(De gauche à droite) Luc Sirois, Denise Johnson, Louis-Olivier Roy, Louise Grondin, Carl Weatherell et Angelina Mehta à la séance panel plénière de mardi

L’innovation est la clé de la décarbonisation, a dit Luc Sirois, directeur de l’innovation au Conseil de l’innovation du Québec, dans son discours liminaire lors du deuxième jour du Congrès 2023 de l’ICM le 2 mai.

« Nous allons prospérer à travers l’innovation, et l’innovation consiste de plus que les jeunes pousses. Ça va plus loin que la Silicon Valley », disait Sirois.

Sirois urgeait le public dans la salle d’agir et de créer de l’innovation dans leurs propres entreprises, déclarant que c’est un moteur de richesse et d’impact social au Canada et que l’innovation ne peut pas se produire sans collaboration.

« S’asseoir tous ensemble, ce n’est pas assez », disait-il. « Il faut faire des liens. Parce qu’en tant que nation, nous faisons face à un dur défi. Nous faisons face au défi de la productivité… Nous devons créer de la richesse égale à notre potentiel, égale à nos connaissances, égale à notre recherche, égale à ce dont nous sommes capables, parce que la richesse que nous allons créer va venir de notre créativité; de nos idées. »

Le Canada est en retard sur d’autres pays à revenu élevé en terme de productivité et de croissance d’investissement selon l’information provenant de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). La ministre des Finances Chrystia Freeland a fait référence à ce défi lorsqu’elle a tablé le budget le 7 avril 2022, décrivant la productivité et l’innovation comme le « talon d’Achille de l’économie canadienne ».

« Les Canadiens sont les personnes les mieux éduquées dans l’OCDE, » disait Freeland dans son discours du budget. « Nos scientifiques gagnent des prix Nobel, et nos villes font compétition à la Silicon Valley dans leur création d’emplois à hauts salaires en technologie. Par contre, nous perdons du retard sur la productivité économique… C’est un problème canadien bien connu, et un problème insidieux. »

Sirois a déclaré que ce fait est inacceptable et qu’améliorer la productivité est critique pour le futur du pays. « Nous sommes une nation de créateurs, de bâtisseurs… c’est pour ça que la collaboration est importante », disait-il. « C’est pourquoi nous devons trouver de nouvelles façons de propulser des résultats. »

La discussion plénière du panel qui a suivi a fait écho à ces sentiments. Le groupe était d’accord avec le fait que les entreprises minières doivent tourner leur regard vers la décarbonisation en tant que défi d’industrie et doit faire collaborer non seulement des employés, mais aussi des compétiteurs.

Modéré par Angelina Mehta, directrice générale de la société commune chez Rio Tinto Aluminium, le panel incluait Sirois; Carl Weatherell, directeur exécutif et général au Conseil canadien de l’innovation minière (CMIC); Louise Grondin, cadre retraitée anciennement chez Agnico Eagle Mines; Louis-Olivier Roy, directeur du développement des affaires chez Optel; et Denise Johnson, présidente de groupe pour les industries des ressources chez Caterpillar Inc.

« La collaboration est absolument nécessaire, particulièrement dans le contexte de la traçabilité des chaînes d’approvisionnement pour en créer de nouvelles qui seront plus durables », disait Roy. « Nous avons besoin que les gens se rassemblent, qu’ils comprennent comment ils peuvent travailler ensemble et ultimement qu’ils aident à décarboniser des projets. »

Grondin s’est prononcée sur le fait que travailler ensemble aide les gens à apprendre des erreurs des autres et instaure la confiance que tout est possible. « Vous ne voulez pas réinventer la roue à chaque fois, » disait-elle.

Les panélistes ont souligné que puisque la course vers la décarbonisation implique des objectifs ambitieux pour l’amélioration sur un très court laps de temps, à part la collaboration, il doit aussi y avoir une volonté et une permission de subir des échecs.

Sirois a fait référence au sport national favori des Canadiens, le hockey, disant qu’il est important de continuer à tirer même lorsque l’on manque le filet. Il a ajouté qu’il était important de cultiver une culture qui permet la pensée libre et qui laisse l’expérimentation s’épanouir.

« Le vrai courage est de laisser les enfants jouer, » disait-il. Il a décrit que certaines entreprises sont capables de maintenir leurs indices de performance clés en tête tout en permettant à leurs employés d’avoir la liberté de travailler sur de nouvelles idées et de nouveaux projets.

Weatherell a continué en affirmant que plusieurs innovations qui proviennent de grandes entreprises technologiques telles que Apple, Google et Blackberry sont des résultats provenus de projets entrepris sur le côté. Ceci découle des employés qui passent un pourcentage de leur temps au travail à « simplement jouer », ou, en d’autres mots, à travailler sur des projets personnels qui pourraient bénéficier leur entreprise.

Les panélistes ont réitéré que bien qu’il soit important de donner de la liberté aux employés, le partenariat avec d’autres entreprises est également crucial. Johnson a affirmé qu’il est important de codévelopper de la technologie avec des compétiteurs pour le bénéfice de l’industrie entière, puisque la pensée restreinte ne réussira pas à résoudre la décarbonisation.

Sirois a encouragé les spectateurs à établir des liens avec d’autres personnes dans la salle pour avoir un impact positif sur l’industrie.

« J’espère que ces liens vont transformer d’industrie, vont se matérialiser en vrais projets, vont se matérialiser en initiatives pour l’innovation, vont se matérialiser en projets de décarbonisation, et que nous ferons tous une différence pour la nation, » disait-il.

« Nous devons décarboniser. Allons-y, faisons-le », a résumé Grondin avec ses derniers mots pour le panel.

 

Traduit par Sarah St-Pierre