Collectivement, l'utilisation de l'électricité provenant du charbon par la Saskatchewan, l'Alberta, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse est responsable de 10 % des émissions de GES du Canada | Avec l'aimable autorisation de Walter Energy Canada par le biais de l'association charbonnière canadienne

Le Canada prévoit d'accélérer sa transition d'un modèle énergétique reposant sur la production d'électricité traditionnelle à partir de charbon à une utilisation plus généralisée de sources d'énergie propres d'ici 2030. Il rejoindrait ainsi près de 200 pays qui se sont fixés des objectifs nationaux consistant à réduire, au titre de l'accord de Paris, leurs émissions de dioxyde de carbone (CO2) au plus tard à l'horizon 2030. La ministre de l'environnement Catherine McKenna annonçait fin novembre dernier les mesures de réglementation prévues pour accélérer cette transition.

« Éliminer l'électricité produite à partir de charbon de notre bouquet énergétique en la remplaçant par des technologies plus propres contribuera à la réduction considérable de nos émissions de gaz à effet de serre (GES) ainsi qu'à l'amélioration de la santé des Canadiens, et profitera aux générations futures », indiquait Mme McKenna dans un communiqué de presse le 21 novembre dernier.

La Saskatchewan, l'Alberta, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse utilisent le charbon pour leur production d'électricité et seront les régions les plus affectées par ces changements. Leur utilisation collective d'électricité produite à partir de charbon représente 10 % des émissions de GES au Canada. La fermeture des centrales à charbon traditionnelles dans ces provinces permettra d'éviter la libération de 5 mégatonnes d'émissions de GES d'ici 2030. La Coal Association of Canada (CAC, l'association charbonnière canadienne) prévient toutefois que cela entraînera également des licenciements et augmentera les coûts liés à l'électricité pour les Canadiens.

« Il serait bien plus logique d'investir dans l'industrie du charbon pour réduire les émissions au niveau mondial que de tourner le dos à une forme d'électricité qui représente 40 % de la consommation à l'échelle mondiale », déclarait Robin Campbell, président de la CAC, exprimant sa déception face à cette décision.

D'ici 2030, on prévoit que les sources non émettrices telles que l'énergie hydroélectrique, éolienne et solaire génèrent 90 % de l'électricité utilisée par le Canada, une hausse par rapport aux 80 % actuels.

Si la CAC est en faveur d'une réduction des émissions et d'une amélioration du rendement énergétique dans le secteur, elle préférerait assister à un investissement dans des technologies du charbon épuré plus écologiques plutôt qu'à une suppression progressive accélérée de cette ressource. Cependant, la CAC appuie la décision du gouvernement fédéral de ne pas inclure les centrales utilisant la technologie de captage et stockage du dioxyde de carbone (CSC) dans la suppression progressive, citant le projet Boundary Dam de la Saskatchewan comme un parfait exemple de l'avènement de la CSC et des avantages indéniables de son utilisation partout dans le monde.

Dans les jours suivant l'annonce, la Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan ont négocié des ententes avec le gouvernement fédéral afin de pouvoir continuer à exploiter leurs centrales thermiques alimentées au charbon au-delà de 2030. La Nouvelle-Écosse, pour sa part, devra s'engager à réduire ses émissions de CO2 de 4,5 mégatonnes après 2030. L'accord de principe d'équivalence conclu par la Saskatchewan permet à la province de satisfaire aux exigences du gouvernement fédéral en matière d'émissions en ayant recours à la technologie de

CSC et à d'autres sources d'électricité renouvelables ou moins émettrices plutôt qu'en régulant chacune de ses centrales à charbon.

« La Saskatchewan peut aussi continuer à exploiter le charbon de manière responsable au-delà de 2030 à partir du moment où la province parvient à un équilibre équivalent entre les émissions et les réductions », indiquait Scott Moe, ministre de l'environnement de la Saskatchewan dans une déclaration le 28 novembre dernier.

Traduit par Karen Rolland