Dans son rapport du deuxième trimestre, Goldcorp annonçait son intention d'investir 90 millions $ US dans sa mine Musselwhite du nord de l'Ontario (en photo ci-dessus) et 420 millions $ US dans sa mine Penasquito au Mexique. Avec l'aimable autorisation de Goldcorp
Les résultats trimestriels donnent un « instantané » de l'état des marchés miniers, et dès le début du deuxième semestre 2016, la situation était bien plus brillante pour l'or et certains métaux communs que ce n'était le cas en début d'année.
Dans sa dernière édition du Commodity Markets Outlook (rapport sur les perspectives des marchés des produits de base), la Banque mondiale annonçait une hausse de 8 %des prix de l'or pour le trimestre prenant fin le 30 juin ; en outre, il prévoit cette année une vigueur soutenue des prix des produits de base au vu de la demande croissante de classes d'actifs sûres et des inquiétudes face à la croissance mondiale. Le rapport mentionnait également une augmentation de 5 %des prix des métaux communs au cours du même trimestre, mais prévoit un déclin de 11 %sur l'année entière.
La demande émanant des Chinois ralentit, aussi la plupart des experts en matière de produits de base s'attendent également à une conjoncture moins favorable pendant toute l'année 2016 et au-delà. D'après le rapport Mine 2016 de PricewaterhouseCoopers (PwC), l'industrie se trouve encore « en territoire inconnu » après une année 2015 désastreuse, durant laquelle les prix des produits de base ont chuté de 25 %. La capitalisation boursière des 40 sociétés les mieux cotées a décliné de 37 %l'année dernière et d'après PwC, ces sociétés ont accumulé environ 53 milliards $ en perte de valeur, « l'équivalent de 32 %des dépenses d'investissement depuis 2010 ».
Les producteurs d'or cherchent à réduire leurs dépenses
La plupart des sociétés minières, dont Barrick Gold, ont pour priorité de renforcer leur capacité opérationnelle et financière. À la fin du T2, la société avait réduit sa dette de près de la moitié de l'objectif qu'elle s'était fixé (2 milliard $ US) pour l'année ; par ailleurs, les coûts nécessaires au maintien de la production (AISC, de l'anglais all-in sustaining costs) pour les 1,34 million d'onces qu'elle avait produits sont passés de 895 $ US à 782 $ US l'once.
Goldcorp annonçait qu'elle parviendrait à atteindre dans les temps son objectif de 250 millions $ US d'économies annuelles durables d'ici 2018, et qu'elle avait déjà atteint la barre des 50 %. Les compressions budgétaires impliqueront notamment une réduction d'un tiers de la main-d'œuvre et une décentralisation de son modèle de gestion. La production d'or de la société au T2 était de 613 400 onces, avec des AISC de 1 067 $ US l'once, en déclin par rapport au T2 de l'exercice précédent où la production était de 908 000 onces pour des AISC de 853 $ US l'once. Goldcorp prévoit d'investir respectivement 420 millions $ US et 90 millions $ US dans ses mines Penasquito et Musselwhite pour dynamiser la production.
La société Mines Agnico Eagles a réduit sa dette nette d'environ 181 millions $ US, la ramenant à 742 millions $ US au 30 juin, ce qui reflète ses efforts persistants pour renforcer son bilan. Sa production d'or durant le T2 était de 408 932 onces par rapport à 403 678 onces l'année précédente, et ses coûts décaissés totaux sont passés de 601 $ US à 592 $ US l'once (sur la base de chaque produit pris individuellement).
Le rapport 2016 Precious Metals Market Outlook (rapport 2016 sur les perspectives du marché des métaux communs) du CMP Group se veut optimiste et indique que le marché de l'or parviendra à maintenir ses prix en hausse. Le rapport mentionnait plusieurs facteurs qui pourraient contribuer au maintien des prix et du « fort sentiment positif des investisseurs » cette année, à savoir le scepticisme quant à la stabilité des marchés boursiers, les inquiétudes concernant les élections aux États-Unis, les répercussions du vote du Royaume-Uni en faveur d'une sortie de l'Union européenne et l'incapacité de l'U.S. Federal Reserve (la réserve fédérale des États-Unis) à augmenter les taux d'intérêt au milieu de ces problèmes.
Le cuivre victime de « vents contraires » ; des perspectives plus favorables pour le zinc et le nickel
Dans le cadre de sa stratégie visant à contrebalancer le cycle difficile des produits de base, Teck Resources, le plus grand producteur de ressources diversifiées au Canada, réduit ses dépenses, préserve ses liquidités et maintient ses volumes de production. La société annonçait un profit attribuable aux actionnaires pour le T2 de 15 millions $ US, en déclin par rapport à l'année précédente (63 millions $ US). Teck a également annoncé un renforcement des directives en matière de production de zinc, de cuivre et de charbon pour le second semestre. « Le cycle des produits de base est encore instable, mais l'on commence à observer des changements positifs en ce qui concerne les prix du zinc et du charbon nécessaire à la fabrication de l'acier », déclarait Don Lindsay, président et chef de la direction de Teck, dans un communiqué.
Lundin Mining annonçait une perte nette pour le T2 de 792,1 millions $ US, qui reflète une perte de valeur de 772 millions $ US de sa participation de 24 %dans le projet de cuivre et cobalt Tenke Fungurume en Afrique. C'est un déclin important par rapport à ses gains nets de 46,4 millions $ US l'année précédente. Le 30 juin, la dette nette de Lundin était de 341,9 millions $ US, ce qui constitue une baisse par rapport à sa dette de 441,3 millions $ US à la fin de l'année 2015. Lundin a lancé une étude de faisabilité pour un gisement satellite près de sa mine Eagle de nickel et cuivre dans le Wisconsin.
Rory Johnston, économiste spécialisé dans les produits de base à la Banque Scotia, indiquait que le zinc constitue « une note optimiste » sur le marché des métaux communs, essentiellement sous l'effet de la contraction de l'offre. En outre, le nickel bénéficie d'un certain soutien en raison des inquiétudes quant au risque politique qui pèse sur les Philippines, la plus grosse source de nickel actuellement exploitée dans le monde. « Le cuivre est encore victime de vents contraires en raison de l'offre excédentaire ainsi que de la demande et de l'économie mondiale stagnantes », déclarait-il.
Robert Edwards du groupe CRU basé à Londres indiquait que l'offre des mines de cuivre avait jusqu'à présent « dépassé toutes les attentes » cette année, en raison d'un niveau extrêmement bas de perturbations dans les mines ainsi que de l'entrée en scène de nouveaux projets. Par conséquent, le groupe CRU s'attend à ce que le marché du cuivre se retrouve avec une offre excédentaire de plus de 300 000 tonnes en 2016.
Le secteur de l'uranium et des diamants rongé par la baisse de la demande
Le secteur de l'uranium est en proie à de nombreuses critiques depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011 au Japon, et les prix continuent de subir la pression d'une demande réduite assortie d'une offre excédentaire. Cameco annonçait une perte nette pour son T2 de 137 millions $ US, par rapport à des gains nets de 88 millions $ US l'année précédente. En France, Areva, une société contrôlée par l'État, est en cours de restructuration après des années de lourdes pertes. Le gouvernement prévoit un plan de sauvetage de la société de 4,4 milliards $ US, dans la mesure où les autorités réglementaires anti-trust de l'Union européenne (UE) seront certaines que ce plan ne fausse pas excessivement la concurrence au sein du marché unique.
Si les diamants sont éternels, les ventes, elles, varient comme un baromètre des marchés des produits de luxe. De Beers a fondé ses perspectives 2016 sur les espoirs d'une croissance économique « positive bien qu'assujettie », où les risques de perte en cas de baisse devraient l'emporter. La société annonçait un déclin de 19 %de la production de diamants au T2 2016, qui reflète sa décision de réduire l'offre face à la conjoncture économique défavorable en 2015. Cependant, De Beers a également annoncé en août que la production avait commencé à la mine de diamants Gahcho Kué dans les Territoires du Nord-Ouest (T.N-O.), dont elle détient 51 %. Cette mine devrait produire 4,5 millions de carats par an, pour une durée de vie prévue de 13 ans.
Dominion Diamond Corporation a récupéré 1,58 million de carats de diamants au cours du second trimestre, soit 26 %de moins qu'au T2 2015. La société exploite la mine Ekati et détient 40 %de la mine Diavik, toutes deux dans les Territoires du Nord-Ouest.
Traduit par Karen Rolland