D'après M. Salamis, Integra Resources a envisagé « au moins 20 possibilités » avant d'acquérir la mine DeLamar depuis longtemps abandonnée. Avec l'aimable autorisation d'Integra Resources

Si certaines sociétés pénètrent des territoires totalement inexplorés pour leurs investissements, l'équipe d'Integra Gold et désormais Integra Resources préfère acquérir des propriétés qui ont déjà fait leurs preuves. Avec sa toute dernière acquisition mi-septembre de la mine DeLamar de Kinross Gold en Idaho, l'équipe d'Integra s'apprête à redonner vie à ce projet depuis longtemps laissé à l'abandon.

Le 10 octobre dernier, la société annonçait des ressources présumées sur le site de 117,9 millions de tonnes à une teneur de 0,41 gramme par tonne (g/t) d'or et de 24,34 g/t d'argent. Integra annonçait également la conclusion d'une entente avec un syndicat de preneurs dirigé par GMP Securities L.P. en vue de vendre des reçus de souscription d'une valeur approximative de 25 millions $ pour financer cette acquisition.

George Salamis, chef de la direction et président d'Integra Resources, s'est entretenu avec l'équipe du CIM Magazine concernant cette nouvelle acquisition, l'attrait des mines anciennes et la stratégie de croissance de la société.

L'ICM : Quel est pour vous l'attrait de redonner vie à de vieilles mines ?

M. Salamis : Cela fait partie de l'histoire d'Integra. Le fondement de notre décision était d'acquérir une mine ancienne et délaissée dans la région de Val-d'Or pour lui redonner vie ; c'est ce que nous savons faire de mieux.

Lorsqu'une mine a un historique de production à très haute teneur ainsi qu'à moindre teneur, les risques sont réduits. On dispose d'un registre entier de données minières en poche.

L'ICM : Integra s'est-elle intéressée à d'autres projets avant de choisir la mine DeLamar ?

M. Salamis : Absolument. Nous avons envisagé au moins 20 autres possibilités au cours des derniers mois. Après l'acquisition par Eldorado Gold d'Integra Gold, beaucoup de personnes nous ont contactés en nous présentant des actifs qui avaient besoin d'une revalorisation.

Nous avions donné des consignes bien précises aux communautés bancaires et minières concernant les options à nous proposer, mais nous évoluions dans un périmètre géographique très restreint. Nous étions également essentiellement à la recherche d'actifs renfermant des métaux précieux afin de ne pas déroger à nos critères d'atténuation des risques.

Deux ou trois actifs ont particulièrement retenu notre attention, et nous les envisageons d'ailleurs toujours pour l'avenir. Toutefois, notre objectif pour l'instant est de nous concentrer sur cette acquisition afin de la remettre en marche.

L'ICM : Vous avez évoqué les « ressemblances frappantes » entre cette acquisition et celle de Sigma-Lamaque. Quelles sont-elles ?

M. Salamis : Dans les deux cas, ces actifs ont été exploités jusqu'à la fin des années 1990, jusqu'au déclin des prix de l'or.

Ces projets ont des similitudes dans le sens où l'on y exploitait des métaux précieux à très haute teneur sur une très longue période. L'accès aux deux mines et leur infrastructure étaient également similaires, et elles se trouvent toutes deux dans des provinces favorables au développement minier.

Elles comportent cependant des différences, notamment au niveau des types de gisement et du contexte géographique.

L'ICM : Pouvez-vous nous en dire davantage sur ces différences ?

M. Salamis : La principale concerne l'âge de ces exploitations. Le site de Sigma-Lamaque a plus de 2,6 milliards d'années, alors que celui de DeLamar n'a que 15 millions d'années.

Sigma-Lamaque est un gisement aurifère de type orogénique que l'on trouve couramment en Ontario et au Québec. La mine DeLamar, quant à elle, est un gisement épithermal d'or/argent de type adulaire-séricite. Leur position au sein de la croûte terrestre est très différente ; en effet, les gisements orogéniques peuvent se former à des kilomètres sous la surface de la Terre, alors que les gisements épithermaux se forment à proximité de la surface.

L'ICM : Pensez-vous organiser un concours similaire à Ruée vers l'or pour l'exploration de cette nouvelle mine ?

M. Salamis : Nous envisageons d'avoir recours à de nouvelles technologies, mais rien n'est encore décidé. L'intelligence artificielle et l'apprentissage automatique ont beaucoup évolué depuis les « temps anciens » du concours Ruée vers l'or. Il serait dommage de ne pas en profiter. Ce sont des outils exceptionnels.

L'ICM : Pensez-vous pouvoir nous communiquer d'autres informations sur la mine DeLamar ou d'autres projets dans un futur proche ?

M. Salamis : Nous allons essayer de démarrer un programme de forage à la mine DeLamar d'ici le premier trimestre 2018, en fonction des conditions météorologiques. Aucun programme de forage moderne n'a été mené sur ce projet depuis le début des années 1990. Ensuite, nous devrons effectuer environ 20 000 mètres de forage au cours des 18 mois à venir, soit bien plus que ce que la mine DeLamar a connu jusqu'ici.

Traduit par Karen Rolland