La région du Nunavik dans le nord du Québec présente un grand potentiel pour la prospection des éléments de terres rares. Shutterstock

Le Québec a une longue histoire dans l’extraction aurifère. C’est en 1835, dans la région de la Beauce, qu’ont été découvertes les premières pépites d’or. Depuis 1901, les explorateurs sont arrivés en masse dans la région de l’Abitibi à la recherche de métaux précieux. Aujourd’hui, les camps aurifères de l’Abitibi restent le principal centre de l’activité d’exploration. Toutefois, certaines sociétés d’exploration s’aventurent dans les régions plus éloignées du nord du Québec. Simultanément, les demandes changeantes du marché et le solide soutien du gouvernement ont renforcé l’intérêt dans la recherche d’autres matières premières.

D’après les données préliminaires de 2021 de l’institut de la statistique du Québec (ISQ), 484 projets d’exploration (mise en valeur préalable au développement) dans la province ont déclaré des dépenses d’exploration dans des projets dédiés aux métaux précieux, 236 ont annoncé des dépenses dans des projets impliquant des métaux ferreux et communs, et 112 ont investi dans des projets à la recherche de lithium, de graphite, de terres rares et d’autres matières premières nécessaires aux énergies vertes.

Le Québec se trouve invariablement en tête de liste dans toutes les catégories de l’Annual Survey of Mining Companies (l’enquête annuelle sur les sociétés minières) de l’institut Fraser à l’échelle mondiale. En 2021, la province s’est retrouvée en sixième place en termes d’attrait pour les placements, et en cinquième place pour la perception de la politique.

Mis à part la richesse minérale des sols de la région, ces classements s’expliquent en partie par l’écosystème solide du gouvernement provincial pour soutenir l’industrie. Outre les crédits d’impôt, des entités financées par le gouvernement soutiennent également l’industrie, des activités communautaires au développement de projets. SOQUEM, par exemple, travaille sur le terrain pour créer des projets d’exploration communautaires et elle fait équipe avec des petites sociétés minières. SIDEX, un fonds d’investissement gouvernemental, investit dans divers projets en phase préliminaire d’exploration dans la province, et Investissement Québec soutient des projets dans le développement. En outre, plusieurs fonds de pension investissent lourdement dans le secteur.

Avec l’aimable autorisation du Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles du Québec

D’après Mathieu Savard, président de Minière Osisko et président du conseil d’administration de l’association de l’exploration minière du Québec (AEMQ), le Québec est l’un des plus importants territoires miniers dans le monde. « Les petites sociétés minières et les sociétés travaillant au Québec bénéficient d’un soutien incroyable », indiquait-il. « En termes de territoire, le Québec est l’une des régions les plus intéressantes au monde, point final. »

De l’or, mais pas seulement

Malgré la diversité des métaux et des minéraux que recherchent les sociétés d’exploration, les données provinciales indiquent que l’or reste le plus important moteur d’investissement. Les groupes de matières premières entraînant le plus de dépenses en termes d’exploration et de mises en valeur des gisements étaient en 2021 les métaux précieux (72 %), suivis des métaux communs (11 %) et des métaux ferreux (12 %). Toutefois, on peut largement attribuer cet écart en termes de dépenses à de grands projets de réhabilitation de friches industrielles, qui investissent davantage dans le forage.

D’après Steven Bowles, associé directeur de Nebari Holdings, une société mondiale se spécialisant dans le financement par emprunt et la prise de participation au capital social dans les ressources naturelles, si l’or est voué à conserver sa dominance en termes de forage, la proportion de métaux communs et d’autres matières premières indispensables aux énergies vertes augmentera régulièrement. « La tendance continuera d’évoluer à mesure que le marché se spécialise dans les métaux nécessaires à la fabrication de batteries, et que l’on commence à promouvoir les projets dédiés aux métaux communs. Nous développons une capacité en aval pour le graphite et le lithium », expliquait-il.

Tony Brisson, président et directeur général de SOQUEM, est d’avis que la tendance au Québec se caractérise par la diversification de l’exploration et des activités minières.

« Nous essayons de développer un portefeuille équilibré associant les projets aurifères, les métaux communs et les métaux stratégiques tels que le lithium afin d’être fin prêts à développer des partenariats pour tout type de matière première », indiquait M. Brisson. Le portefeuille de SOQUEM de 55 projets comprend de l’or, du cuivre, du zinc, de l’argent, du nickel, du cobalt, des terres rares, du graphite, du vanadium et du lithium.

« Ces dernières années, nous nous intéressons davantage à d’autres types de matières premières telles que le lithium et les minéraux critiques », déclarait-il. « Nous avons fait cette transition car le marché et la demande des matières premières évoluent au fil des décennies. Il y a 30 ans, personne ne cherchait du lithium, mais aujourd’hui, cette ressource est extrêmement populaire. »

Forage plus profond dans l’Abitibi

Les concessions ne couvrent que 6 % de la province, aussi le Québec reste largement ouvert à l’exploration. Même les districts aurifères établis comme l’Abitibi-Témiscamingue ont encore un grand potentiel, surtout dans les profondeurs.

Le projet aurifère Windfall de 12 523 hectares de Minière Osisko est situé dans le canton d’Urban, dans le territoire d’Eeyou Istchee Baie-James de la province. Il illustre parfaitement les possibilités qu’offrent les grands gisements du district aurifère le plus historique aux sociétés qui disposent d’un budget leur permettant de forer profond. Windfall possède ce qu’il prétend être le trou de forage au diamant le plus long du Canada, de 3 467 mètres.

« Urban Barry était considéré comme une zone dépourvue d’intérêt jusqu’à ce que l’on y [développe] un gisement de première catégorie », indiquait M. Savard. « Aujourd’hui, l’intégralité de la zone est jalonnée. » La société finalise son programme de forage, et avec 1 672 702 mètres de forage, il s’agit du plus grand programme de forage que le monde a connu ses cinq dernières années, indiquait-il. La production à Windfall devrait commencer en 2025.

Outre Windfall, la région déborde d’activité. Des projets de développement et d’exploration aurifères sont en cours, à diverses étapes. Parmi les plus grands acteurs, BonTerra Resources, qui fait aussi partie du camp Urban Barry émergent, a un portefeuille de ressources de plus de trois millions d’onces (l’équivalent de 85 tonnes) d’or. Sur la faille Cadillac, O3 Mining, une société essaimée d’Osisko, s’étend sur 65 000 hectares. O3 Mining devrait commencer la production à son projet aurifère de Marban en 2026, et a deux autres projets en cours. Entre Val-d’Or et Rouyn Noranda se trouve Radisson Mining Resources, avec deux propriétés aurifères dans le camp minier de Cadillac.

On trouve ensuite Maple Gold Mines, dont le projet de Douay couvre 55 kilomètres de découvertes le long du couloir de déformation de Casa Berardi. « L’Abitibi est comme une source intarissable de bienfaits », déclarait Matthew Hornor, président et directeur général de la société. « À mesure que l’on fore plus profond, les corps minéralisés sont plus grands et les minerais à plus haute teneur. »

Tournés vers le nord

De Chibougamau à la baie James jusqu’au Nunavik, le nord du Québec regorge de potentiel non exploré.

La partie la plus développée de la région se trouve autour de Chibougamau, connue pour sa production de cuivre entre les années 1930 et les années 1960. Aujourd’hui, la région attire de petites sociétés minières spécialisées dans l’or et le cuivre, le nickel, le fer et le vanadium.

La plupart des activités aurifères sont regroupées sur la ceinture de roches vertes de Frotet-Evans, qui a le même âge et le même degré de métamorphisme que l’Abitibi. Si l’Abitibi est exposé à la surface, les minéraux dans la ceinture de Frotet-Evans sont enfouis sous 10 à 15 mètres de till.

« Historiquement parlant, la majeure partie du Québec s’est principalement concentrée sur les roches visibles. La ceinture de Frotet-Evans était davantage considérée comme une ceinture de métaux communs qu’une ceinture aurifère », déclarait Justin Reid, directeur général de Troilus Gold Corporation à Global Business Reports. La société s’efforce de relancer la mine de Troilus, qui a produit deux millions d’onces (environ 57 tonnes) d’or et près de 70 000 tonnes de cuivre entre 1996 et 2010.

Juste au sud de Troilus se trouve le projet de Kenorland Minerals et Sumitomo dans la ceinture de Frotet, une découverte importante que les techniques modernes ont rendue possible. « Nous avons procédé à un échantillonnage systématique à grande échelle du till. Par conséquent, nous avons échantillonné le till sur une immense superficie et avons recueilli un panache vierge. Nous sommes remontés jusqu’au glacier et avons terminé notre échantillonnage là où nous pensions que se trouvait la source », expliquait Zach Flood, directeur général de Kenorland. La société a prévu un programme de forage de 25 000 mètres pour janvier 2023.

Au sud de Chibougamau, Doré Copper Mining dispose d’un vaste ensemble de terres hébergeant 13 anciennes mines de cuivre. La société prévoit d’adopter une approche de type « centre et périphérie » pour redévelopper la région. Son concentrateur de Rand, situé dans un rayon de 60 kilomètres des gisements, servira de centre des activités, et sera alimenté par des projets à mesure que la production commence.

Deux des projets les plus avancés dans la région sont le projet de réhabilitation des friches industrielles de Mont Sorcier de Voyager Metals et le projet éponyme de Métaux BlackRock, qui sera le premier au Québec à développer du vanadium, du titane et de la fonte à graphite sphéroïdal (ou fonte nodulaire). C’est un point important si l’on considère que le vanadium et le titane sont tous deux essentiels à l’économie verte.

Explorer de nouvelles frontières

La région entourant la mine d’Éléonore de Newmont sur le territoire d’Eeyou Istchee Baie-James deviendra le prochain camp minier aurifère de la province. La région s’est initialement ouverte lorsque André Gaumont, attiré par l’accès routier créé par la construction des barrages de La Grande d’Hydro Québec, a découvert de l’or sur le site Éléonore en 2004. Depuis que la production a commencé à la mine, la région attire un flux régulier de petites sociétés minières qui espèrent faire la prochaine grande découverte.

« Il devient de plus en plus difficile de trouver de l’or dans l’Abitibi. Le sol est déjà intégralement jalonné », déclarait Pierre-Olivier Goulet, vice-président du développement de l’entreprise à Genius Metals, dont la propriété de Sakami Gold de 20 519 hectares chevauche la même frontière qu’Éléonore entre les sous-provinces géologiques d’Opinaca et de La Grande. « De plus en plus de découvertes vont voir le jour dans la baie James. Nous n’en sommes qu’au début. »

Genius Metals fait partie de la poignée de petites sociétés minières qui ont jalonné des concessions dans la région. Parmi leurs voisins figure la propriété Serpent de Harfang Exploration, dont le conseil d’administration compte André Gaumont parmi ses membres.

Plusieurs projets aurifères sont également en développement dans la région. Parmi eux figurent le gisement aurifère de Cheechoo de Sirios, et le projet Sakami de Métaux Précieux du Québec (qui, malgré leurs noms similaires, n’est pas le même projet que celui mené par Genius.)

L’un des plus grands détenteurs de titres miniers, Azimut Exploration, peut entamer des projets d’exploration sur un vaste terrain pratiquement inexploré grâce à son approche axée sur les données.

Le logiciel d’Azimut, AZtechMine, permet une modélisation prédictive en reliant les données géoscientifiques régionales à une base de données des minéraux afin de modéliser l’empreinte des ressources minérales non découvertes. Le logiciel associe des données de SIGÉOM, une base de données en ligne à disposition du public que le gouvernement provincial met à jour chaque année, à des données de terrain. Selon Jean-Marc Lulin, directeur général d’Azimut, cette base de données est « exceptionnellement solide ».

Si de plus en plus de sociétés utilisent le logiciel pour améliorer le ciblage, Azimut est reconnue comme une pionnière dans cet espace. De fait, la société utilise cette technologie depuis plus de 15 ans. « Nous avons une validation de principe de cette technologie », indiquait M. Lulin. « Elle a mené à la découverte d’environ 500 nouvelles zones productives possibles au Québec dans des régions réellement inexplorées, de véritables nouvelles découvertes. »

Plus récemment, ces découvertes comprenaient la zone de Patwon Gold de la propriété Elmer d’Azimut, 80 cibles pour le nickel dans la baie James, et des gisements cuprifères et polymétalliques à fort potentiel à ses propriétés de Rex dans le Nunavik, que la société développe en partenariat stratégique avec SOQUEM.

« Nous ne sommes pas les premiers à explorer la région, mais nous avons été les premiers à reconnaître qu’il s’agit d’une nouvelle province minérale », expliquait M. Lulin. « La taille de la cible rend le corridor de Rex vraiment unique pour le Québec. »

Un avenir brillant pour les métaux nécessaires à la fabrication de batteries et les terres rares

La transition énergétique mondiale vers une économie à faible intensité de carbone alimente la demande en lithium, graphite et terres rares. D’après un rapport de 2020 de la Banque mondiale, la croissance anticipée de 2018 à 2050 est de 488 % pour le lithium, 494 % pour le graphite et 231 % pour l’indium.

L’exploration et le développement de ce type de matières premières prennent leur envol au Québec. « Nous avons constaté lors du dernier congrès de la Prospectors and Developers Association of Canada (PDAC, l’association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs) que de nombreuses personnes sont en quête de lithium. Sur le marché, la recherche de lithium est beaucoup plus facilement financée qu’auparavant », indiquait M. Brisson.

SOQUEM développe actuellement Moblan, un projet dédié au lithium à 130 kilomètres de Chibougamau, en partenariat avec Sayona Mining, producteur australien de lithium.

Si de nombreux projets dédiés au lithium sont actuellement en développement dans la province, Sayona a l’intention de devenir le premier producteur de lithium à partir de roches dures d’Amérique du Nord. La société détient aussi le projet Authier à proximité, dont l’étude de faisabilité est positive. En entreprise commune avec la société américaine Piedmont Lithium, leur objectif est de relancer les activités à la mine de Sayona et le concentrateur à La Corne, dans la région de l’Abitibi. Sayona envisage un investissement d’environ 98 millions de dollars dans le projet, et prévoit de commencer les livraisons de concentré de spodumène entre juillet 2023 et juillet 2024.

D’après Jonathan Lafontaine, responsable du suivi des activités d’exploration minière au ministère de l’énergie et des ressources naturelles (MERN), l’exploration du lithium dans la baie James est très prometteuse. « Certaines des découvertes que l’on fait actuellement changent réellement les priorités », indiquait-il, faisant référence à Patriot Battery Metals, qui a récemment publié « des résultats de forage très prometteurs » sur son projet Corvette dans le bassin supérieur de la baie James. « Cette région n’a été explorée que pour l’or et les métaux communs. Personne n’a pensé au lithium, et pourtant, il y en a. »

Également à la baie James, Winsome Resources, une nouvelle société australienne, dirige trois projets. Elle espère découvrir des ressources non exploitées à son projet phare de Cancet en début d’année prochaine.

« Les investisseurs canadiens hésitent encore beaucoup à se lancer dans le lithium », déclarait Chris Evans, directeur général de Winsome, qui a construit et mis en activité la mine de lithium et l’installation de traitement de Pilgangoora en Australie-Occidentale en 2017. « Au Québec, on se retrouve face à une situation que l’on a connue en Australie-Occidentale il y a quelque temps. C’est une terre pleine de promesses. De nombreux projets doivent encore être construits, et l’expertise à investir dans ces projets n’est pas encore totalement maîtrisée. »

La construction au projet de Matawanie de Nouveau Monde Graphite, dans le sud de la province, est sur le point de commencer. La société s’est engagée à construire une mine entièrement électrique, et elle prévoit de commencer les activités ainsi que le traitement à son installation de Bécancour d’ici la fin de l’année 2023.

Lomiko Metals fait partie des sociétés menant des activités d’exploration pour les métaux nécessaires à la construction de batteries. D’après un rapport de 2021 sur l’évaluation économique préliminaire (ÉÉP), son projet de La Loutre dans les Laurentides promet de donner naissance à une mine à ciel ouvert ayant une durée de vie de 14,7 années, et une production sur la durée de vie totale de la mine de 1,4 million de tonnes de concentré de graphite. Lomiko commence son étude de préfaisabilité pour le projet, et prévoit de publier une estimation révisée des ressources début 2023.

L’exploration pour les terres rares prend aussi de la vitesse au Québec, surtout dans le Nord. « On en a trouvé dans la fosse du Labrador », indiquait M. Lafontaine. « Et cela n’inclut pas tous les indices affleurants de terres rares près de la péninsule d’Ungava dans le Nunavik. »

Il fait référence au gisement d’Ashram à dominance de monazite de Commerce Resource Corp., le plus grand gisement de roches dures à monazite défini en Amérique du Nord, ainsi qu’à Crater Lake, le projet en développement d’Imperial Mining Group dédié au scandium et aux terres rares, et au projet de Strange Lake de Torngat Metals, qui constitue l’une des plus grandes ressources minérales de terres rares (légères et lourdes) au monde.

Certains projets avancés sont également en cours dans la région de la Côte-Nord. SOQUEM dirige Kwyjibo, une découverte de 1993 à l’étape du développement, et Vital Metals, qui détient le projet Nechalacho de Cheetah Resources (la première mine produisant des éléments des terres rares au Canada), a dernièrement acheté les projets Kipawa et Zeus de terres rares lourdes.

Développer l’exploration et l’extraction des métaux communs

L’Abitibi connaît une forte activité d’exploration pour le nickel, et une activité moyenne dans le nord du Québec « qui n’est toutefois pas aussi forte que celle de l’Abitibi, et ne compte que quelques acteurs », indiquait M. Brisson. « L’intérêt se développera si l’on fait de nouvelles découvertes. C’est assez récent, et cela s’explique par la hausse du prix des matières premières et des activités d’exploration dans le Nord. »

Parmi les projets en cours dans l’Abitibi, citons le projet Grasset de 73 900 hectares de Wallbridge Minings, une découverte de nickel-cuivre-éléments du groupe du platine (ÉGP) à environ 50 kilomètres de Matagami sur des terres qui ont été explorées pour la première fois dans les années 1950.

Au Nunavik, Orford Mining Corporation développe un projet de nickel en phase avancée sur sa propriété de West Raglan dans la ceinture de Cape Smith. Cette ceinture abrite deux mines en exploitation dans la région, le projet Nunavik Nickel et la mine Raglan de Glencore. Parmi les autres projets en phase avancée figure le projet Hawk Ridge de Nickel North Exploration, une ressource minérale de cuivre-nickel-ÉGP. Dans le cadre des premiers efforts d’exploration, Midland Exploration a établi une alliance stratégique avec BHP sur un programme d’exploration majeur dans la région.

« Dans la partie la plus au nord de la province, près de l’océan Arctique, ce genre de gisements de métaux communs présentent un fort potentiel », déclarait M. Brisson. « Dans l’arrière-pays, la situation est plus complexe car il n’y a pas d’infrastructure, juste un désert de roches et de lacs. »

M. Lafontaine indique que la Côte-Nord est également riche en nickel. « Les extensions de ces zones géologiques contenant du minerai dans la fosse du Labrador renferment aussi des panaches et des gisements exceptionnels », indiquait-il. « Des activités d’exploration sont en cours pour essayer de déterminer si ces gisements à grande valeur peuvent être extraits par ces sociétés. »

L’une de ses sociétés, Murchison Metals, dirige un projet de nickel-cuivre-cobalt dans le Haut-Plateau de la Manicouagan (HPM). Elle occupe une position foncière dominante de 57 600 hectares qui lui permettra d’y établir un camp minier.

Le Québec entretient une relation de longue date avec le cuivre. En effet, les premiers registres de la colonie de la Nouvelle-France font état de gisements de cuivre sur la Côte-Nord, attribués au neveu de Jacques Cartier par le roi Louis XV de France. Toutefois, aucune mine n’exploite aujourd’hui le cuivre comme produit principal, même s’il constitue un produit dérivé pour de nombreuses exploitations d’or, de nickel et de zinc.

Aujourd’hui, de nombreuses sociétés, dont Doré Copper, mènent des projets de réhabilitation de friches industrielles dans l’Abitibi, et d’autres s’intéressent à de nouveaux gisements sur la Côte-Nord.

« On trouve des panaches prometteurs pour le cuivre dans la province de Grenville. Tout le monde part du principe que ce terrain était fortement métamorphique. Pourtant, les sociétés sont allées sur le terrain et ont trouvé son potentiel », indiquait M. Lafontaine.

D’après M. Brisson, le portefeuille de SOQUEM compte plusieurs propriétés de cuivre-zinc dans l’Abitibi. La société se concentre actuellement sur B26-Broullan, un projet d’argent-cuivre-zinc à 90 kilomètres à l’ouest de Matagami.

« Cette zone a été développée par Glencore. Elle y extrayait du zinc, du cuivre et de l’or depuis les années 1950. En juin dernier, elle a terminé l’extraction à sa dernière mine. Le concentrateur attend donc du nouveau minerai et nous avons décidé d’aider », expliquait-il.

Surmonter les incertitudes

Malgré un bref ralentissement économique en 2020 en raison de la pandémie de COVID-19 et des conditions de marché difficiles pendant la majeure partie de 2022, l’exploration au Québec se poursuit à un rythme soutenu.

« Les financements ont ralenti, mais les sociétés ont suffisamment de capital pour poursuivre leurs activités. Les programmes d’exploration progressent », déclarait Paul Carmel, président et directeur général de SIDEX.

D’après Ressources naturelles Canada (RNCan), le Québec était en 2021 le principal territoire minier du Canada, avec 964 millions de dollars en dépenses d’exploration et en activités de mise en valeur de gisements, qui représentaient 26 % des dépenses totales d’exploration et de développement au Canada. D’après l’ISQ, les dépenses d’exploration à elles seules représentaient 522 millions de dollars dans la province. Ces dépenses n’ont jamais été aussi élevées ces dix dernières années. Elles marquaient une reprise importante depuis 2020, lorsque les prix des matières premières et l’impact de la COVID-19 sur les exploitations avaient entraîné une baisse des dépenses à 341 millions de dollars.

Toutefois, M. Carmel observe une accalmie de l’activité sur le terrain. « Les sociétés semblent avoir ralenti leurs efforts d’exploration pour diverses raisons », indiquait-il, évoquant des retards sur le site et dans les laboratoires de dosage en raison de la pandémie et de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée à l’échelle mondiale.

« Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est d’une grande découverte », indiquait-il. « L’histoire nous a montré que c’est le plus grand catalyseur de changement. »

Malgré la menace pesante d’une récession, M. Savard reste confiant dans l’avenir, qu’il voit prometteur. « On assiste au retour des petites, mais aussi des grandes sociétés minières au Québec. Rio Tinto et BHP sont de retour et font équipe dans la recherche d’or, mais aussi de nickel et de métaux et minéraux stratégiques », indiquait-il. « Elles se rendent compte du potentiel exceptionnel de la région, mais savent aussi que le monde traverse une période d’incertitude. Par conséquent, les sociétés minières s’intéressent davantage aux territoires miniers sûrs. »

Les derniers chiffres provinciaux montrent que les titres miniers d’exploration sont en hausse. « Nous n’avons pas vu de tels chiffres depuis le boom des années 2010 », indiquait M. Lafontaine. Il ajoutait qu’à la fin du mois de juillet, plus de 215 000 titres miniers étaient actifs dans la province, soit une hausse de 9 % depuis les derniers chiffres communiqués par la province en 2021.

Des projets d’exploration pour le zinc, le niobium, l’apatite et, plus récemment, les diamants sont aussi en cours au Québec.

« Des activités d’exploration ont lieu dans beaucoup d’endroits, et les résultats sont absolument surprenants », déclarait M. Lafontaine. « Plusieurs centaines de projets d’exploration pourraient finir par montrer un potentiel d’extraction rentable. » 

Traduit par Karen Rolland