(De gauche à droite) Paul Gruner, Belinda Labatte, Milla Craig, Richard Wells et Angelina Mehta au panel de discussion générale de mercredi

Promouvoir la « marque du Canada » ou « l’équipe du Canada » pourrait aider l’industrie minière canadienne à démontrer ses meilleures pratiques en environnement, social et gouvernance (ESG) lors de l’établissement d’une chaîne d’approvisionnement pour les minéraux critiques selon les panélistes de la séance générale sur la décarbonisation et l’investissement/le financement qui a eu lieu au Congrès et Expo 2023 de l’ICM à Montréal le 3 mai.

Les panélistes étaient Belinda Labatte, directrice générale de Lomiko Metals; Richard Wells, partenaire en finance chez Kinterra Capital; Milla Craig, fondatrice, présidente et directrice générale de Millani Inc; et Paul Gruner, directeur général de la Tahltan Nation Development Corporation (TNDC; Société de développement de la Nation Tahltan). La modératrice était Angelina Mehta, directrice générale de la société commune chez Rio Tinto Aluminium.

La conversation a élaboré sur le sujet amené par le commentaire de Philippe Couillard, énoncé lors de la discussion en plénière du lundi, sur la perception de l’écoblanchiment dans l’industrie minière. « L’hypothèse courante est que chaque entreprise fait de l’écoblanchiment aujourd’hui, et que c’est à vous en tant qu’organisation de démontrer la preuve du contraire », disait Craig. « Il ne s’agit plus seulement des consommateurs. Les investisseurs font des suppositions similaires, tout comme les régulateurs. 

« Nous sommes passés de peut-être trop d’information à ce qui est maintenant appelé de « l’éco-étouffement », dans le cas où plusieurs organisations limitent ce qu’elles divulguent par peur d’erreur par inadvertance ou de poursuite judiciaire. Nous marchons sur la corde raide en ce moment entre le fait que personne ne vous fait confiance, et pourtant vous ne voulez pas divulguer d’information au marché. C’est une période de défi, et c’est pourquoi il est si important de se concentrer sur le rapport adéquat d’information pour que les investisseurs et les autres puissent avoir accès à l’information dont ils ont besoin pour avoir un dialogue franc et adéquat avec vous. »

Labatte a ajouté : « l’écoblanchiment, pour moi, c’est le contraire de la confiance — c’est un manque de celle-ci. Nous devons, en tant qu’industrie, essayer très fort d’améliorer nos pratiques… La façon de reconnaître ce manque de confiance est de retourner aux premiers principes de base. Cela commence avec un équilibre personnel et la déclaration de votre comportement quotidien dans vos affaires et vos actions — il s’agit de comment vous allez faire affaire avec les Premières Nations, les communautés et les investisseurs pour créer un chemin vers la confiance. »

Les panélistes ont aussi discuté des avantages de la collaboration, qui a été un thème majeur de la séance de panel générale de mardi.  Craig a mentionné l’Alliance nouvelles voies, qui rassemble les six grands joueurs dans les sables bitumineux, comme exemple de collaboration dans l’industrie. « Nous savons que ceci est un énorme défi », disait-elle. « Je crois qu’il est important qu’il y ait une démonstration de ce type de collaboration se produisant au Canada. Je crois que le Canada est dans une position très stratégique, mais que nous devons travailler ensemble si nous allons gagner cette partie en question. Je crois qu’il s’agit d’une occasion favorable de taille. »

Wells a commenté que le temps entre la découverte de dépôt et la production minière est très long au Canada. « Le temps est un facteur important dans la prise de décision, » disait-il, ajoutant qu’une entreprise pourrait voir les approbations exhaustives requises comme un obstacle. « Malheureusement, ceci pousse peut-être certaines entreprises vers des endroits comme la Chine, où les choses se produisent plus rapidement », disait-il. « Je ne dis pas que nous voulons nous rendre au point où chacun peut emprunter la voie rapide. Il y a une raison pourquoi les règles sont en place. Mais nous devons aussi penser à faire les choses de manière plus courte. »

Le Canada est le pays le mieux doté de minéraux stratégiques dans l’hémisphère occidental selon Labatte. Elle a souligné que bien que les manufacturiers automobiles veuillent réduire leurs coûts pour que les consommateurs aient accès à des voitures abordables, il y a aussi une nécessité d’augmenter la résilience énergétique du Canada ainsi que sa sécurité géopolitique.

« Cela veut dire qu’il y a une valeur attribuée à la décarbonisation, ce qui fait le portrait d’une dynamique très intéressante entre les prix bas et une meilleure estimation des apports que par le passé », disait-elle. « Le passé nous a mené sur un chemin où le moins cher était le meilleur. Nous avons payé pour [cet accès] en tant que société. »

Selon l’opinion de Labatte, nous devons modifier les mesures autour de l’approvisionnement en minéraux critiques pour démontrer aux consommateurs la valeur d’une chaîne d’approvisionnement transparente. Elle a ajouté que « la meilleure façon de faire ceci — créons cette marque du Canada, pour nos ressources naturelles du futur, qui dit que notre produit est réellement fantastique. Il est de provenance responsable, et il est de l’énergie propre, et nous avons effectué le travail avec nos Premières Nations et nos communautés. Cela vaut quelque chose pour les manufacturiers de véhicules et pour le consommateur. »

Gruner était d’accord : « Je crois que le Canada peut être un pays avec l’une des économies de ressource extractive les plus éthiques au monde. » Il a partagé avec le public le fait que le travail qu’il a fait dans d’autres pays l’a fait apprécier le caractère spécial de l’industrie minière canadienne en termes d’engagement communautaire, de droits humains et de l’environnement. « Nous devrions être en train de le proclamer haut et fort, » a-t-il ajouté.

Craig a suggéré que « l’équipe du Canada » pourrait être une alternative à la « marque du Canada ». « Nous avons une équipe du Canada au hockey qui gagne les médailles d’or — peut-être qu’il nous faut une équipe canadienne de la transition, » disait-elle. « Le secteur minier a besoin de travailler avec le secteur énergétique, avec le secteur technologique. Je crois qu’il s’agit d’un superbe appel qui ressort de tout cela : nous avons besoin d’une équipe du Canada. »

Traduit par Sarah St-Pierre