La mine Faro, située dans le centre-sud du Yukon, est l’un des projets d’assainissement de mines abandonnées parmi les plus complexes au Canada. Avec l’aimable autorisation de JDS Energy & Mining.

Le gouvernement canadien présentait le 20 août son programme de remise en état des sites miniers abandonnés du Nord, octroyant un budget de 2,2 milliards de dollars à huit sites miniers du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.) pour leur assainissement sur les 15 années à venir.

Les exploitations bénéficiant de ces fonds sont les mines Faro, United Keno Hill, du mont Nansen, de la rivière Ketza et Clinton Creek dans le Yukon ; ainsi que les mines Giant, Cantung et du Grand lac de l’Ours dans les T.N.-O.

La décision d’accélérer les efforts d’assainissement de ces mines a été annoncée en mars dernier dans le cadre du budget fédéral du Canada pour 2019. Cette initiative, baptisée programme de remise en état des mines abandonnées du Nord, sera dirigée par le ministère des relations Couronne-Autochtones et des affaires du Nord Canada (RCAANC), chargé des efforts de remise en état des mines abandonnées du nord du pays.

Si cette annonce n’offrait pas d’informations spécifiques quant à la façon dont ces milliards vont être investis, elle présentait bien l’histoire et les difficultés en termes d’assainissement de certaines des plus grandes exploitations minières du Nord anciennement en activité.

La mine Faro, par exemple, située sur le territoire traditionnel de la nation Kaska et en amont de la Première Nation de Selkirk au centre-sud du Yukon, a été l’une des plus grandes exploitations à ciel ouvert de plomb et de zinc au monde. Aujourd’hui, explique le RCAANC, « il s’agit de l’un des projets d’assainissement de mines abandonnées parmi les plus complexes au Canada ». Toujours d’après le site du RCAANC, 70 millions de tonnes de résidus et 320 millions de tonnes de stériles ont été générés par l’exploitation de la mine, ce qui pourrait entraîner l’infiltration de métaux lourds et d’acide dans les eaux et les terrains environnants.

Nombre des mines mentionnées dans ce programme, sinon toutes, ont été placées sous la garde du gouvernement après la faillite des sociétés qui les exploitaient ou après qu’elles se sont retrouvées dans l’impossibilité de financer la remise en état après leur exploitation. L’administration de la mine Giant, l’une des mines d’or ayant connu la plus longue période d’activité au Canada, située à seulement cinq kilomètres de Yellowknife, a été transférée de l’ancien propriétaire, Royal Oak Mines, au gouvernement du Canada en 1999. D’après le RCAANC, la mine renferme 237 000 tonnes de trioxyde de diarsenic stockées dans des vides créés par l’extraction des minerais.

Cependant, certaines de ces mines ont des propriétaires ou seront bientôt rachetées par d’autres propriétaires. La mine Cantung, située à 720 kilomètres de Yellowknife, est actuellement la propriété de North American Tungsten Corporation (NATC), qui est responsable du site au titre de son permis d’utilisation des eaux. Pourtant, la société a été placée en juin 2015 sous la protection des créanciers, et les activités sur le site sont gérées par l’intermédiaire d’un contrôleur désigné par le tribunal. Toutefois, NATC est encore chargée des soins et de la maintenance pendant que le gouvernement cherche un nouveau propriétaire pour extraire les réserves restantes de tungstène et de cuivre à la mine Cantung, avant de la fermer définitivement.

De même, la mine d’or United Keno Hill et la mine d’or et d’argent du mont Nansen ont trouvé de nouveaux propriétaires après que leur administration a été transférée au gouvernement. En 2006, Keno Hill a été rachetée par Alexco Resource Corp. En avril 2019, la société a publié une étude de préfaisabilité afin de reprendre la production à la mine ; en mai 2019, le Mount Nansen Remediation Limited Partnership (un partenariat entre Alexco et JDS Energy & Mining) s’est mis d’accord pour acheter la mine du mont Nansen après qu’elle a été placée sous la garde du gouvernement en 2004.

Dans l’annonce, le gouvernement déclare qu’il accorde la priorité à l’engagement envers les communautés autochtones et du Nord fortement affectées, et qu’il appuiera leur accès aux offres d’emploi et aux débouchés commerciaux liés aux travaux d’assainissement des sites. Sur le site Internet du RCAANC, sur la page concernant le projet d’assainissement de la mine Faro, cet engagement consiste à proposer des emplois dans des services spécialisés ou des emplois non qualifiés.

« Ce programme représente un investissement important qui aura des répercussions positives sur les communautés se trouvant à proximité des sites, ainsi que sur tout le nord du pays. Il est indispensable d’offrir des possibilités socio-économiques aux entreprises locales et aux résidents de la région », écrivait le RCAANC. « Ces possibilités comprennent la formation, l’accès à l’emploi et l’approvisionnement, qui profiteront aux entreprises du Nord et des Autochtones. La consultation avec les communautés affectées permettra de veiller à ce que ce programme intègre au mieux les priorités locales et des Autochtones dans la planification et l’exécution de projet. »

« Il est primordial que les communautés autochtones et du Nord participent et bénéficient clairement de l’investissement du gouvernement canadien dans l’assainissement des sites contaminés dans le nord du pays », indiquait Carolyn Bennett, ministre des relations Couronne-Autochtones, dans une déclaration. « Le nouveau programme de remise en état des mines abandonnées du Nord démontre la volonté du gouvernement canadien à s’engager auprès des communautés autochtones et du Nord, et à trouver des approches bénéfiques à l’environnement et à l’économie. »

 Traduit par Karen Rolland