Du minerai contenant du cuivre, du cobalt et du nickel à la mine d’Andover, en Australie-Occidentale. Photo par Paul-Alain Hunt via Unsplash
Pour la troisième année consécutive, les dirigeants miniers ont identifié les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) comme l’un des grands risques pour l’industrie, lisait-on dans un rapport d’Ernst & Young (EY). Publié en octobre 2023, le rapport Top 10 business risks and opportunities for mining and metals in 2024 (Top 10 des risques et opportunités d’affaires pour l’industrie minière et métallurgique en 2024) de la société de services professionnels indiquait que les questions ESG constituaient la préoccupation numéro un des dirigeants miniers pour l’année 2024 pour plusieurs raisons, notamment (et pas la moindre) la difficulté à persuader les parties prenantes et les investisseurs.
Pour le rapport, EY s’est entretenue avec plus de 150 dirigeants miniers de régions minières majeures occupant diverses fonctions, notamment dans les secteurs de la durabilité, de la technologie et des ressources humaines. Paul Mitchell, chef de file pour les mines et les métaux à l’international chez EY, indiquait dans un communiqué de presse du 12 octobre que les dirigeants miniers qui s’intéressent aux principes ESG en 2024 assisteront à des retombées importantes sur leurs activités.
« De nombreuses sociétés minières cherchent à avoir une incidence positive », indiquait-il dans le communiqué de presse. « Pour celles qui y parviennent, les avantages sont importants. Elles auront notamment un meilleur accès au capital, un réservoir de talents plus sain et un permis social d’exploitation plus solide. »
Accorder la priorité aux questions ESG et avoir une incidence positive ne sont plus considérés comme des atouts bons à avoir, mais comme indispensables, lisait-on dans le rapport. Les investisseurs et les communautés deviennent toujours plus conscients des considérations ESG. Ainsi, il ne suffit pas de s’approcher de la ligne réglementaire sur la pointe des pieds. Les sociétés minières qui souhaitent obtenir des fonds devront aller au-delà des politiques actuelles mises en place par les gouvernements pour prouver leur engagement.
Après les facteurs ESG, c’est le capital qui arrivait en deuxième position des préoccupations pour le secteur minier en 2024, lisait-on dans le rapport. Dans le rapport de l’année dernière, le capital constituait le huitième plus grand problème pour les sociétés minières. Il apparaît clairement que le financement devient rapidement un thème au cœur des préoccupations, alors que le secteur se débat pour financer les développements nécessaires à la demande croissante en minéraux critiques essentiels à la transition énergétique.
« La course pour appuyer la transition énergétique s’accélère. La hausse de la demande en minéraux critiques met en évidence le rôle central du secteur minier », indiquait M. Mitchell. « L’entrecroisement de secteurs tels que l’automobile et la fabrication de batteries avec l’industrie minière signale une phase transformatrice, dans laquelle les efforts en collaboration marqueront le tournant nécessaire au progrès durable. »
Le rapport indiquait un nouveau risque auquel seront confrontées les sociétés d’exploitation des mines et des métaux en 2024, la cybersécurité. De fait, ce problème est redevenu critique pour la première fois depuis 2020, dans un contexte de menace complexe (consultez l’article sur Rob Labbé, expert en cybersécurité, et son point de vue sur la raison pour laquelle les sociétés minières doivent prendre plus au sérieux les cyber-risques). D’après l’enquête mondiale du conseil d’administration d’EY sur les risques, seulement 40 % des conseils d’administration des secteurs des mines et des métaux sont convaincus qu’ils comprennent bien les plus grandes cybermenaces pour leur organisation. Selon l’enquête, la cybersécurité doit être une considération majeure pour les dirigeants d’entreprise pour la planification de l’année à venir.
Des menaces en temps réel pèsent sur l’industrie minière. Ainsi, le rapport Top 10 business risks and opportunities for mining and metals in 2024 indiquait que les dirigeants doivent, plus que jamais, opérer avec transparence et communiquer clairement la valeur qu’ils offrent aux investisseurs et aux communautés, et pas seulement les avantages financiers.
« Les sociétés minières ne doivent plus se contenter de simplement répondre aux exigences réglementaires. Elles doivent améliorer la communication de la valeur non financière qu’elles apportent aux investisseurs et aux communautés », lisait-on dans le rapport. « En créant et en démontrant une vision plus vaste et plus audacieuse de la contribution positive d’une mine au-delà de sa durée de vie, une société montrera son engagement sociétal. »
Si le secteur se trouve dans une phase de transition massive et de changement, M. Mitchell reste convaincu que l’industrie persévérera en dépit des nombreux obstacles potentiels.
« Le classement de cette année met en exergue l’environnement opérationnel complexe que rencontrent les sociétés minières », indiquait-il. « Les risques sont nombreux, mais l’histoire prouve que le secteur est résilient et inventif, et qu’il saura transformer ces difficultés en opportunités. Nous espérons voir davantage de transparence, d’innovation, de collaboration et d’agilité au cours des 12 prochains mois, à mesure que les sociétés d’exploitation des mines et des métaux acceptent le côté positif du changement. »
Traduit par Karen Rolland