Cette expansion viendra ajouter 96 nouvelles cuves AP60, ce qui augmentera la capacité de l’aluminerie à environ 220 000 tonnes par an. Avec l’aimable autorisation de Rio Tinto

Rio Tinto investit 1,4 milliard de dollars pour agrandir son aluminerie équipée de la technologie d’électrolyse à faibles émissions de carbone AP60 au Complexe Jonquière, dans la région de Saguenay–Lac-Saint-Jean au Québec. Jakob Stausholm, chef de la direction de Rio Tinto, déclarait lors d’une conférence de presse le lundi 12 juin que cette expansion marquait « le début d’un nouveau chapitre pour nos exploitations d’aluminium au Québec ». Il ajoutait qu’il s’agit de l’investissement le plus important dans le secteur de l’aluminium de la province depuis plus d’une décennie.

« Cet investissement est également le plus important dans le monde occidental depuis plus d’une décennie. Il renforcera encore davantage notre offre de produits de haute qualité et à faibles émissions de carbone à nos clients, qui s’efforcent de réduire leur propre empreinte carbone », indiquait-il.

Les alumineries sont composées de plusieurs cuves d’électrolyse connectées, où l’électrolyse sert à produire l’aluminium primaire. Les équipes de recherche et développement (R&D) de Rio Tinto ont mis au point la technologie d’électrolyse AP60, qui est actuellement, d’après la société, la plus efficace et parmi celles affichant les plus faibles émissions de carbone disponibles à grande échelle sur le marché. La société a produit le premier métal à l’aide de la technologie d’électrolyse AP60 en septembre 2013.

Le Complexe Jonquière compte actuellement 38 cuves AP60 en service. La capacité de production annuelle est de 60 000 tonnes d’aluminium primaire, et cette expansion viendra ajouter 96 cuves AP60 qui permettront d’amener la capacité de l’aluminerie à environ 220 000 tonnes par an, soit une quantité suffisante pour fabriquer 400 000 véhicules électriques, indiquait la société. La construction s’étalera sur deux ans et demi. Les nouvelles cuves seront mises en service au premier semestre 2026 et l’usine atteindra la pleine capacité d’ici la fin de l’année 2026.

D’après Rio Tinto, la technologie AP60 génère environ 1,6 tonne d’équivalent en dioxyde de carbone (équivalent CO2) par tonne d’aluminium produite lorsqu’elle est associée à l’hydroélectricité renouvelable utilisée dans ses exploitations canadiennes. Ceci correspond à une réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la technologie actuellement utilisée à l’usine Arvida, qui émet environ 3,2 tonnes d’équivalent CO2 par tonne d’aluminium. C’est aussi une réduction considérable par rapport à la moyenne de l’industrie, qui émet plus de 12 tonnes d’équivalent CO2 par tonne d’aluminium.

La fermeture progressive des salles de cuves de l’aluminerie Arvida de Rio Tinto, qui est située sur le même site, sera amorcée en 2024 et coïncidera avec l’expansion de l’aluminerie AP60. D’après Rio Tinto, cette nouvelle capacité compensera les 170 000 tonnes de capacité perdue en raison de la fermeture progressive des salles de cuves de l’aluminerie d’Arvida. De plus, Rio Tinto ajoutera 30 000 tonnes de nouvelle capacité grâce à la mise en service annoncée précédemment d’un centre de recyclage de l’aluminium à Arvida au cours du premier trimestre 2025. Ce centre de recyclage comprendra l’intégration de l’aluminium post-consommation recyclé dans les alliages d’aluminium primaire.

« Arvida continuera de jouer un rôle important en tant que centre de recherche et de base pour notre centre de recyclage, qui compensera la production aux côtés de l’aluminerie AP60 », indiquait M. Stausholm. « En exploitant le plein potentiel de nos actifs existants, nous remplissons notre objectif visant à trouver de meilleurs moyens de fournir au monde entier les matériaux dont il a besoin. »

L’investissement dans l’expansion comprend un soutien financier du gouvernement du Québec qui pourra atteindre 150 millions de dollars. « Une belle dynamique s’installe dans nos régions en faveur de l’économie verte », déclarait François Legault, Premier ministre du Québec, dans un communiqué de presse du 12 juin. « L’industrie de l’aluminium au Saguenay–Lac-Saint-Jean a toujours été une grande source de fierté et de richesse dans la région. L’annonce d’aujourd’hui donnera une nouvelle vie à cette industrie, avec des procédés plus verts et moins polluants. »

D’après le gouvernement du Québec, la province est la quatrième plus grande productrice au monde d’aluminium primaire, avec une production de près de 2,9 millions de tonnes par an. Environ 90 % de l’aluminium canadien, et près de 70 % de l’aluminium d’Amérique du Nord, sont produits au Québec.

« Pendant des décennies, le Québec s’est distingué par sa production d’aluminium la plus écologique au monde, alimentée par de l’hydroélectricité 100 % renouvelable », indiquait M. Stausholm. « C’est grâce à nos collègues et partenaires québécois brillants et innovants que cette région est devenue le centre de la production d’aluminium dans le monde occidental. »

En avril cette année, Rio Tinto a commencé les travaux de construction pour l’expansion à son aluminerie près d’Alma, au Québec, dans l’optique d’augmenter sa capacité à couler des billettes d’aluminium à faibles émissions de carbone. Cette expansion devrait être mise en service durant le premier semestre 2025.

Rio Tinto a aussi signé un protocole d’accord avec le gouvernement fédéral qui, selon la société, intensifie son engagement à renforcer la chaîne d’approvisionnement nationale. « À travers la collaboration avec le gouvernement du Canada, nous procédons à la décarbonation de nos exploitations de fer et de titane à Sorel-Tracy et transformons nos activités en un centre d’excellence pour le traitement des minéraux critiques », ajoutait M. Stausholm. « Notre priorité sera de décarboner notre chaîne d’approvisionnement de l’aluminium ici, au Canada. »

François-Philippe Champagne, ministre canadien de l’innovation, des sciences et de l’industrie, déclarait dans le communiqué de presse du 12 juin que « le Canada a tous les atouts en main pour devenir le fournisseur d’aluminium écologique de prédilection à l’échelle mondiale. C’est la raison pour laquelle notre gouvernement collabore avec des acteurs clés de l’industrie tels que Rio Tinto pour produire l’aluminium le plus écologique au monde. En soutenant la production de métaux verts, nous nous assurons que le Canada reste à l’avant-garde de l’économie de demain. Lorsque les avantages économiques s’accompagnent d’un engagement à développer des solutions écologiques, c’est une victoire pour notre industrie, notre écosystème de technologies propres et nos travailleurs ».

Rio Tinto indiquait également qu’elle collabore avec les gouvernements du Canada et du Québec pour envisager l’utilisation de la technologie de production d’aluminium sans carbone ELYSIS à ses installations de Saguenay-Lac-Saint-Jean. Conformément au calendrier de développement actuel, la technologie ELYSIS pourrait être installée à partir de 2024, et la production de volumes plus importants d’aluminium sans carbone devrait être envisageable environ deux ans plus tard.

« La phase progressive de démobilisation d’Arvida et l’expansion de notre aluminerie AP60 constituent une étape importante alors que nous continuons d’œuvrer à la mise en place de notre technologie de production d’aluminium sans carbone ELYSIS », poursuivait M. Stausholm. « Nous sommes fermement engagés à assurer le développement d’ELYSIS, une technologie véritablement révolutionnaire qui bouleversera l’industrie de l’aluminium. Ce qui est clair pour l’instant, c’est que nous faisons de réels progrès vers la transformation de notre production d’aluminium. L’aluminium est un élément indissociable du monde dans lequel nous vivons et de la transition énergétique. La demande de métaux écologiques au profit de la décarbonation ne cesse de croître. Ensemble, nous nous assurons que le Canada est à l’avant-garde de ces efforts. » 

Traduit par Karen Rolland