On aperçoit ici l’usine de traitement du minerai de fer Solomon de Fortescue Metals en Australie-Occidentale. Cette année, un minerai de fer de plus grande qualité et à faible coût, en provenance de l’Australie et du Brésil, devrait arriver sur le marché. Avec l’aimable autorisation de Fortescue Metals

En 2019, le marché des matières premières portera une attention particulière à la Chine. « Possédant pratiquement la totalité des matières premières, la Chine consomme 50 % de la demande actuelle, mais aussi de la demande croissante, a déclaré Rory Johnston, économiste spécialiste des matières premières à la Banque Scotia. Et cela peut changer du jour au lendemain. » Des questions demeurent quant au lancement de grands projets d’infrastructures pour relancer l’activité (comme l’a déjà fait le pays par le passé), mais M. Johnston prédit qu’en 2019 la Chine orientera sa relance davantage vers les secteurs de la consommation et des nouvelles industries plutôt que vers les constructions lourdes traditionnelles – autrement dit, cela annonce de meilleurs jours pour le pétrole que pour les métaux.

Cette année, M. Johnston a ses yeux fixés sur le cuivre, connu pour être l’indicateur de toute l’industrie. Bien qu’il soit prévu que les prix augmentent pour atteindre 3,00 $ US la livre, l’économiste croit qu’ils devraient être plus élevés afin d’encourager les investissements dans de nouvelles mines, qui ne seront pas mises en service avant des années. « Ce sont des facteurs macroéconomiques, dont les préoccupations concernant la croissance, la guerre commerciale que mène la Chine et le ralentissement économique de Beijing, qui retiennent le cuivre », a annoncé M. Johnston. « À cause de la place qu’il tient dans l’économie moderne, le cuivre est particulièrement exposé aux humeurs changeantes des marchés. Tout au long de l’année, ces derniers resteront attentifs à un éventuel dénouement de cet extrême pessimisme. »

L’aluminium est une autre matière première qui dépend grandement de la Chine. M. Johnston a dit : « C’est un facteur structurel à long terme ». La structure est la suivante : Un déficit de l’offre en dehors de la Chine et une offre excédentaire dans le pays s’équilibrent par des exportations chinoises. Or, puisque la Chine entreprend des efforts pour réduire la production des fonderies dans tout le pays et dévoile sa nouvelle initiative environnementale « Ciel bleu », cédant devant la pression d’améliorer la qualité de l’air, les prix de l’aluminium vont grimper. Willis Thomas, analyste de CRU Consulting, a également fait remarquer que deux des principaux moteurs du marché de l’aluminium en 2018 – la saga du deuxième producteur d’aluminium en importance au monde, Rusal, en Russie, dont les sanctions américaines ont été levées récemment, et le possible armistice de la guerre commerciale – pourraient être de l’histoire ancienne en 2019, mais il prédit néanmoins que l’évolution des prix continuera de dépendre de facteurs macroéconomiques, tels que tout changement dans l’économie de la Chine.


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Selon M. Johnston, en ce qui concerne le marché de l’or, les prévisions pour l’année 2019 sont sensiblement similaires à celles de 2018 – c’est-à-dire que la hausse des taux d’intérêt et le recul du dollar devraient pousser le prix de l’or à 1 300 $ US l’once à long terme. Cependant, cela dépendra d’où et quand ces facteurs se rencontreront et, si les taux d’intérêt ne se normalisent pas avant que le dollar ne recule, les prévisions indiquent que le prix de l’once d’or oscillera autour de 1 200 $ US.

En établissant  un nouveau record de prix au début du mois de janvier, le palladium démarre l’année 2019 en beauté. « Nous pensons que les prix vont se stabiliser dans ces eaux-là, car il y a un vrai déficit sur le marché, qui a du mal à garantir le produit », a déclaré Jim Gallagher, président et chef de la direction de North American Palladium. Près de 80 % de la consommation de palladium est destinée aux convertisseurs catalytiques pour l’essence. Bien qu’en 2018 les ventes automobiles aient été stables, M. Gallagher a indiqué que le déclin des ventes de moteurs diesel conjugué aux rudes nouvelles normes d’émission de la Chine et de l’Union européenne a intensifié la demande de palladium. Il a ajouté : « Ces pays sont très sérieux quant à la réduction de la pollution et c’est l’élément moteur du marché ».

Alors que l’industrie de l’acier inoxydable reste le moteur principal des prix du nickel, ce dernier est de plus en plus utilisé, au même titre que le cobalt, dans la fabrication des batteries au lithium-ion destinées à alimenter les véhicules électriques. Felix Maire, analyste principal en stockage et énergies renouvelables pour S&P Global Platts, a remarqué que l’augmentation des prix du cobalt a conduit les fabricants à substituer le nickel, dont le prix est relativement stable, à ce métal – en partie grâce à l’augmentation du nombre d’usines de traitement en Indonésie.

Alors que la demande de minerai de fer se stabilise, de la marchandise de grande qualité et à faible coût provenant de l’Australie et du Brésil, les deux plus grands producteurs de l’industrie, vient alimenter le marché, d’après M. Johnston. Avec une production chinoise de minerai de fer de faible qualité à coût élevé destinée principalement au marché national, les prix devront être maintenus assez bas – autour de 65 $ US selon M. Johnston – pour éliminer la concurrence chinoise. La distorsion du marché de minerai de fer est également causée par l’augmentation des rabais entre le minerai à teneur élevé et celui à plus faible teneur. En Chine, les prix de l’acier ont augmenté en flèche grâce à la capacité de restriction dont on fait preuve les Chinois – en partie pour résoudre la déflation des prix après des années de surproduction. « Afin d’obtenir ces prix élevés, il faut récupérer le plus d’acier possible des fonderies et perdre le moins de minerai possible dans les hauts fourneaux, a précisé M. Johnston. La meilleure façon d’y arriver est d’y intégrer du minerai avec une teneur en fer plus grande. » Cependant, il prédit aussi que le marché va commencer à se stabiliser et que l’industrie mondiale de l’acier s’orientera davantage vers des processus qui réduiront les émissions et seront plus écologiques, plaçant ainsi les producteurs qui sont en mesure d’extraire du minerai à teneur élevée en bonne position en 2019.