La mine Pueblo Viejo de Barrick a fait équipe avec ENDA Dominicana, une organisation non gouvernementale, pour la végétalisation de la chaîne de montagnes Colinas Bajas-Los Haitises en République dominicaine. La société a payé 213 millions $ d'impôts au gouvernement du pays en 2015. Avec l'aimable autorisation de Barrick Gold
D'après la version finale d'un rapport publié le 15 juillet dernier et rédigé par plusieurs agences de l'organisation des Nations Unies (ONU), la durabilité au sein du secteur minier suppose bien plus qu'une simple « écologisation » pendant la phase de développement. Elle peut aussi impliquer d'aider des femmes burkinabées à lancer un commerce de savons, de soutenir les efforts pour lutter contre une épidémie de maladie à virus Ebola au Libéria ou simplement de divulguer les paiements établis au compte des gouvernements partout dans le monde.
Ce document de l'ONU, intitulé Mapping Mining to the Sustainable Development Goals: An Atlas (mettre l'exploitation minière sur la carte des objectifs de développement durable : un atlas), s'articule autour d'une série d'événements marquants définis par l'organisation des Nations Unies comme des objectifs de développement mondiaux à l'horizon 2030. Une version antérieure a été publiée en janvier, puis a fait l'objet de plusieurs mois de consultation publique.
Le rapport suggérait plusieurs moyens d'intégrer dans les travaux des sociétés minières les 17 objectifs de développement durable (ODD) primordiaux, dont l'accès à l'eau potable, l'éradication de la faim dans le monde et la création d'une société plus pacifique. Il incorporait notamment des études de cas soulignant les efforts existants. Parmi ces efforts figuraient l'aide de Goldcorp à la création d'une subvention pour des professeurs dédiée à l'intégration des femmes dans le domaine du génie à l'université de la Colombie-Britannique (UBC) afin d'encourager davantage de femmes à s'inscrire dans des programmes de génie ; le leadership d'ArcelorMittal pendant l'épidémie de maladie à virus Ebola au Libéria ; et le circuit de recyclage de l'eau de Vale dans une usine métallurgique au Brésil.
« Pour atteindre nos ODD d'ici 2030, les gouvernements, les organisations non gouvernementales (ONG), les partenaires de développement, le secteur privé et les communautés devront faire preuve d'une coopération et d'une collaboration sans précédent », lisait-on dans le rapport.
D'après le rapport, beaucoup de sociétés minières sont établies dans des régions écologiquement vulnérables qui peuvent être revendiquées par les populations autochtones. Ainsi, l'industrie a la possibilité d'améliorer l'environnement dans lequel elle opère par le biais de l'investissement et de l'innovation, ou au contraire peut le rendre encore plus vulnérable en raison des impacts négatifs que ses activités ont sur l'environnement et les populations locales.
« [Ces travaux] ont généré un grand intérêt en ce qu'ils permettent à l'industrie ou au secteur de véritablement s'identifier aux objectifs de développement durable et au potentiel de collaboration à l'avenir », déclarait Gillian Davidson, responsable des mines et des métaux auprès du Forum économique mondial et l'une des auteurs du rapport.
« Ces travaux ont été véritablement révolutionnaires », expliquait Mme Davidson.
Les sociétés doivent évaluer leurs efforts actuels et identifier les chevauchements des ODD dans le rapport, indiquait Mme Davidson.
Peter Sinclair, agent en chef à la durabilité chez Barrick Gold, expliquait que les sociétés minières contribuent d'ores et déjà aux ODD. « Nous avons, en tant que sociétés minières, la possibilité d'apporter une contribution importante », indiquait-il. « D'une façon ou d'une autre, nous touchons à tous les thèmes abordés par les ODD. »
Quatre des initiatives de Barrick sont présentées dans l'atlas, dont une exploitation modèle au Pérou construite dans le but d'enseigner l'élevage et les pratiques agricoles modernes aux membres de la communauté vivant à proximité de la mine Pierina, ainsi qu'une nouvelle matrice relative à la vulnérabilité des enfants pour identifier les risques possibles que courent ces derniers autour de son projet Lagunas Norte.
Mme Davidson et ses collègues ont mené des dizaines d'entretiens avant de compiler le rapport (Barrick était l'un des contributeurs). L'une des principales préoccupations de l'industrie, indiquait-elle, portait sur l'alourdissement des exigences déclaratives qui incombent déjà aux sociétés dans le cadre de leurs propres programmes de durabilité et d'autres actions, tels que l'initiative Vers le développement minier durable (VDMD) de l'association minière du Canada (AMC) et l'initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).
BHP Billiton, qui soutient l'ITIE depuis son lancement, a divulgué des informations concernant le paiement d'impôts et de redevances de la société aux gouvernements depuis 2000. Elle a révélé ces informations pour chaque province dans laquelle elle opère, même dans celles qui, comme le Canada, ne font pas partie des pays répondant aux normes arrêtées par l'ITIE. Dans le premier rapport annuel de la société intitulé Economic contribution and payments to governments (rapport sur les contributions économiques et les paiements aux gouvernements) publié en septembre 2015, BHP déclarait avoir payé 7,3 milliards $ tout au long de l'année.
Le rapport indiquait que la décision de BHP de divulguer tous les paiements de la société aux gouvernements était un moyen pour les sociétés minières d'avoir une influence positive.
« Les paiements d'impôts en 2015 représentent des ressources importantes à la disposition des gouvernements, qu'ils peuvent investir dans des priorités d'ordre social, notamment de meilleurs services de santé et d'éducation, ainsi que dans une meilleure infrastructure, essentielle pour enrayer la pauvreté », lisait-on dans le rapport.
Les paiements d'impôts peuvent avoir des retombées énormes sur un pays, déclarait M. Sinclair. Barrick a payé 213 millions $ d'impôts au gouvernement de la République dominicaine. D'après la Canadian International Development Platform (CIDP, la plateforme canadienne de développement international), l'aide extérieure qu'a envoyée le Canada en 2015 à la République dominicaine s'élevait à 2 millions $.
Par souci de transparence, précisait Mme Davidson, il est primordial de soumettre ces données à vérification.
De nombreuses sociétés ont d'ores et déjà intégré des éléments de l'atlas dans leur propre exercice de divulgation. « Teck [Resources] a utilisé le diagramme que nous avons développé [un graphique circulaire visuel des ODD] et y a incorporé ses efforts actuels », indiquait Mme Davidson. Certaines des initiatives de Teck sont également présentées dans l'atlas, notamment un programme de recyclage de batteries mené en collaboration avec l'UNICEF ainsi que ses travaux pour restaurer l'habitat et les populations de mouflons d'Amérique au Nebraska.
Les grandes sociétés minières ne sont cependant pas les seules à agir en bons citoyens dans le domaine de la durabilité. Une étude de cas menée par New Gold, une société minière de taille moyenne, faisait également partie du rapport.
La mine New Afton de New Gold près de Kamloops, en Colombie-Britannique, est la première mine d'Amérique du Nord à avoir obtenu la certification ISO 50001 en gestion de l'énergie en 2014. D'après les données fournies par la société à l'équipe du CIM Magazine, la mine a réalisé des économies de plus de 1 million $ dans sa consommation énergétique depuis la mise en œuvre des initiatives d'économie d'énergie et la vérification de l'usage de l'énergie par le site pour la certification ISO.
Le respect des ODD relèvera de la responsabilité de chaque pays, mais Mme Davidson et ses collègues espèrent que les sociétés et les gouvernements de pays dont les économies reposent en grande partie sur le secteur des ressources collaboreront et auront un impact considérable.
« Lorsque nous avons commencé, nous pensions que ce document ne ferait pas plus de 20 pages et que sa rédaction nous prendrait trois mois tout au plus. À mesure que nous avancions dans ce projet, nous nous sommes rendus compte de l'ampleur de cette initiative et de son potentiel », expliquait Mme Davidson. Vous trouverez le rapport complet (uniquement disponible en anglais) sur le site Internet du programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
« On ne peut sous-estimer le rôle potentiel du secteur [minier]. »
Traduit par Karen Rolland