La mine de Nickel Rim South de Glencore Canada, qui fait partie du complexe Sudbury Integrated Nickel Operations. Le programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord, une initiative fédérale, vise à faire venir des travailleurs étrangers dans des communautés telles que Sudbury qui sont sujettes aux pénuries de main-d’œuvre. Avec l’aimable autorisation de Glencore Canada.

Un séminaire web organisé le 25 janvier dernier par le comité consultatif pour la diversité et l’inclusion (CCDI) de l’ICM, au Canada, indiquait que les nouveaux arrivants hautement qualifiés et possédant des compétences polyvalentes intéressantes pour les employeurs du secteur minier se heurtent toujours à de nombreux obstacles pour pénétrer le marché du travail, et ont besoin d’aide pour s’intégrer.

Des experts du conseil des ressources humaines de l’industrie minière (RHiM) et de l’Immigrant Employment Council of British Columbia (IECBC, le conseil de l’emploi des immigrants de la Colombie-Britannique) ont donné un aperçu des aides dont peuvent bénéficier les employeurs. Elles pourraient contribuer à stimuler l’embauche de nouveaux arrivants et à faire face à la pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie.

La représentation des immigrants dans le secteur minier

Les experts du RHiM se sont appuyés sur un nouveau rapport de leur organisation, intitulé « Soutien à l’intégration des nouveaux arrivants dans le secteur minier canadien : une analyse contextuelle ». Ce dernier offre un aperçu des difficultés auxquelles sont confrontés les nouveaux arrivants et présente les différents programmes, ressources et aides à disposition des employeurs qui cherchent à les embaucher.

D’après Victoria Burnie, gestionnaire du département Équité, diversité et inclusion au RHiM, si la population d’immigrants au Canada augmente plus rapidement que le reste de la population, les immigrants restent sous-représentés dans le secteur minier.

En s’appuyant sur des données recueillies à partir d’une enquête sur la population active réalisée par Statistique Canada entre janvier 2007 et septembre 2023, Mme Burnie indiquait qu’en 2023, les immigrants représentaient seulement 13,3 % de la main-d’œuvre dans le secteur minier, alors qu’ils représentaient 31,5 % de la main-d’œuvre tous secteurs confondus. La représentation des immigrants dans tous les secteurs a augmenté durant la période où les données ont été collectées, alors qu’elle est restée relativement inchangée dans le secteur minier, ajoutait-elle.

« Contrairement aux femmes dans le secteur minier, où l’on observe quelques éléments prometteurs, notamment dans les domaines des ressources humaines et de la finance, les immigrants sont globalement sous-représentés lorsque l’on s’intéresse à des professions particulières », indiquait-elle.

À titre d’exemple, dans la catégorie des professionnels des sciences physiques, la représentation des immigrants tous secteurs confondus est de 42 %, par rapport au secteur minier où ils ne sont que 23 %.

« Pour les immigrants, il s’agit d’un problème lié à l’industrie minière », indiquait-elle. « Les immigrants ne choisissent pas le secteur minier, ou c’est le secteur minier qui ne choisit pas les immigrants durant la phase de concurrence sur le marché du travail. »

Les difficultés pour les nouveaux arrivants

Mme Burnie décrivait les nombreux obstacles qui empêchent les nouveaux arrivants d’intégrer le marché du travail au Canada.

« Comprendre et s’adapter à la culture du marché du travail local peut s’avérer difficile pour les nouveaux arrivants », expliquait-elle. « Par exemple, les attentes en matière de modes de communication et de normes professionnelles peuvent varier d’un pays à l’autre. »

Parmi les autres difficultés qu’ils peuvent rencontrer, citons la création de réseaux professionnels sans points de contact locaux, la reconnaissance des diplômes étrangers au Canada, ainsi que le manque de connaissances du marché du travail local qui pourrait rendre difficile pour les nouveaux arrivants de comprendre les tendances de l’emploi au Canada et de savoir où chercher des offres d’emploi.

De plus, les nouveaux arrivants peuvent avoir une connaissance limitée des services d’aide disponibles, tels que l’orientation professionnelle, les programmes de mentorat et les services de placement. Ils peuvent également ne pas avoir connaissance des pratiques d’embauche locales et du format attendu des curriculum vitæ lorsqu’ils cherchent un emploi. Arrivés à l’étape de l’entretien, ils peuvent être confrontés à une discrimination ou à des préjugés raciaux, sur leur appartenance ethnique ou encore sur les différences culturelles ou linguistiques.

Enfin, les nouveaux arrivants dont la maîtrise de la langue locale est limitée éprouveront des difficultés à tous les niveaux, des entretiens d’embauche aux interactions quotidiennes avec les collègues une fois qu’ils sont au travail.

« Pour surmonter ces difficultés, il est souvent nécessaire de combiner l’adaptation culturelle, l’amélioration de la langue, les efforts de mise en réseau et l’accès aux services de soutien », expliquait Mme Burnie. « Les employeurs et les communautés jouent un rôle essentiel pour faciliter l’intégration des nouveaux arrivants sur le marché du travail en leur fournissant des ressources et en créant des environnements inclusifs ».

Les aides à disposition des employeurs

Leslie Woolcott, directrice du département Équité, diversité et inclusion au RHiM, déclarait qu’il existe une multitude de ressources destinées à aider les employeurs pour le recrutement et l’embauche des nouveaux arrivants.

« Une partie du problème ou de la difficulté consiste à comprendre cet ensemble de programmes et à naviguer à travers les différents critères d’éligibilité, aussi bien pour les employeurs que pour les nouveaux arrivants », indiquait-elle. « Si peu de programmes ciblent spécifiquement l’industrie minière, la plupart des autres programmes peuvent s’appliquer au secteur minier et sont pertinents. »

Elle citait notamment en exemple le programme d’immigration Entrée Express, qui propose une voie d’accès plus rapide à la résidence permanente pour les immigrants et qui inclut un volet destiné aux travailleurs qualifiés dans un métier spécialisé. Il existe également deux autres programmes, le programme d’immigration au Canada atlantique et le programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord. Tous deux lancés en 2022, ils proposent un accès à la résidence permanente aux travailleurs étrangers qualifiés souhaitant vivre et travailler dans des communautés qui ont besoin d’attirer davantage de main-d’œuvre. Certaines des communautés éligibles au programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord sont connues pour être des foyers d’activité minière. C’est notamment le cas de Sudbury, de Timmins et de la baie Thunder en Ontario.

Patrick MacKenzie, directeur général de l’IECBC, indiquait que les Immigrant Employement Councils of Canada (IECC, les conseils pour l’emploi des immigrants du Canada) comptaient 12 organisations partenaires dans l’ensemble du pays qui aident les employeurs à recruter, à embaucher et à garder les immigrants dans des emplois qui valorisent au mieux leurs compétences. Parmi les services qu’ils proposent aux employeurs figurent des stratégies adaptées pour recruter des travailleurs immigrés, des formations en compétence culturelle, des programmes de mentorat et des initiatives visant à améliorer la diversité et l’inclusion sur le lieu de travail.

« Nous connaissons l’importance du secteur primaire et des industries extractives pour l’économie canadienne », déclarait-il. « Il faut sensibiliser davantage de nouveaux arrivants aux possibilités que leur offrent ces secteurs. »

Le rapport du RHiM est disponible sur le site mihr.ca/resources en anglais et en français. Les ressources en ligne proposées par l’IECC pour les employeurs sont disponibles sur le site iecc.network.

Traduit par Karen Rolland