Les perspectives encourageantes pour le cuivre sur le long terme rendent leur optimisme aux sociétés productrices de ce métal, notamment Rio Tinto dont la gigantesque mine de cuivre souterraine Oyu Tolgoi entrera en phase de production en 2020. Avec l'aimable autorisation de Rio Tinto

L’année 2016, marquée par des rebondissements sur la scène politique et la dégringolade des cours du pétrole et des produits de base, n’aura pas été de tout repos pour l’industrie minière. Plusieurs produits de base ont malgré tout commencé la nouvelle année à la hausse selon les analystes du marché.

Les premières projections du cours des produits de base de l’année ont été publiées : dans ses tableaux des prévisions datés du 17 janvier dernier, la Banque Scotia s’attend à une remontée des prix moyens annuels du zinc, du cuivre et du nickel. De son côté, la Banque mondiale a publié ses prévisions initiales le 24 janvier.

Dans l’ensemble, le marché des produits de base s’est nettement amélioré depuis le début de 2016, alors que le cours du pétrole atteignait un creux. « La morosité du climat d’investissement et l’attitude pessimiste des marchés envers les produits de base ne sont pas passées inaperçues », a déclaré Rory Johnston, économiste chargé des produits de base à la Banque Scotia. « Et n’oublions pas que le pétrole influe nettement sur les perceptions à l’égard de ce segment. »

Cependant, toujours selon M. Johnston, les fondamentaux propres à chaque produit pourraient revigorer les prix au cours de la prochaine année, ce qui creuserait l’écart entre certains métaux et le cours du pétrole.  La remontée surprenante du cuivre, qui a bondi de 20 pour cent cet automne, a incité Goldman Sachs à revoir à la hausse le prix par tonne d’ici six mois, qui est maintenant fixé à 6 200 $. (Les prévisions antérieures établissaient plutôt ce prix à environ 4 800 $.) « Je ne sais pas si le cuivre se tirera mieux d’affaire que les autres produits de base en 2017, mais ce métal surpassera assurément nos attentes initiales », a poursuivi M. Johnston.

Les entreprises du secteur voient elles aussi d’un bon œil les perspectives à long terme du cuivre. « Rio Tinto est avantageusement placée pour tirer profit des solides fondamentaux à long terme du cuivre et la demande mondiale pour ce métal reste vigoureuse », a pour sa part déclaré Arnaud Soirat, chef de la direction, Cuivre et Diamants, à CIM Magazine.

Trois facteurs dynamisent la demande, selon lui, à savoir l’urbanisation, l’industrialisation et la quantité croissante de cuivre nécessaire pour résoudre le problème des changements climatiques. « Imaginez le jour où nous conduirons tous un véhicule électrique. » Ces voitures auront besoin de cuivre, mais les mines actuelles sont vieillissantes, leurs teneurs se dégradent et les capitaux injectés jusqu’à présent ne suffisent pas à pallier le manque à gagner. « C’est une bonne nouvelle pour nous, puisque le minerai de notre projet souterrain d’Oyu Tolgoï arrivera sur ce marché déficitaire en 2020 », a ajouté M. Soirat.

Pendant que Rio Tinto se concentre sur de nouvelles sources de cuivre, Glencore a de son côté décidé, à la fin de l’année 2015, de faire tourner ses mines au ralenti, une stratégie qui a contribué à la hausse récente du prix du zinc selon la Banque Scotia. En 2017, cette initiative de Glencore privera le marché de quelque 500 000 tonnes de concentré de zinc. L’entreprise a refusé de commenter, mais d’autres sociétés estiment que les perspectives du zinc demeurent prometteuses. « Le marché du zinc accuse un déficit depuis quelques années déjà, mais les prix ont tardé à réagir puisque nous avons puisé dans d’importantes réserves. Or, celles-ci atteindront bientôt un point critique », a expliqué Chris Stannell, porte-parole de Teck Resources. Le cours du zinc a en effet amorcé une remontée après avoir touché un creux au début de l’an dernier.

« Nous avions prévu que le zinc générerait le meilleur rendement de l’année », a déclaré M. Johnston.

De son côté, le nickel devrait également connaître une année intéressante. Toujours selon M. Johnston, « le nickel est un autre métal à suivre de près, car le recul de l’offre et les inquiétudes qui persistent à ce sujet découlent en majorité de la fermeture de mines, mais aussi de politiques gouvernementales ciblées. »

La décision du gouvernement des Philippines de suspendre la production de huit mines de nickel a ébranlé le marché, et la menace plane sur plusieurs autres projets miniers depuis que les pratiques environnementales sont dans la ligne de mire de l’État. En 2015, le pays a produit deux fois plus de nickel que son plus proche rival. M. Johnston a fait remarquer que l’effet des mesures de resserrement des règles environnementales aux Philippines est plus marqué pour les mines qui ne sont pas encore en production. L’État philippin a par exemple révoqué le permis environnemental du projet de mine de nickel d’Intex Resources d’une valeur de 2,5 milliards de dollars US.

Par ailleurs, la pression sur l’offre s’est relâchée au début de 2017 lorsque l’Indonésie a assoupli son interdiction d’exporter le minerai de nickel.

Bon nombre d’événements politiques pourraient perturber les marchés en 2017, notamment des victoires électorales imprévues en France et aux Pays-Bas. « Bien que ces situations n’influent pas directement sur le marché des métaux de base et la demande, leur évolution par rapport aux attentes affectera l’aversion au risque des investisseurs », a estimé M. Johnston. « L’orientation des politiques mondiales est très difficile à prévoir. Les variables sont nombreuses et les prochains résultats électoraux et référendaires pourraient faire dérailler nos perspectives de croissance. »

Et une inflexion, même modeste, de la demande chinoise est susceptible d’affecter les fondamentaux. L’an dernier, près de la moitié de la demande mondiale de cuivre, de nickel et de zinc provenait de la Chine. M. Johnston estime qu’un repli de deux pour cent de la demande chinoise transformerait radicalement le marché, alors que l’effet de vastes plans d’infrastructures en Amérique du Nord se limiterait probablement à un redoux du côté de la confiance des investisseurs.

« La vigueur des politiques de relance budgétaire en Chine fut pour moi l’une des grandes surprises de 2016 », a déclaré M. Johnston. « Ce pays demeure une énigme : nous pouvons certes spéculer sur les intentions de Beijing, mais au final, le gouvernement chinois est le seul à savoir où il s’en va. »

Traduit par CNW et Karen Rolland