(De gauche à droite) Mitch Warner, Philippe Couillard, Nadja Kunz, Ken Rock, David Cataford et Angelina Mehta à la discussion plénière inaugurale

Le thème du Congrès et de l’Exposition 2023 de l’ICM à Montréal est « Instaurer la confiance pour décarboniser le monde», et cette idée était reflétée dans le discours liminaire inaugural et le panel de discussion plénière le premier mai. 

Le conférencier d’honneur, l’associé directeur de l’Institut Arbinger Mitch Warner, s’est concentré sur le fait que changer les mentalités peut jouer un large rôle pour établir la confiance entre l’industrie minière et les parties prenantes telles que les communautés locales et les gouvernements.

Un concept clé qu’il a introduit était la différence entre une mentalité tournée vers l’intérieur — dans laquelle une personne ou entreprise se concentre sur ses propres besoins et objectifs plutôt que sur les besoins des autres — et une mentalité tournée vers l’extérieur, qui prend en compte la perspective des autres. Selon Warner, les compagnies minières qui transitionnent vers une mentalité orientée vers l’extérieur peuvent aider à bâtir la confiance, l’efficacité et la performance.

Il a donné l’exemple d’une société cliente par le passé qui avait eu besoin de couper US$100 million de son budget. « La seule façon d’accomplir cet exploit massif pour eux était d’adopter une transition fondamentale entre une mentalité orientée vers l’intérieur et une mentalité orientée vers l’extérieur, dans laquelle les autres partis ont de l’importance », disait Warner. Ils ont reformulé l’objectif comme des économies, et non pas des coupures budgétaires, et ont réussi à sauver l’argent sans éliminer un seul emploi.

À la suite du discours liminaire de Warner, une discussion plénière en panel s’est tenue, modérée par Angelina Mehta, directrice générale de la société commune chez Rio Tinto Aluminium, avec des panélistes incluant Warner; David Cataford, directeur général chez Champion Iron; Philippe Couillard, 31e premier ministre du Québec; Ken Rock, directeur  général de la Société de développement économique Uashat Mak Mani-Utenam; et Nadja Kunz, professeure adjointe à l’Université de la Colombie-Britannique.

Les panélistes se sont exprimés sur les façons dont instaurer la confiance a bénéficié leur propre organisation. Cataford a parlé du travail de Champion Iron pour établir cette confiance avec des communautés locales. Il a décrit son ancienne façon de faire pour prendre de courtes rencontres avec les Innus de Takuaikan Uashat mak Mani-utenam, la Première Nation locale à la mine de fer de Bloom Lake au Québec appartenant à son entreprise, et a expliqué que les rencontres n’étaient pas productives.

« Ce qu’on a évolué, c’est une façon différente de travailler dans la communauté », disait-il. « Maintenant, je ne prends pas de rencontres d’une heure, je prends un voyage de deux jours, et je vais passer du temps avec la communauté pour comprendre ce qu’elle requiert, et pour être capable de livrer le message. » 

Cependant, il a noté que ce n’est pas une solution taille unique et que Champion Iron change sa façon de faire pour chaque projet selon les besoins de la communauté locale. « C’est en établissant des relations et en comprenant les besoins réels que nous sommes capables d’offrir cette responsabilité », disait-il.

Rock a affirmé que les gens ont besoin de comprendre que les peuples autochtones habitent le territoire depuis très longtemps, mais ont rarement bénéficié d’activités comme l’activité minière. « Les choses ont évolué — il y a 10 ans nous parlions de responsabilité sociale des entreprises, et maintenant nous parlons d’ESG (environnement, social et gouvernance) », disait-il. Il a ajouté qu’il avait récemment participé à une conférence qui parlait de ESGA, qui ajoutait les perspectives autochtones aux conversations ESG.

Rock a dit que les Premières Nations veulent être partenaires [de l’industrie minière] pour bénéficier des projets miniers, soulignant que ceux qui forgent les relations doivent venir des hauts échelons des entreprises, tels que les directeurs généraux, « pour être capable d’instaurer un changement dans les demandes, mentalités et comportements pour faire en sorte que nous bénéficions de l’activité dont laquelle nous avons été exclus trop longtemps. » 

Kunz a parlé du rôle important de l’eau dans les relations entre les sociétés minières et les communautés. « Souvent, quand nous pensons aux enjeux environnementaux ou sociaux, nous les voyons comme des points négatifs ou des conflits », a-t-elle dit. « Dans le cas de l’eau, c’est une énorme opportunité. L’eau est un enjeu clé pour plusieurs communautés et peut aider à bâtir la confiance dans d’autres domaines. »

Il y a aussi nombre d’opportunités autour du financement selon Kunz. « Nous observons un grand effort chez les investisseurs pour montrer à la direction et pour récompenser les entreprises pour qui vont bien les choses », disait-elle. Ceci incluait les émissions de carbone et la gestion des eaux, en plus d’autres facteurs promouvant la durabilité.

Toutefois, Couillard a mentionné qu’un manque de crédibilité peut mener à une confiance plus basse dans l’industrie en général. « Beaucoup d’information circulée par les entreprises est perçue comme de l’écoblanchiment, ce qui est négatif pour le mouvement vers la transition énergétique en général », disait-il. Il a mentionné que les chiffres, tels que l’empreinte carbone d’une entreprise, peuvent sembler plus fiables s’ils proviennent d’une source indépendante plutôt que des mesures internes de l’entreprise.

Il a cité l’établissement d’un système efficace de commerce du carbone par le gouvernement du Québec comme un exemple positif concret d’une intervention gouvernementale dans la relation entre l’industrie minière et les communautés.

Rock a fait le lien de retour au discours de Warner et sur la façon dont l’industrie minière peut avancer. « Si vous voulez développer une relation de confiance, vous devez apprendre à vous connaître », concluait Rock. « Le respect est la chose la plus importante. »

Traduit par Sarah St-Pierre