De gauche à droite: David Cataford, Denise Johnson, Mark Cutifani, Jody Kuzenko, Jerrod Downey.

La pandémie de COVID-19 a secoué la planète entière, et l’industrie minière n’a pas fait exception à la règle. Aujourd’hui, certaines régions du monde commencent à voir de la lumière au bout du tunnel grâce aux campagnes de vaccination. Mais en mars 2020, lorsque les provinces et territoires canadiens déclaraient l’état d’urgence face à la pandémie, personne ne savait vraiment ce que l’avenir nous réservait. Rapidement, nous avons compris que notre événement phare, le congrès annuel de l’ICM prévu pour le mois de mai à Vancouver, ne pourrait avoir lieu.

Plus d’une année plus tard, il apparaît clairement que l’industrie a su faire face à cette crise d’une manière louable. Le congrès et salon commercial l’EXPO de l’ICM est revenu sur l’avant de la scène, cette fois-ci sous format virtuel, et nous sommes fiers de vous présenter le CIMVTL21. Ce congrès est un exemple supplémentaire de la grande capacité de l’industrie minière à adapter ses activités de manière à atténuer les répercussions de la pandémie. La séance plénière d’ouverture, le premier événement du congrès, s’est concentrée, comme il se doit, sur le thème au cœur du congrès : « Résilients et prospères ».

La plénière était animée par Jerrod Downey, président de Crownsmen Partners, et les participants virtuels du monde entier ont écouté quatre conférenciers : Jody Kuzenko, présidente et chef de la direction de Torex Gold Resources ; David Cataford, président et chef de la direction de Champion Iron ; Denise Johnson, présidente du groupe Caterpillar ; et Mark Cutifani, directeur général d’Anglo American. Chaque conférencier a abordé le thème de la résilience et les changements qu’ils ont dû faire en raison de la pandémie, mais également des domaines spécifiques auxquels leur société s’est intéressée durant cette année particulière.

Pour Torex Gold, la priorité a été de renforcer la diversité aux niveaux de la direction et de l’administration, mais aussi au niveau opérationnel où le pourcentage de femmes est plus faible. Pour Mme Kuzenko, les sociétés minières axées sur l’avenir ont un « impératif envers l’inclusion ».

« Quand je parle d’[impératif envers l’inclusion], j’entends l’inclusion au-delà des considérations liées au genre. Je parle du respect pour les communautés d’accueil et les peuples autochtones. L’industrie utilise un acronyme pour cet aspect particulier : D & I, pour " diversité et inclusion ". Apparemment, cela implique d’inclure les femmes et les minorités visibles aux conseils de direction, et de présenter cette intégration dans les statistiques », indiquait Mme Kuzenko. « Dans mon esprit, l’inclusion va bien plus loin. Il s’agit tout d’abord d’une action, axée sur l’idée selon laquelle des éléments individuels sont intégrés dans le tout. Cette action va de pair avec un sentiment d’appartenance. » Selon elle, les sociétés minières doivent, pour réussir, être prêtes à intégrer l’expérience des communautés dans lesquelles elles souhaitent évoluer. « Pour moi, il est impératif d’adopter une position authentique face à l’inclusion si l’on souhaite obtenir et préserver notre permis social d’exploitation. »

Pour M. Cataford, si la pandémie a présenté un certain nombre de difficultés pour les sociétés opérant dans une région isolée du Québec, elle a également ouvert des possibilités de mieux communiquer avec les communautés locales et a permis aux employés de prendre leurs propres initiatives pour résoudre les problèmes. M. Cataford a donné l’exemple de l’un des employés de Champion, qui a décidé d’acheter pour 500 dollars de chocolats qu’il a distribués à la communauté locale pour Pâques l’année dernière, afin d’amener un air de fête à cette célébration dans les circonstances de l’époque.

« Ce geste a sans doute eu plus d’impact auprès des communautés locales que les centaines de milliers de dollars que nous avons investis l’année précédente. Cela a été un grand événement dans la ville, et nous avons compris à quel point il était important de donner la possibilité à nos employés de faire ces petits gestes dans la communauté. Nous avons également compris qu’il fallait réduire les formalités administratives afin de permettre aux personnes menant ce genre d’initiatives d’agir très rapidement et de faire face à diverses difficultés ponctuelles. Enfin, les employés doivent comprendre que ces initiatives sont importantes à nos yeux, qu’en tant que société, nous apprécions l’investissement de nos employés pour résoudre des problèmes ou difficultés de plus petite envergure », déclarait M. Cataford.

Mme Johnson a parlé de l’attention accrue qu’a portée Caterpillar envers la sécurité, mais également du changement qu’a entraîné la pandémie dans la manière dont la société utilise la technologie pour mener ses activités dans les sites miniers, notamment en accordant désormais une grande place à la formation et aux activités virtuelles.

« En collaboration avec plusieurs sociétés minières, [notre débat] s’articulait autour de la façon dont nous pourrions utiliser la technologie plus rapidement et améliorer ce que nous avons fait jusqu’à présent. D’une certaine manière, cela a réellement engendré un grand nombre de changements dans la façon dont nous menons nos activités et nos formations », indiquait Mme Johnson. « Dans l’environnement actuel, nous travaillons beaucoup plus avec la formation virtuelle ou à distance afin d’éviter les contacts sur le site, particulièrement pour les employés faisant la navette, pour lesquels l’exposition peut réellement devenir un problème. Nous avons fait notre possible pour minimiser cet impact. Par exemple, la formation à distance ou les mises à jour de logiciels sont des choses que nous effectuons désormais de manière dématérialisée, alors que jusqu’ici, nous envoyions une équipe sur place pour installer ces mises à jour. Ce genre de changements, ainsi que les attentes face à l’utilisation de la technologie dans un laps de temps beaucoup plus restreint, sont réellement des choses qui sont devenues impératives ces derniers 12 à 18 mois. »

Enfin, M. Cutifani a parlé de la perception qu’a la société de l’industrie minière et des avantages qu’elle lui confère. D’après lui, l’industrie minière contribue à 45 % de l’activité économique à l’échelle mondiale au travers de la vente de produits de base qui, à son tour, soutient d’autres industries telles que le secteur de l’énergie, de l’agriculture, de la construction, des transports, etc. Toutefois, les sociétés minières doivent s’atteler davantage à lutter contre la perception selon laquelle l’exploitation minière, en tant qu’industrie, « prend davantage que ce qu’elle ne donne ». M. Cutifani a exposé trois piliers de la stratégie d’Anglo American pour démontrer la valeur de ce secteur au public.

« Pour nous, le premier pilier concerne un environnement sain, qui s’assure que nous prenons soin de nos voisins », déclarait-il. « Le second consiste à créer une communauté qui prospère, car être partenaire d’une communauté, c’est aussi s’assurer qu’elle réussit. Quant au troisième pilier, il consiste à garantir que notre société est un chef de file digne de confiance. Il est primordial de diffuser ces messages, qui sont au cœur de mes priorités en tant que directeur général d’Anglo American. »

Les changements rendus nécessaires par la pandémie pourraient avoir des répercussions positives durables sur le long terme. Lorsqu’on lui demandait quel enseignement l’industrie allait tirer de l’année qui vient de s’écouler, Mme Kuzenko déclarait que « pour elle, le thème au cœur du [congrès] de l’ICM, la résilience, résumait parfaitement ce changement. On peut être circonspect quant au développement de compétences relatives à la résilience… et si l’on adopte cette approche, cette résilience consiste à évoluer dans une situation dont on ressortira plus dynamique, plus élevé et mieux à même de faire face à ce qu’il adviendra à l’avenir. S’assurer que ces compétences sont totalement ancrées dans les organisations sera un atout extrêmement précieux pour l’industrie de demain. »