Rio Tinto prévoit de tester l’extraction de gallium à son usine de Vaudreuil au Saguenay, au Québec. Avec l’aimable autorisation de Rio Tinto
Dans le cadre d’un programme de recherche et développement, Rio Tinto annonçait le 13 décembre dernier qu’elle évaluait la possibilité d’extraire et de valoriser le gallium, un minéral présent dans la bauxite traitée à sa raffinerie d’alumine de Vaudreuil située au Saguenay, au Québec. Il s’agit de la seule raffinerie en son genre au Canada.
Si la phase préliminaire de développement de la technologie s’avère concluante, la société prévoit de construire une usine de démonstration au Saguenay pour présenter la technologie d’extraction, qui permettra de produire jusqu’à 3,5 tonnes de gallium par an. Le gallium primaire, récupéré dans l’alumine, est un métal essentiel, notamment pour fabriquer des circuits intégrés. Ces derniers ont une importance capitale dans des technologies telles que les radars, les téléphones intelligents, les voitures électriques et les ordinateurs portables.
Cette nouvelle arrivait peu de temps après l’annonce de la Chine, le 3 décembre, concernant une interdiction immédiate de l’exportation de gallium, de germanium et d’antimoine vers les États-Unis, en réponse aux nouvelles restrictions américaines quant aux ventes de technologies de pointe à la Chine. Le 13 décembre, le gallium atteignait 595 dollars américains le kilogramme, son prix le plus élevé depuis 2011.
En 2022, tout le gallium primaire pour la production de semi-conducteurs provenait de pays autres que le Canada. Compte tenu du besoin de développer un approvisionnement à l’échelle nationale, le gouvernement du Québec s’est engagé à financer jusqu’à 7 millions de dollars le développement de l’usine de démonstration.
« Je suis très heureuse d’appuyer ce projet qui favorise l’acquisition de connaissances de pointe dans la transformation du gallium, ce métal critique et stratégique au Québec et partout dans le monde », déclarait Maïté Blanchette Vézina, ministre des Ressources naturelles et des Forêts du Québec dans un communiqué de presse de Rio Tinto du 13 décembre. « L’annonce d’aujourd’hui est en lien direct avec la vision de notre gouvernement en ce qui a trait à l’économie circulaire, à la création de richesse dans une économie plus verte et au rayonnement du Québec comme chef de file mondial en matière de minéraux critiques et stratégiques. »
D’après Rio Tinto, le potentiel d’extraction d’une usine de taille commerciale pourrait atteindre 40 tonnes annuellement, ce qui représente entre 5 et 10 % de la production mondiale de gallium. Neo Performance Materials, dont le siège se trouve à Toronto, en Ontario, est actuellement le seul producteur de gallium en Amérique du Nord. La société dispose d’une installation à Peterborough, en Ontario, où elle a recours au recyclage pour récupérer le métal.
Malika Cherry, conseillère principale des relations avec les médias pour Rio Tinto Canada et États-Unis, déclarait à l’équipe du CIM Magazine dans un courriel que dans les mois à venir, la société développerait ses exploitations d’affinage de l’alumine et mènerait ensuite des essais pilotes. Elle indiquait que pendant la phase de construction de l’usine de démonstration, les équipes de Rio Tinto continueront à travailler sur les prochaines étapes de recherche et développement.
« Étant donné l’importance du gallium dans la chaîne d’approvisionnement nord-américaine, et de façon à ne pas ralentir cette étape si ce projet se concrétise, les travaux de préparation du site pour l’usine de démonstration pourraient commencer dans les mois à venir », ajoutait Mme Cherry.
Traduit par Karen Rolland