec avaient le droit d’entendre le conflit opposant les deux communautés innues et l’IOC. La décision a été prononcée un mois après que les dirigeants de l’IOC sont apparemment entrés en contact avec les communautés innues pour entamer des discussions et leur proposer de bénéficier des intérêts économiques de leurs exploitations.

Les dirigeants des communautés ont répondu qu’avant de signer une quelconque entente, ils la présenteraient à leurs communautés. Les conseils des deux Premières Nations débattront des termes de l’entente à la radio, en ligne et par le biais de petites rencontres en public, afin d’en expliquer son contenu.

D’après les dirigeants des communautés, l’entente est semblable à celle que Rio Tinto a conclue avec la communauté innue d’Ekuanitshit en novembre dernier, qui vise à proposer des perspectives économiques à la communauté et à soutenir le développement de la mine de Lac Tio de Rio Tinto, dans la région de Minganie au Québec.

Traduit par Karen Rolland