(De gauche à droite) Le modérateur de la séance Robin Stickley, aux côtés des conférenciers Christy Smith-Hadath, Carolyn Chisholm, Mark Patterson et Michael Goehring. Photo : Jon Benjamin Photography.
La séance générale du groupe d’experts de CIM Connect du 14 mai s’intéressait au potentiel des partenariats dans l’industrie minière, et aux domaines où il reste beaucoup de travail à accomplir, particulièrement avec les communautés autochtones et les établissements d’enseignement. Le modérateur et journaliste de renommée Robin Stickley a accueilli Carolyn Chisholm, directrice générale des affaires extérieures à Rio Tinto, Christy Smith-Hadath, vice-présidente à la mobilisation des Autochtones et des parties prenantes à Falkirk, Mark Patterson, responsable des mines pour la Colombie-Britannique (C.-B.) à PwC Canada et Michael Goehring, président et directeur général de la Mining Association of British Columbia (MABC, l’association minière de C.-B.).
Pour briser la glace avec les quatre conférenciers, M. Stickley leur a demandé ce qui les empêchait de dormir lorsqu’ils pensent aux manières de satisfaire les attentes sociétales relatives à la transition énergétique. La réponse de Mme Chisholm portait sur l’environnement et la demande croissante de cuivre au cours des 25 années à venir pour soutenir la transition énergétique. Dans le même registre, M. Goehring évoquait l’impératif pour le Canada de répondre à la demande croissance de minéraux critiques.
M. Patterson, pour sa part, abordait certaines préoccupations d’ordre environnemental, notamment la fréquence et la gravité des feux de forêts au Canada tous les étés. Quant à Mme Smith-Hadath, coautrice d’un ouvrage consacré à la promotion de la réconciliation économique dans le secteur des ressources, elle se disait inquiète du manque de consentement des peuples autochtones dans le secteur minier, indiquant que « nous devons intégrer le savoir autochtone dans [l’exploitation minière], et cela prend du temps ». Réitérant les propos de Freda Campbell durant la séance plénière d’ouverture du 13 mai, Mme Smith-Hadath attirait l’attention sur le fait qu’il ne fallait en aucun cas bâcler la création de partenariats authentiques avec les communautés autochtones.
M. Goehring a ensuite réitéré l’importance du point de vue de Mme Smith-Hadath, expliquant que la promotion de la réconciliation économique « prend du temps et représente un engagement ». Il ajoutait que l’industrie doit établir un dialogue à double sens reposant sur la confiance.
Mme Smith-Hadath était aussi d’avis que la confiance est un élément primordial. Toutefois, elle insistait sur le fait que les sociétés et toutes les personnes travaillant dans l’industrie ne doivent pas nécessairement chercher à créer ces liens en suivant un calendrier précis. « C’est injuste, car en fin de compte, ces relations devraient être… systématiques. »
En ce qui concerne l’équilibre à trouver par les sociétés entre les calendriers d’exécution et la création de relations sérieuses avec les peuples autochtones, Mme Smith-Hadath expliquait qu’il ne faut pas envisager ces relations d’un point de vue « transactionnel ». Au contraire, il faut absolument s’assurer que les intérêts sont partagés.
Mme Smith-Hadath ajoutait qu’il existe « des exemples exceptionnels partout au Canada, où les peuples [autochtones] ont vraiment créé des partenariats » qui progressent, engendrent des emplois et ouvrent d’autres possibilités aux talents locaux dans l’industrie. Ceci étant dit, elle faisait remarquer que l’industrie minière est encore assombrie par une certaine stigmatisation. Elle se remémorait sa propre expérience, au début de sa carrière dans l’industrie il y a 25 ans. À l’époque, les membres de sa communauté éprouvaient une « très forte aversion » vis-à-vis de ce secteur. Elle expliquait que, même aujourd’hui, malgré leurs qualifications pour travailler dans ce secteur, certains Autochtones sont nerveux à l’idée d’y travailler en raison des perceptions négatives qui persistent vis-à-vis de l’industrie minière.
Pour améliorer ces perceptions, elle encourage les gens à partager des récits positifs et « organiques » sur la participation des peuples autochtones aux partenariats. Parmi ces récits à succès qu’elle aimerait voir partagés, elle pense à ceux de personnes travaillant dans l’industrie minière qui pourraient être en proie à des problèmes de toxicomanie ou de santé mentale, et au soutien qu’elles ont reçu au travail. « C’est le genre de récits que nous devons partager, et je pense qu’il nous reste encore beaucoup à faire », indiquait-elle.
La discussion s’est ensuite orientée sur les problèmes au travail et la manière d’attirer de nouvelles recrues dans le secteur. M. Patterson expliquait alors que nombre de personnes ne comprennent pas la portée de l’industrie, tout particulièrement en C.-B., ajoutant que « tant de groupes [démographiques] sont laissés de côté ». Il ajoutait qu’il faut mettre en avant les avantages que représente une carrière dans l’industrie minière si l’on souhaite attirer de jeunes talents. Il faut multiplier les conversations sur ces avantages dans les salles de lycée et informer les étudiants quant aux possibilités de voyages et de leadership que ce secteur a à offrir.
Mme Smith-Hadath réitérait le point évoqué par M. Patterson, ajoutant que « nous devons trouver de meilleures manières de présenter notre histoire. Nous devons trouver de meilleurs moyens d’attirer des jeunes dans notre industrie, mais nous n’y parviendrons pas seuls ».
M. Goehring évoquait brièvement les résultats encourageants d’une étude de la MABC sur la chaîne d’approvisionnement menée entre 2021 et 2022, qui indiquait une hausse des partenariats d’entreprises avec les communautés autochtones dans l’industrie. En effet, plus de 150 entreprises affiliées à des Autochtones ont vendu l’équivalent de plus de 975 millions de dollars de biens et services à des mines et fonderies en exploitation de C.-B.
Alors que la séance du groupe d’experts touchait à sa fin, une question a été soulevée concernant la course aux minéraux critiques, et ce que cela représente pour le Canada de remporter cette course. M. Patterson faisait remarquer que, quand bien même « nous ne serons jamais le producteur de minéraux critiques à plus bas prix dans le monde », nous souhaitons terminer la course en mettant l’accent sur les références environnementales, sociales et de gouvernance.
Traduit par Karen Rolland