Le tumulte politique international qu'a entraîné la décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne (UE) commence à se calmer. Cependant, des incertitudes se profilent quant aux répercussions à long terme du vote sur le marché ainsi que sur les lois et réglementations britanniques.

 

L'une des grandes inconnues concerne la nature de la convention de séparation qui émergera entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, le temps qu'il faudra pour qu'elle aboutisse, ainsi que les lois et réglementations de l'industrie qu'il faudra modifier après la signature de cette convention.

 

« Certains traités internationaux relatifs à l'environnement, tels que la convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination, sont en vigueur dans la loi britannique en vertu des réglementations européennes », déclarait Penny Cygan-Jones, procureure principale spécialisée dans les questions relatives au pétrole et au gaz chez Norton Rose Fulbright. Ainsi, indiquait-elle, au vu de la décision du Royaume-Uni de quitter l'UE, cette loi ne fera plus partie du droit national britannique.

 

Cependant, « les lois britanniques existantes qui sont dérivées du droit européen resteront en vigueur après le Brexit, et tout changement sera introduit progressivement », ajoutait Mme Cygan-Jones.

 

Il faudra compter environ deux années de négociations pour décortiquer toutes les subtilités juridiques, mais pour l'instant, la convention de séparation se traduira fondamentalement par deux situations. Dans le premier cas, le Royaume-Uni serait intégré à l'espace économique européen (EEE) et maintiendrait son accès au marché unique ainsi qu'à ses lois et réglementations. Dans le second cas, le Royaume-Uni rejoindrait l'association européenne de libre-échange (AELE), une zone de libre-échange composée de l'Islande, du Liechtenstein, de la Norvège et de la Suisse, dont tous les pays membres ont également accès au marché unique de l'UE. Contrairement à l'EEE, l'AELE ne prévoit pas de mesures législatives pour ses États membres et ne force pas à l'intégration politique.

 

Dans les deux cas, le Royaume-Uni conserverait certaines lois et réglementations environnementales et se détacherait de certaines autres. Plus spécifiquement, expliquait Mme Cygan-Jones, « le Royaume-Uni ne serait plus tenu de suivre la politique agricole commune (PAC) ou la politique commune de la pêche (PCP), ni les directives européennes relatives aux oiseaux, aux habitats naturels et à la qualité des eaux de baignade ». De manière assez controversée, ces deux options impliqueraient que le Royaume-Uni autorise un certain degré de libre circulation des travailleurs européens vers l'île, ce à quoi s'opposent, de manière générale, les personnes ayant voté en faveur du Brexit.

 

Au milieu de tout cela, le gouvernement britannique s'efforce d'éviter la récession. Après le vote du 23 juin dernier, le chancelier de l'Échiquier (ministre des finances) George Osborne a annoncé que le Royaume-Uni projette d'ici 2020 de faire passer sous la barre des 15 % l'impôt sur les sociétés (le taux d'imposition est actuellement de 20 %), ce qui en ferait le plus faible parmi les grandes puissances économiques.

 

La London Metal Exchange (LME, la bourse des métaux de Londres), le centre mondial du marché des métaux, s'est tirée relativement indemne de la confusion qu'a entraîné le Brexit. « Malgré l'instabilité attendue après le résultat du référendum, les répercussions sur notre marché n'ont pas été aussi graves que l'on aurait pu l'envisager », déclarait Garry Jones, administrateur général de la bourse, dans une note à l'intention des membres le 29 juin. Les négociations de la LME se font en dollars américains (USD) et sont donc protégées contre les chutes abruptes de la livre britannique (GBP).

 

Pourtant, « la vigueur du dollar américain après le Brexit pèsera énormément sur le prix des matières premières », prévenait Rory Johnston, économiste spécialisé dans les produits de base à la Banque Scotia dans le dernier rapport Perspectives mondiales de la banque. « Nos perspectives mondiales en termes de croissance ont légèrement rétrogradé après le vote en faveur du Brexit, marquées par l'incertitude et un investissement plus faible partout en Europe », écrivait-il. Ainsi, M. Johnston prévoit une « légère tendance à la baisse pour 2017 » des prix du pétrole et de nombreux métaux communs.

 

Cette incertitude qui touche les économies européennes a fait remonter le prix de l'or, qui bénéficie des périodes de crise, et « elle devrait continuer à satisfaire la demande de classes d'actifs sûres », écrivait Douglas Rowlings, analyste chez Moody's, dans une note récente aux investisseurs.

 

Cependant, « malgré l'ampleur du choc qu'a subi l'Europe », déclarait M. Johnston de la Banque Scotia, « l'impact de cette décision en dehors de la région devrait rester relativement modéré, étant donné que les États-Unis, la Chine et l'Inde conservent des positions raisonnablement solides ».

Traduit par Karen Rolland