D'après la Banque mondiale, si le secteur de l'EMAPE est rongé par des dangers professionnels et pour l'environnement, il est devenu une source majeure de revenus pour de nombreuses communautés appauvries. Avec l'aimable autorisation de l'International Peace Information Service (IPIS)
Le nombre total de personnes travaillant dans le secteur de l'exploitation minière artisanale et à petite échelle (EMAPE) a considérablement augmenté depuis 2009, lorsque la Banque mondiale l’estimait à environ 10 millions.
Rachel Perks, spécialiste principale de l'exploitation minière à la Banque mondiale et coautrice du rapport dans son pôle international Énergie et industries extractives, a organisé le 24 avril un séminaire en groupe de discussion au nom de la société de la gestion et de l'économie (SGE) de l'ICM dans lequel elle s'attardait sur la note de synthèse exhaustive de la Banque mondiale sur l'EMAPE, qui sera publiée cet été. Cette note de synthèse passera en revue les types d'aide dont le secteur de l'EMAPE a besoin de la part des gouvernements et des institutions financières telles que la Banque mondiale pour améliorer son bilan en matière de durabilité sociale et environnementale et d'exploitation minière responsable.
Dangers et récompenses de l'EMAPE
Mme Perks indiquait que, lorsqu'elle parle de l'EMAPE avec des professionnels de l'industrie partout dans le monde, les problèmes entourant ce secteur sont souvent évoqués. D'après un article de 2022 de la revue Environmental Health, les travailleurs du secteur de l'EMAPE sont exposés à des risques de toxicité, notamment par le cyanure et le mercure, et encourent des risques d'accidents sur le lieu de travail en raison d'un manque de matériel de sécurité, de formation et de réglementations en matière de sécurité dans les territoires où ont lieu les activités de l'EMAPE. Par ailleurs, les femmes sont souvent victimes de violence fondée sur le genre.
« Nous ne pouvons fermer les yeux sur le lourd tribut des impacts [dégradation environnementale, problèmes sociaux et autres risques] de la pratique actuelle de l'EMAPE », indiquait-elle.
Si l'EMAPE est réputée pour être une activité dangereuse, Mme Perks indiquait que les conversations entourant la santé et la sécurité au travail (SST) ont négligé un débat encore plus important, à savoir que l'EMAPE peut contribuer à renforcer la richesse au niveau individuel et communautaire pour les collectivités du monde entier. Nombre de personnes travaillant dans le secteur de l'EMAPE en dépendent pour sortir de la pauvreté et pour subvenir à leurs besoins et ceux de leur famille, indiquait-elle.
« La réalité est que l'EMAPE joue un rôle très important dans le développement national, mais on en parle peu », ajoutait Mme Perks.
Améliorer la SST pour les travailleurs du secteur de l'EMAPE
D'après Mme Perks, la Banque mondiale reconnaît que les gouvernements et les organisations internationales doivent investir dans la santé et la sécurité si elles envisagent de considérer l'EMAPE comme un secteur durable sur le plan social. Pour assurer la sécurité des travailleurs du secteur de l'EMAPE, elle argumentait qu'un soutien financier plus important est indispensable afin d'améliorer les sites miniers et de proposer une formation en SST aux mineurs. Avec une aide financière adaptée, d'importants sujets de préoccupation dans le secteur de l'EMAPE peuvent être ciblés, par exemple la réduction des écarts de salaire entre hommes et femmes et l’amélioration de la santé et la sécurité des travailleurs du secteur, en particulier la sécurité des femmes.
Une autre préoccupation en matière de SST qui doit être abordée afin de rendre plus durable sur le plan social le secteur de l'EMAPE consiste à tenir compte des cas de dégradation environnementale (telle que la pollution de l'eau) dans des sites miniers, qui ont des répercussions considérables sur la santé des communautés environnantes.
Mme Perks expliquait que dans les grandes exploitations minières, une société est tenue de déposer une obligation environnementale et d'assainir la zone une fois les activités minières terminées. Ce n'est pas le cas des mineurs d'EMAPE, qui laissent derrière eux des sites endommagés, surtout lorsque les activités impliquent la minéralurgie et la fonderie. Pour cibler cette question, il faut inciter les entités minières agréées à déposer une obligation, et à adhérer à des principes fondamentaux de gérance de l'environnement.
Aide du gouvernement
À la question de savoir comment officialiser le secteur de l'EMAPE, Mme Perks répondait que le soutien des gouvernements est indispensable, ajoutant que « les gouvernements doivent faire preuve de bien plus d'initiative et se placer au cœur des solutions et du travail [nécessaires] ».
Elle expliquait que les mineurs d'EMAPE peuvent aussi ne pas comprendre pourquoi ils ont besoin de l'aide du gouvernement en premier lieu, surtout lorsqu'il s'agit d'obtenir un permis ou un permis d'exploitation minière. Elle faisait remarquer que, la plupart du temps, aucun dispositif n'existe pour inciter les mineurs d'EMAPE à collaborer avec le gouvernement. De fait, aucun allégement fiscal ni aide gouvernementale ne sont prévues pour s’y retrouver au niveau des permis et des permis d'exploitation minière. Un plus grand soutien des gouvernements peut offrir aux mineurs davantage de ressources concernant les dangers connus, ainsi que des informations quant à la manière d'accéder à certains services, un point essentiel pour le secteur de l'EMAPE.
La note de synthèse de la Banque mondiale sur le secteur de l'EMAPE à l'échelle mondiale sera disponible sur worldbank.org dès sa publication.
Traduit par Karen Rolland