Dans le cadre du concours d'attribution de subventions de Génome Canada, une équipe de recherche internationale d'Ontario, du Québec, des États-Unis et d'Australie recevra 3,7 millions $ sur quatre ans pour caractériser les bactéries présentes dans les eaux usées de l'industrie minière. Les résultats du concours, qui a officiellement commencé en 2015, ont été annoncés le 8 décembre dernier.

Le projet, dirigé par la chercheuse Lesley Warren de l'université de Toronto, faisait partie des finalistes pour le secteur minier. Au titre du concours, Génome Canada a octroyé un total de 110 millions $ à 13 projets de part et d'autre du pays, tous dédiés aux ressources naturelles et à l'environnement.

L'étude menée par l'équipe sur les caractéristiques microbiennes et géochimiques combinées des eaux usées dans plusieurs mines est la première en son genre, indiquait Mme Warren.

Les membres de l'équipe tenteront d'une part de déterminer les capacités des bactéries en étudiant leur composition génétique, et chercheront d'autre part à évaluer les changements que connaît une population de bactéries dans les eaux usées sur une année, et les différences qu'elle présente avec les eaux usées dans d'autres climats. Comme l'expliquait Mme Warren, les exploitants miniers auront la possibilité, d'ici cinq ans d'après les travaux de l'équipe, d'obtenir auprès d'un laboratoire le profil des eaux usées de leur site.

Elle espère que ces travaux pourront aider les sociétés minières à anticiper avant qu'ils ne se produisent les problèmes liés à la gestion des eaux usées d'origine bactérienne. Environ 70 % de toutes les mines en exploitation sont exposées au risque de drainage minier acide (DMA).

« À l'heure actuelle, l'industrie sait que lorsque des problèmes commencent à survenir [avec les eaux usées], ils sont souvent d'origine bactérienne » et sont notamment associés aux bactéries qui se nourrissent de soufre, indiquait-elle. « Actuellement, en cas de problème microbien, on se trouve confrontés à une " boîte noire ". On ne sait réellement pas ce qui peut se produire. »

Au cours des quatre années à venir, les chercheurs devront périodiquement informer un comité de surveillance de Génome Canada de l'avancement de leurs travaux pour obtenir les versements supplémentaires de leur subvention.

En plus du financement octroyé par les gouvernements fédéral et de l'Ontario, Glencore, Hudbay et Rambler Metals and Mining offrent leur appui au projet de Mme Warren et son équipe (comme elle l'expliquait, ces trois sociétés sont conformes aux réglementations existantes en matière d'eaux usées).

« Le fait que ce projet avance aussi bien et fasse l'objet d'un financement vient bien prouver que l'industrie s'intéresse à la technologie et reconnaît sa valeur », indiquait Karen Dewar, directrice des programmes de génomique à Génome Canada.

Une équipe d'évaluateurs a examiné les propositions soumises à Génome Canada sur la base de la qualité de la question au cœur de la recherche, des avantages sociaux et économiques possibles ainsi que de la structure de financement et de gestion. La proposition de Mme Warren a obtenu de très bons résultats dans tous les domaines, expliquait Mme Dewar. « L'aspect scientifique de ce projet s'est révélé absolument compétitif sur le plan international. »     

Traduit par Karen Rolland