Seamus O’Regan, Ministre des ressources naturelles, gouvernement du Canada. Avec l’aimable autorisation de Seamus O'Regan

Seamus O’Regan occupait ce poste depuis quelques mois, mais c’est à l’occasion du congrès de la Prospectors and Developers Association of Canada (PDAC, l’association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs) cette année qu’il a découvert l’industrie minière « sur son territoire ». Le congrès a été l’occasion pour le ministre fédéral des ressources naturelles de renforcer les relations mises à rude épreuve par un projet de construction d’un oléoduc paralysé depuis longtemps, un conflit concernant la taxe carbone et l’échec d’un projet d’exploitation des sables bitumineux de plusieurs milliards de dollars. À cet égard, le congrès aurait pu se révéler désastreux.

La contamination au COVID-19 de l’un des plus de 23 000 participants au congrès de la PDAC a rapidement fait les gros titres de la presse nationale, et la nouvelle a pris une toute autre ampleur lorsque M. O’Regan a révélé dans un tweet, peu de temps après le congrès du mois de mars, qu’il était malade et entamait une période d’auto-isolement après que son médecin lui ait suggéré de procéder à un test de dépistage du COVID-19.

Juste après le congrès de la PDAC, M. O’Regan s’était rendu à Cigar Lake dans le nord de la Saskatchewan, avait visité la mine d’uranium de Cameco, s’était entretenu avec des représentants officiels de la société, puis avait rendu visite à trois communautés autochtones voisines, des communautés dont certains membres travaillent à la mine.

Heureusement, les résultats du test de M. O’Regan étaient négatifs, mais toute cette affaire a montré à quel point l’industrie minière canadienne et les communautés autochtones étaient étroitement liées.

« Les communautés se sont beaucoup inquiétées, et le chef Bobby Cameron de la Federation of Sovereign Indigenous Nations (FSIN, la fédération des nations autochtones souveraines) m’a contacté par téléphone. Il m’a expliqué que ces communautés étaient très vulnérables, qu’elles me souhaitaient un prompt rétablissement mais qu’elles devaient savoir si j’étais contaminé », déclarait M. O’Regan. « Dès le début, [mes collègues du conseil des ministres et moi-même] avons pris conscience des sensibilités des communautés du Nord, des communautés isolées et des communautés autochtones, ainsi que de leurs vulnérabilités. Le chef Bobby Cameron est la première personne que j’ai appelée lorsque j’ai reçu mes résultats, avant même d’appeler mon mari, mais ne lui dites pas. »

M. O’Regan est conscient que l’avenir de l’industrie minière est étroitement lié à celui des populations autochtones. Il est titulaire d’une maîtrise de philosophie de l’université de Cambridge au Royaume-Uni, dont le mémoire portait sur les participations des Autochtones aux capitaux propres dans le développement des ressources à grande échelle (particulièrement les Innus du Labrador et les travaux d’aménagement hydroélectrique du cours inférieur du fleuve Churchill), et a travaillé sur les ententes sur les répercussions et avantages (ERA) de la baie Voisey au nom du gouvernement provincial de Terre-Neuve-et-Labrador.

« Comme je le disais au congrès de la PDAC, l’industrie minière est en avance de plusieurs décennies par rapport à d’autres industries [en termes de pratiques environnementales] et de partenariats avec les populations autochtones. » Il ajoutait que les sociétés minières sont « des précurseurs et des pionniers de l’extraction durable et responsable des ressources. Aussi je me permets de rendre à César ce qui appartient à César… Honnêtement, d’autres industries se tournent vers le secteur minier pour savoir comment s’y prendre ».

En février, la cour d’appel fédérale a fait savoir au gouvernement qu’il avait pris des décisions opportunes dans le projet d’agrandissement du réseau de Trans Mountain (TMX). La cour a déclaré que le niveau de consultation avec les Autochtones qu’avait récemment amorcé le gouvernement « a convenablement remédié » à des vices de forme que le tribunal inférieur avait identifiés dans une série antérieure de consultations. Certains groupes autochtones se sont montrés déçus par la décision, l’industrie s’est montrée optimiste, et M. O’Regan a assuré que les négociations du gouvernement avec les populations autochtones étaient en bonne voie.

Le congrès de la PDAC a permis à M. O’Regan de présenter la prochaine étape du plan canadien pour les minéraux et les métaux (PCMM), plus connu sous le titre de plan d’action de 2020. Ce plan d’action est envisagé comme le moteur de l’évolution du PCMM ; il comprend des lignes directrices qui contribueront à l’élaboration d’une stratégie collaborative pancanadienne sur les données et les connaissances géoscientifiques, encourageront la participation des Autochtones à l’industrie et renforceront les connaissances de l’industrie des minéraux, dans l’optique de positionner le Canada en tant que « chef de file de l’exploitation minière à l’échelle mondiale ». Le gouvernement a l’intention de présenter la dernière version du PCMM d’ici la fin de l’année.

Durant le congrès, M. O’Regan a également partagé la scène avec Alex Christopher, premier vice-président de Teck Resources à l’exploration, aux projets et aux services techniques. Le ministre a saisi cette occasion pour chanter les louanges de Teck et a rappelé que « le gouvernement a toujours eu une excellente relation avec Teck, et entend la préserver ». Quelques semaines plus tôt, Teck avait très poliment rejeté la responsabilité de la mise en suspens du projet d’exploitation des sables bitumineux Frontier sur la politique climatique mal ajustée du gouvernement fédéral.

M. O’Regan maintient que c’est la créativité à l’origine du développement des ressources énergétiques du Canada qui assurera l’avenir des sables bitumineux.

« En toute honnêteté, c’est l’une des grandes bénédictions de notre pays, et c’est une industrie qui s’est bâtie sur l’innovation. Nous avons trouvé le moyen d’extraire du pétrole de gisements sablonneux ; c’est extraordinaire. Aujourd’hui, nous devons réduire les émissions inhérentes à cette extraction. C’est là que la communauté internationale à l’œil rivé sur nous et nous juge ; nous devons placer la barre plus haut et renforcer notre capacité à le faire », ajoutait-il.

M. O’Regan doit maintenant convaincre l’industrie que le gouvernement est de son côté et aider le monde entier à comprendre le rôle de l’exploitation minière.

« L’exploitation minière est un moteur du changement », déclarait-il. « Ce secteur construira les moteurs des véhicules électriques et toute sorte d’autres choses. Je suis très enthousiaste. Le congrès de la PDAC m’a réellement motivé. Ce n’est pas un virus que j’ai attrapé là-bas, mais plutôt de la vitalité et de l’énergie, ce qui est bien plus important et durable. »Traduit par Karen Rolland