Les conteneurs Rotabox peuvent être utilisés dans les ports ne disposant pas de chargeurs de navire. Avec l'aimable autorisation de Qube

Les sociétés minières exploitant des métaux communs en Australie ont constaté qu'en utilisant des conteneurs à couvercle plutôt que des chargeurs de navire, elles pouvaient réduire les émissions de poussière et jouir d'une plus grande flexibilité logistique et ce, pour le même prix. Le système Rotabox, développé par la société de logistique australienne Qube, enferme le concentré sur le site et ne le libère qu'une fois qu'il est déversé dans la soute du navire.

Qube a lancé ce projet en 2010 après avoir constaté qu'il n'existait aucune solution adaptée au transport d'oxyde de fer pour l'un de ses clients du secteur minier. Toutes les méthodes existantes reposaient sur des convoyeurs à courroie, des chargeurs de navire et des stocks ouverts qui généraient une quantité de poussière en suspension largement supérieure à celle autorisée par les réglementations environnementales en vigueur.

La société a donc décidé d'adapter une technologie existante à son usage personnel et l'a baptisée Rotabox. D'après Antony Perkins, directeur du développement de projet chez Qube, le concept de châssis tournant permettant de vider le chargement d'un conteneur de marchandises en le renversant a été utilisé pour la première fois dans une mine de charbon d'Afrique du Sud dans les années 1970. Cependant, ce châssis pesait 28 tonnes.

« Nous souhaitions trouver un châssis très léger », explique M. Perkins. Le premier essai de Qube comportait un châssis de 6 tonnes, un conteneur de 2,4 tonnes et une charge de 24 tonnes, le tout étant suffisamment léger pour pouvoir être soulevé par la grue du navire. Depuis, la charge maximale a atteint les 35 tonnes. Qube a également intégré une poignée pour soulever le couvercle, ce qui permet d'ouvrir et de refermer le conteneur lorsqu'il est dans la soute et ainsi de retenir toute poussière diffuse qui pourrait s'échapper du conteneur lorsqu'on le retire. Les conteneurs ont des bords gondolés et d'autres caractéristiques permettant de réduire l'usure et d'éviter l'« accumulation » dans les recoins de produits qui ne s'éliminent pas lorsqu'on les vide.

Sur le site de la mine, le concentré est chargé sur des camions dans des conteneurs de marchandises de 6 mètres de long, dans un hangar clos. La hauteur des conteneurs varie en fonction des clients. Ils sont pesés et équipés pour leur suivi d'étiquettes RFID (identification par radiofréquence) sans ré-ouvrir ni transférer leur contenu. Lorsqu'ils arrivent au port, les conteneurs sont placés dans une zone de stockage ouverte jusqu'à ce que le navire soit prêt à être chargé. Le conducteur de grue se sert de la grue du navire ou d'une grue du port pour abaisser le conteneur dans le châssis tournant, soulever le couvercle du conteneur, déverser son contenu dans la soute et refermer le couvercle. Le conteneur vidé est ensuite replacé pour une utilisation ultérieure.

Sandfire

Lorsque Sandfire Resources a évalué les services de logistique disponibles pour sa mine de cuivre et d'or DeGrussa, Rotabox a permis à Qube de se démarquer. « Nous étions la seconde société en Australie à adopter cette technique pour charger les navires », déclare Graham Edgson, directeur général des activités commerciales chez Sandfire. « Qube offrait des services complets. » Outre cette technologie relativement récente, Qube proposait un marché de services qui permettait de suivre le cheminement du concentré de cuivre depuis le site jusqu'au port et au navire.

Théoriquement, Rotabox est plus onéreux que les autres options, mais ce système permet depuis trois ans à Sandfire de contrôler la quantité de poussière concentrée qu'elle génère. Il offre aussi une certaine flexibilité en ce qu'il ne requiert pas de grand hangar de stockage et peut être utilisé dans n'importe quel poste de mouillage disponible plutôt que d'attendre qu'un chargeur de navire soit libre. Lorsque Port Hedland a provisoirement fermé les portes de son installation de chargement de navire afin d'améliorer sa performance environnementale, Qube s'est rendu dans un autre port, à Geraldton, ce qui a permis d'éviter des retards de cinq semaines.

Independence Group

C'est par nécessité que Qube a adopté Rotabox, et la société a continué d'utiliser ce système pour de nouvelles mines se trouvant au stade des études de faisabilité. C'est alors que « ce système a vraiment connu sa propre évolution », indique M. Perkins.

Independence Group, une autre société minière, a adopté Rotabox afin de gérer les problèmes rencontrés au port de Geraldton, où elle faisait appel depuis un certain temps aux services d'un autre entrepreneur pour transférer le concentré de sa mine Jaguar de cuivre, zinc et argent au hangar de Qube, laquelle le transportait ensuite au port pour le chargement. À Geraldton, le concentré s'était déversé aux points de transbordement en raison de l'ancienneté des convoyeurs non couverts, lesquels étaient par ailleurs sujets aux pannes. L'assainissement coûte entre 2 et 3 $ par tonne de concentré. « Tous ces coûts associés, à savoir le prix du chargement, sa fiabilité et les préoccupations d'ordre environnemental y afférents nous ont poussé à nous pencher sur la façon dont nous chargions », explique Brett Hartmann, directeur général des activités chez Independence Group. Qube a commencé à gérer le concentré de la mine Jaguar il y a deux ans, après avoir donné à M. Hartmann un devis légèrement supérieur au prix du système existant.

« Pour moi, c'est une solution totalement dépourvue de stress », explique M. Hartmann. « J'appelle l'équipe de Qube et leur explique que nous souhaitons charger un certain tonnage ou certains conteneurs sur un navire. Tout est récupéré dans le hangar de stockage et équipé d'étiquettes RFID, aussi l'équipe n'a plus qu'à identifier les conteneurs spécifiques que nous voulons charger. Elle les charge sur un camion, les amène au quai et les transfère sur le navire, et je ne me suis jamais inquiété. »

Ceci réduit aussi le stress pour Qube. « L'autorité chargée de la protection de l'environnement en Australie soutient indéniablement beaucoup Rotabox », indique M. Perkins. « Lorsque nous commençons un nouveau contrat, l'équipe vient vérifier avec ses détecteurs de poussière le niveau de poussière dégagé afin de s'assurer qu'elle peut le gérer, et nous n'avons jamais eu de problèmes. Nous avons également la possibilité d'installer des pulvérisateurs sur les bordures de la soute pour éliminer plus facilement la poussière, mais à ce jour, nous n'avons jamais eu besoin de le faire. »

Le seul inconvénient de ce système concerne la vitesse de chargement. Un convoyeur moderne permet de traiter 1 000 tonnes par heure ; le système Rotabox, quant à lui, ne traite que 350 tonnes par heure, voire moins. Cependant, cette technologie arrive aujourd'hui à sa cinquième génération, et Qube a procédé à des changements pour parvenir à un meilleur rendement. La société a amélioré les systèmes hydrauliques afin d'augmenter la vitesse de rotation, elle a modifié les systèmes de commande pour les rendre plus faciles à utiliser et à entretenir, et elle a notamment ajouté la possibilité de se brancher sur la grue mobile installée au port à la demande de Qube de manière à ce que le conducteur de la grue puisse utiliser le levier de commande de la société plutôt qu'un dispositif distinct de commande à distance nécessaire pour utiliser la grue d'un navire. Les grues terrestres sont généralement plus efficaces.

Commercialisation au Canada

Au total, Qube a 14 clients australiens, dont seulement quelques-uns utilisent Rotabox dans le cadre de leur marché de services. M. Perkins indique que la société cherche à déployer sa clientèle à d'autres marchés. « Nous avons établi le contact avec des clients potentiels à Vancouver pour leur proposer d'utiliser ce genre de système dans leurs ports. »

Le système est totalement adapté aux utilisateurs qui expédient jusqu'à 18 000 tonnes en une seule fois. Les cargaisons plus importantes, explique M. Perkins, impliqueraient qu'un grand nombre de conteneurs soient constamment à disposition sur place.

M. Perkins envisagerait volontiers de séparer l'équipement du service et de lui concéder une licence indépendamment. « Nous souhaitons bien évidemment le commercialiser et vendre la technologie. »

Traduit par Karen Rolland