Liezl van Wyk, directrice des services techniques des mines chez Diavik, explique que nous créons souvent nous-mêmes les obstacles à l'adoption des énergies renouvelables et de substitution. David Irvine, Energy and Mines

Sur les sites miniers du monde entier, les technologies fondées sur l'énergie renouvelable occupent une place plus importante qu'il y a deux ans, mais il reste encore de nombreux obstacles à surmonter pour parvenir à une adoption à grande échelle. C'est ce qu'ont entendu les participants au troisième sommet annuel dédié à l'énergie et aux mines, qui a eu lieu fin octobre à Toronto.

« L'exploitation minière modifie son bouquet énergétique, et les sources d'énergie renouvelables jouent un rôle majeur dans cette évolution », déclarait Adrienne Baker, directrice de l'organisation, dans son discours d'ouverture lors de l'événement qui a attiré 200 représentants des secteurs des mines et de l'énergie renouvelable.

Le sommet a présenté des projets du secteur minier couronnés de succès utilisant les énergies renouvelables, lesquels montrent comment intégrer les technologies dans un plan énergétique afin de résoudre les problèmes en matière de disponibilité de l'énergie, de fiabilité et de coûts.

Les participants à l'événement ont cependant fait remarquer que, malgré les avantages de l'énergie renouvelable, nombreux sont ceux au sein de l'industrie minière qui hésitent encore à l'adopter. Le conférencier d'honneur John Dorward, président et chef de la direction de Roxgold, a commencé sa présentation par une confession. « Je travaille dans une société minière et ai moi-même mis du temps avant de décider d'adopter ce nouveau modèle énergétique », admettait-il. Mais la situation évolue. Sa société envisage désormais de s'équiper d'un système de secours hybride fonctionnant au diesel et au solaire pour son projet aurifère Yaramoko au Burkina Faso, actuellement en construction, afin de réduire les dépenses liées à la consommation de diesel et de tirer profit des ressources solaires importantes qu'offre la région.

L'un des thèmes au cœur de l'événement concernait l'importance de choisir la technologie renouvelable la plus adaptée qui permettra à une exploitation minière de résoudre ses problèmes en matière d'énergie tout en utilisant la ressource naturelle la plus abondante en fonction de l'emplacement géographique du projet. Par exemple, si le solaire semble constituer un choix naturel pour le projet Yaramoko, il n'en est pas de même pour le projet Casino de Western Copper and Gold au Yukon. En effet, pour ce projet qui n'est pas relié au réseau électrique et qui est situé dans une région plongée dans l'obscurité six mois de l'année, l'énergie solaire n'a pas de sens. C'est ce qu'expliquait Paul West-Sells, président et directeur de l'exploitation de la société, dans une discussion en groupe sur la nouvelle stratégie de l'industrie minière en matière d'énergie.

En revanche, l'énergie sous la forme de gaz naturel liquéfié (GNL) transporté dans des camions-citernes à partir de Fort Nelson (à proximité), en Colombie-Britannique, constituait une option bien plus rentable et à bien plus faible taux d'émission que le diesel pour le site Casino, où l'électricité représente 40 % des coûts d'exploitation. Le GNL sera stocké sur le site dans une cuve de stockage de 10 000 mètres cubes (m3) fabriquée sur place afin de pourvoir aux besoins de la centrale électrique de 150 mégawatts (MW). D'après la société, cette centrale d'une valeur de 260 millions $ sera en mesure de produire de l'électricité à 9,5 cents le kilowattheure (kWh) pour la mine Casino, dont la durée de vie est estimée à 23 ans. Par comparaison, le coût du diesel proposé par Énergie Yukon est de 30 cents le kWh, et même son énergie hydraulique/éolienne coûte 14 cents le kWh. Afin de réduire les coûts de transport, le parc de camions de Casino (camions-citernes livrant le carburant y compris) fonctionnera au GNL. « Si l'on prend la situation du point de vue du permis social d'exploitation dans le Nord, la construction d'un groupe électrogène au diesel de 150 MW n'allait tout simplement pas fonctionner », expliquait M. West-Sells.

Tout comme M. West-Sells, d'autres étaient d'accord sur le fait que l'adoption de sources d'énergie de substitution peut constituer un facteur influent pour obtenir le permis social d'exploitation dans des communautés non reliées au réseau électrique. « L'accès à une électricité fiable et abordable est indispensable au développement économique et à l'amélioration du niveau de vie », indiquait M. Dorward.

La baisse récente du prix du pétrole a créé un nouvel obstacle à l'adoption des énergies renouvelables. Le prix d'un baril de pétrole ayant atteint une moyenne de 45 $, les exploitations minières peuvent enfin réduire leurs coûts énergétiques ; au vu de cette baisse, les sociétés minières ont maintenant le sentiment que les énergies renouvelables ne vont pas forcément réduire leur facture énergétique.

Les conférenciers et experts présents à l'événement ont cependant reconnu que les énergies renouvelables peuvent encore engendrer d'importantes économies et ce, malgré la baisse du prix du pétrole. Parmi les partisans des énergies renouvelables figurait Liezl van Wyk, qui s'était exprimée pour la première fois lors du sommet de Toronto sur l'énergie et les mines en 2013 concernant le projet éolien de la mine de diamant Diavik de Rio Tinto dans les Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O), qu'elle dirigeait. Cette année, elle a souhaité communiquer des informations actualisées sur ce projet de trois ans.

Le parc éolien de la mine Diavik a été équipé de quatre turbines générant 2,3 MW, qui ont coûté la modique somme de 31 millions $ et ont été installées en vue de réduire les coûts liés au diesel. À tous les niveaux, cette installation dépasse toutes les attentes. Ce projet a permis à Diavik d'économiser 17,6 millions $ en diesel sur trois ans, avec un rendement du capital investi attendu dans moins de sept ans et ce, malgré le prix actuel du pétrole. On peut en partie attribuer la réussite de ce projet au fait que la mine a optimisé les activités du parc éolien, notamment la gestion de l'angle de calage, et a bien compris le comportement des turbines face aux différentes directions du vent.

Le plus grand obstacle à l'intégration des énergies renouvelables au sein des exploitations minières, indiquait Mme van Wyk, est « de nature psychologique » et s'explique par le fait que les sociétés ne disposent pas de personnes suffisamment qualifiées pour identifier les occasions et dynamiser le projet jusqu'à son achèvement. « Il faut savoir si la société comprend de tels " loups " prêts à saisir ces occasions et à éliminer les obstacles », ajoutait-elle, « car nous sommes souvent la source même de la plupart des obstacles ».

Traduit par Karen Rolland