Le ministre des Finances Bill Morneau a déposé le budget fédéral de 2018 à la Chambre des communes le 27 février. Avec l'aimable autorisation de le cabinet du premier ministre du Canada
Voici quelques-unes des initiatives du budget 2018 que saluent les groupes de l’industrie : perfectionnement et formation à l’emploi pour les Canadiens autochtones, Subvention incitative aux apprenties pour aider les femmes à entrer sur le marché des métiers et prolongation d’un an du crédit d’impôt pour l’exploration minière.
Cependant, l’Association minière du Canada (AMC) et l’Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs (ACPE) ont déclaré que le budget n’allait pas assez loin pour aider l’industrie minière canadienne à être compétitive à l’échelle mondiale.
Malheureusement, le budget fédéral 2018 offre peu de mesures pour améliorer la compétitivité du Canada, à un moment où la part relative des dépenses d’exploration et les nouveaux projets d’investissement minier sont en baisse, et que notre principal partenaire commercial, les États-Unis, a réduit considérablement ses impôts sur le revenu des sociétés et des particuliers, a déclaré dans un communiqué le président et chef de la direction de l’AMC, Pierre Gratton.
Le président de l’ACPE, Glenn Mullan, en convient, affirmant dans un communiqué que si le Canada reste un chef de file dans le secteur minier, à l’échelle internationale, il est devenu de moins en moins compétitif.
Selon le rapport de mars 2017 de S&P Global Market Intelligence sur les tendances mondiales dans le secteur de l’exploration minière, l’investissement dans l’exploration aurifère au Canada est passé à 487,2 M$ US en 2016, un recul de près de 110 M$ US par rapport à l’année précédente. Et pour la première fois depuis 2003, l’Australie a surpassé le Canada comme le premier foyer mondial d’exploration aurifère, avec des dépenses de 510 M$ US en 2016. Cependant, S&P a précisé que le Canada était la « cible nationale la plus populaire » pour les investissements en exploration, comptant pour 14 % du total mondial.
Le budget ne contient pas vraiment de mesures précises pour l’industrie minière, mais il renouvelle jusqu’au 31 mars 2019 le crédit d’impôt non remboursable de 15 % qui encourage l’investissement dans les petites sociétés minières. Les deux associations se réjouissent de la reconduite du crédit, même si elles avaient demandé une prolongation de trois ans.
« Le renouvellement d’un an du crédit d’impôt pour l’exploration aide nos membres à court terme », a commenté M. Mullan. « Nous avons cependant besoin de mesures plus importantes, de la part tant du gouvernement que de l’industrie, si l’on veut que les secteurs canadiens de l’exploration minière et de la mise en valeur demeurent compétitifs. »
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L’industrie devrait également bénéficier du nouveau Programme de formation pour les compétences et l’emploi destiné aux Autochtones, qui remplacera l’actuelle Stratégie de formation pour les compétences et l’emploi destinée aux Autochtones. Le gouvernement fédéral a réservé une somme de 2 milliards de dollars sur cinq ans pour le nouveau programme, qui mettra davantage l’accent « sur la formation liée à des emplois de plus grande qualité et mieux rémunérés plutôt qu’au réemploi rapide ». Le programme soutiendra également des services comme les services de garde, pour s’assurer que les femmes autochtones ont un meilleur accès à des possibilités de développement des compétences et de formation à l’emploi.
De plus, le gouvernement prévoit piloter une Subvention incitative aux apprenties, en injectant 19,9 millions de dollars sur cinq ans afin d’encourager les femmes à poursuivre une carrière dans les métiers à prédominance masculine. Les femmes qui occupent des métiers Sceau rouge, ce qui inclut les opérateurs/opératrices d’équipement lourd, d’excavatrices et de tractopelles-rétrocaveuses, recevront 3 000 dollars par année au cours de leurs deux premières années de formation.
L’AMC se réjouit des deux mesures « mettant l’accent sur des efforts pour améliorer la diversité de la main-d’œuvre. » Selon un rapport de 2015 du Conseil des ressources humaines de l’industrie minière (RHiM), les femmes ne représentent que 17 % de la main-d’œuvre au sein de l’industrie minière canadienne, soit 38 600 postes.
Le budget prévoit un financement de 1 milliard de dollars pour mettre sur pied le nouveau système d’études d’impact proposées et la Régie canadienne de l’énergie, et diverses sommes sont attribuées à plusieurs initiatives gouvernementales pour lutter contre les changements climatiques. Le gouvernement fournira 109 millions de dollars sur cinq ans à l’Agence du revenu du Canada et à Environnement et Changement climatique Canada pour mettre en œuvre, administrer et appliquer le régime fédéral de tarification de la pollution causée par le carbone. Le ministère de l’Environnement recevra également la somme de 20 millions de dollars sur la même période pour évaluer l’efficacité du Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques, auquel toutes les provinces, sauf la Saskatchewan, ont adhéré.
Le gouvernement accorde une grande place à la recherche scientifique et à l’innovation dans le budget, ce dont devraient bénéficier les secteurs de l’exploitation minière et de la prospection des minéraux. Les conseils subventionnaires du Canada et les établissements de recherche recevront 1,7 milliard de dollars sur cinq ans, dont 354,7 millions de dollars iront au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie pour appuyer la prochaine génération de chercheurs canadiens. De plus, le gouvernement investira 1,3 milliard de dollars sur la même période dans les laboratoires, l’équipement et les autres infrastructures de recherche.
Le programme des Chaires de recherche du Canada reçoit également un financement incitatif de 210 millions de dollars afin de soutenir les chercheurs en début de carrière tout en assurant une plus grande diversité parmi les chercheurs sélectionnés et un nombre accru de femmes nommées à des chaires de recherche du Canada.
Dans un communiqué de presse, l’Association for Mineral Exploration (AME) de la Colombie-Britannique s’est déclarée satisfaite de l’augmentation du financement en recherche. « Nous espérons voir une augmentation de l’investissement dans les sciences et technologies connexes aux ressources, particulièrement dans les géosciences et l’exploration minière, en appui à la découverte de nouvelles ressources minérales et à leur mise en valeur responsable », a déclaré la présidente du conseil de l’AME, Lyn Anglin.
Le budget met aussi l’accent sur la recherche interdisciplinaire en proposant deux nouvelles initiatives de financement. Une somme de 2,8 milliards de dollars est prévue pour créer un groupe de recherche collaborative multifonctionnelle qui regroupera les scientifiques et les installations des ministères d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, de Ressources naturelles Canada, de Pêches et Océans Canada, et d’Environnement et Changement climatique Canada, du Conseil national de recherches et d’ailleurs « afin de faire avancer la recherche interdisciplinaire sur notamment les changements climatiques, la protection des océans et la santé humaine ».
Le gouvernement propose de fournir 275 millions de dollars pour créer un nouveau fonds pour les trois conseils - Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, Instituts de recherche en santé du Canada; Conseil de recherches en sciences humaines - « pour soutenir la recherche internationale, interdisciplinaire, présentant des risques élevés et demandant des résultats rapides ».