Les principales caractéristiques du plan d'assainissement de l'AANC pour la mine Faro consistent à moderniser les digues de retenue des résidus miniers, à rectifier les pentes des amas de résidus miniers et à améliorer le système de traitement et de collecte des eaux contaminés du site. Avec l'aimable autorisation d'Affaires autochtones et du Nord Canada
Depuis qu'il a pris le contrôle du site il y a 20 ans, le gouvernement fédéral a investi des centaines de millions de dollars dans la mine géante abandonnée Faro du Yukon ; pourtant, d'après le rapport 2015-2016 du conseil du trésor du Canada, cette propriété de 2 500 hectares n'a pas fait l'objet du moindre assainissement.
Dans un courriel envoyé à l'équipe du CIM Magazine, des représentants du ministère des affaires autochtones et du Nord Canada (AANC) expliquaient que le gouvernement fédéral avait injecté « environ 350 millions $ » dans le site, la majeure partie de cet investissement ayant été octroyée à la gestion de projet et à la maintenance. Faro se trouve dans une vallée écologiquement vulnérable près de la communauté de Faro, dans la partie sud-centre du territoire de la Première Nation Dena de Ross River.
La somme totale, écrivait la porte-parole de l'AANC Melissa Madden, est ventilée comme suit : environ 150 millions $ pour les soins et la maintenance ; 75 millions $ pour la gestion de projet ; 5 millions $ pour des « activités de réglementation » ; 10 millions $ pour les activités de conseil et de formation à l'intention des Premières Nations ; 35 millions $ pour le développement d'un plan d'assainissement à venir ; 15 millions $ pour la protection de l'environnement ; et 60 millions $ supplémentaires pour des projets d'assainissement avancés, dont l'installation d'une alvéole de stockage du sulfure sur la fosse Grum pour recouvrir certains des résidus les plus contaminés, ainsi qu'une nouvelle centrale de traitement de l'eau.
Le gouvernement fédéral a pris le contrôle du site en 1998 lorsque l'exploitant de la mine à l'époque, l'Anvil Range Mining Corporation, a fait faillite. Durant cette période, l'AANC a effectué plus de 100 études, sans pour autant avoir lancé de plan officiel d'assainissement. D'après Mme Madden, « la conception du plan en est à environ 20 % », et le ministère prévoit de l'achever d'ici 2018 ; il sera alors soumis à l'approbation de l'office des eaux et l'office d'évaluation environnementale et socio-économique du Yukon. Selon elle, le ministère prévoit de commencer les travaux six ans plus tard, soit en 2024. En outre, d'après un récent article du quotidien The Globe and Mail, les administrateurs affirment que l'assainissement du site coûtera environ 1 milliard $, en plus de la somme qui a déjà été investie.
Ce projet est source de frustration pour beaucoup depuis de nombreuses années, notamment pour Lewis Rifkind, analyste du secteur minier auprès de la Yukon Conservation Society (YCS, la société de conservation du Yukon), un organisme territorial à but non lucratif. Citant les niveaux accrus de zinc et de fluorure dans les voies navigables, il indiquait que les atermoiements du gouvernement ont de graves répercussions sur l'environnement, et les problèmes ne font que s'accentuer chaque année où l'assainissement est reporté.
L'YCS appelle à une vérification du projet par une tierce partie. « Nous avons investi 350 millions $ pour maintenir le statu quo », déclarait M. Rifkind. Comme il l'expliquait, le gouvernement est un secteur avec lequel il est difficile de collaborer et qui, jusqu'à il y a peu de temps, ne rendait pas publiques les données sur l'eau. Ces informations sont désormais à la disposition du public, sur l'un des sites Internet du gouvernement ; elles ont « été réorganisées et republiées », indiquait Patricia Randell, directrice du ministère de l'évaluation et des mines abandonnées du gouvernement du Yukon, qui est chargé de l'entretien du site avec le soutien financier du gouvernement fédéral.
La plupart des difficultés découlent de la taille considérable du site, qui abrite l'une des mines de plomb et de zinc parmi les plus vastes au monde. Les bassins de décantation des résidus renferment quelque 70 millions de tonnes de déchets, et on estime à 320 millions de tonnes les roches stériles extraites par lixiviation acide.
« C'est un projet unique et très complexe », expliquait Mme Randell. Elle réfutait la thèse, qui apparaît sur le site Internet du conseil du trésor, selon laquelle aucune partie du projet n'a fait l'objet d'un assainissement. La membrane recouvrant les résidus (27 des 500 hectares de stériles du site) et la nouvelle centrale de traitement de l'eau, précisait-elle, seront des « installations permanentes » du site réhabilité. Elle soulignait également la grande envergure du projet, faisant remarquer que les dirigeants avaient dû changer leurs priorités afin de faire face aux niveaux accrus de zinc dans un ruisseau à proximité.
Lorsqu'on lui a demandé sa vision du plan, Mme Randell déclarait que l'objectif final était de protéger « la santé et la sécurité de l'homme ainsi que l'environnement ». D'après Mme Madden de l'AANC, les principales caractéristiques du plan d'assainissement consisteront à consolider les digues de retenue pour que les résidus miniers restent en place, à rectifier les pentes des amas de résidus miniers, à installer des alvéoles de stockage au sol sur les résidus et le reste des stériles, ainsi qu'à améliorer la diversion des cours d'eau ainsi que le système de traitement et de collecte des eaux contaminées du site.
Pour M. Rifkind, le plus important est de se rendre compte de l'urgence. D'après lui, le projet a bien trop traîné et « toutes les tentatives » des administrateurs depuis des années ont échoué, à force de toujours rejeter le fardeau de l'inaction sur l'autre. Pendant ce temps, indiquait-il, le site « jette une ombre » sur l'intégralité de l'industrie minière.
Traduit par Karen Rolland