La mine de fer et de titane de Lac Tio de Rio Tinto est l’un des 44 projets dédiés aux minéraux critiques et stratégiques en cours au Québec. Avec l’aimable autorisation de Rio Tinto.

Le 29 octobre, le gouvernement du Québec dévoilait son plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques (PQVMCS), une initiative de cinq ans visant à promouvoir le développement des minéraux indispensables aux technologies utilisées quotidiennement telles que les téléphones et les ordinateurs portables, les technologies à énergie verte telles que les panneaux solaires et les éoliennes, ainsi qu’au secteur de la santé.

Le plan présente huit minéraux critiques (des minéraux essentiels à l’économie que l’on trouve en petite quantité, notamment le cuivre, l’étain et le zinc), et 12 minéraux utilisés dans des secteurs essentiels à la mise en œuvre des politiques de la province, notamment des minéraux nécessaires à la fabrication de batteries tels que le cobalt, le nickel et le lithium, auxquels le plan accordera la priorité. Le gouvernement investira 90 millions de dollars d’ici 2025 dans la promotion des connaissances géoscientifiques, la contribution financière à l’exploration et la R&D, le soutien aux sociétés dans le développement de leurs projets, et plus encore.

« Les actions prévues par [le plan] permettront au Québec de disposer des minéraux nécessaires à la mise en œuvre de ses stratégies et de ses grandes politiques, mais aussi d’assurer la pérennité de ces ressources indispensables à notre sécurité et à notre vitalité socio-économique », déclarait le ministre de l’énergie et des ressources naturelles Jonatan Julien. « Elles seront déployées en collaboration étroite avec nos partenaires des secteurs scientifique, industriel et minier, ainsi qu’avec les communautés locales et autochtones. »

Au cœur du plan se trouve le concept d’économie circulaire, dont l’objectif est de récupérer et de recycler les minéraux critiques et stratégiques (MCS), les résidus miniers et autres déchets. L’annonce mentionne deux projets de recyclage qui ont déjà obtenu un financement du gouvernement du Québec : Lion, le premier, qui vise à développer une technologie de recyclage des batteries lithium-ion et Géoméga, le second, dédié au recyclage d’éléments des terres rares (ÉTR) provenant d’aimants.

Devenir un chef de file en matière d’économie circulaire présentera également des avantages dans la phase de relance postérieure à la pandémie de COVID-19. De fait, l’économie mondiale privilégiera le secteur des énergies renouvelables, et il sera difficile de répondre à l’augmentation de la demande en MCS par le seul accroissement de la production minière. Benjamin Laplatte, directeur adjoint au centre d’études et de recherche intersectorielles en économie circulaire (CÉRIÉC), qui vient d’être créé à l’École de technologie supérieure (ÉTS) de l’université du Québec, a pris part aux consultations durant le développement du plan. Selon lui, ce plan constitue une étape importante pour prendre conscience du potentiel de l’économie circulaire.

« Le plan reconnaît l’importance de cette approche qui consiste à boucler la boucle des chaînes d’approvisionnement », déclarait-il. « Il cible les possibilités associées aux véhicules électriques, particulièrement au niveau des batteries, un domaine très pertinent. Il insiste également sur l’importance de renforcer l’approvisionnement et le traitement au niveau local. Enfin, il marque le début d’un changement fondamental où l’importance stratégique du sous-sol québécois est valorisée autrement que par son exploitation la plus rapide possible. Le gouvernement semble se préoccuper davantage de la durabilité et de la valeur géopolitique des ressources minières, qui sont limitées. »

Cependant, ajoutait M. Laplatte, le plan n’accorde pas suffisamment d’importance à la reconnaissance de la valeur potentielle d’un modèle d’économie circulaire pour la récupération de minéraux précieux à partir d’autres sources, par exemple des produits électroniques mis au rebut, et leur récupération par traitement chimique et mécanique, une pratique que l’on qualifie de « mine urbaine ».

« Nous devons aller plus loin dans la reconnaissance, la caractérisation et l’exploitation de ces réserves », indiquait M. Laplatte. « C’est une source d’innovation, de création d’entreprises et de nouveaux emplois qui deviendra importante. Les Européens et les Japonais l’ont bien compris. Cependant, il faut pour cela investir dans la recherche sur la séparation et la concentration des composants contenus dans les produits manufacturés. Le plan aurait pu se montrer plus audacieux à cet égard. »

Le plan présente également les avantages du Québec en tant que province minière, notamment en termes d’énergie à bas prix, d’acceptabilité sociale et d’expertise scientifique. D’après le gouvernement du Québec, il existe actuellement 44 projets sur les MCS dans la province, depuis des mines de nickel et de cuivre jusqu’aux exploitations de niobium, de lithium et de titane. Le plan du Québec coopérera et évoluera en parallèle avec le plan d’action conjoint sur la collaboration dans le domaine des minéraux critiques des gouvernements canadien et américain signé en janvier 2020, qui vise à créer des chaînes d’approvisionnement nord-américaines pour plusieurs MCS principalement accessibles via des marchés étrangers tels que la Chine.

En outre, le plan couvrira des mesures visant à former du personnel hautement qualifié dans le domaine du développement des ressources. Certaines des mesures proposées prévoient d’accorder des subventions aux entreprises visant à couvrir une partie des dépenses engagées pour la formation des travailleurs et à contribuer aux salaires des personnes qui font face à certains obstacles à l’emploi, ou encore pour soutenir financièrement des personnes sans emploi afin qu’elles suivent une formation menant à un emploi dans ces entreprises.

« Plus que jamais, notre gouvernement entend dynamiser nos économies régionales en misant sur nos forces, nos avantages compétitifs et le développement de notre expertise pour obtenir de nouveaux succès chez nous », indiquait M. Julien. « Plus que jamais, nous sommes déterminés à faire du Québec une province de prédilection pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques, afin de créer de la richesse durable dans nos collectivités et de poursuivre la transition du Québec vers une économie plus sobre en carbone. »