Le lieutenant-colonel John J. Penhale a organisé la section des Flandres de l'ICM
Lorsque la Grande-Bretagne a déclaré la guerre à l'Allemagne en 1914, des milliers de jeunes Canadiens ont quitté leur famille pour aller se battre de l'autre côté de l'Atlantique, dont 125 membres de l'ICM. L'ICM a contribué à l'effort de guerre par le biais de dons financiers et de dons destinés à remonter le moral des troupes (cigarettes, chaussettes, etc.), mais sa plus grande contribution à ses membres sur le front a sans doute été la création d'une nouvelle rubrique dans le bulletin mensuel de l'Institut minier du Canada intitulée « Les membres de l'ICM au front ». Les nouvelles concernant les promotions, les mutations, les distinctions honorifiques, les blessures et les décès des membres combattant pendant la guerre étaient répertoriées dans cette nouvelle rubrique, qui était lue attentivement par les membres, leurs amis et leurs familles au Canada et à l'étranger.
Cette rubrique publiait les lettres envoyées par les membres, auxquelles répondait le secrétaire de l'époque, H. Mortimer-Lamb. Cette correspondance atténuait le sentiment d'isolement que pouvaient ressentir les soldats et leur rappelait la vie qui les attendait à leur retour.
Certains soldats ont profité de l'occasion pour parler de leurs expériences pendant la guerre. Le lieutenant G. Lewis Burland a écrit dans une lettre publiée dans le Bulletin d'août 1917 :
J'ai passé un hiver difficile sur la crête de Vimy, mais dans l'ensemble, j'ai eu beaucoup de chance, malgré la boue, le froid, les poux, les rats et les « bocaux de rhum » – je cite ces horreurs par ordre d'importance... Si j'ai la chance de m'en sortir sain et sauf, je ne regretterai jamais d'avoir eu l'occasion de travailler avec nos mineurs... Les Canadiens qui ont miné la colline 60 [à Messines] ont toutes les raisons d'être fiers de leur travail... Les Allemands en première ligne ont été tellement secoués qu'ils imaginent des mines partout.
Dans une lettre publiée dans le Bulletin de juin 1916, Wm. Pickles compare la vie quotidienne dans les mines à la vie pendant la guerre :
En effet, la vie dans les tranchées ressemble beaucoup à un voyage de prospection : il faut faire sa cuisine soi-même, chercher du bois sec, etc. Mais bien sûr, il faut être à l'affût des tireurs embusqués et garder la tête à l'abri.
Le Bulletin publiait également les inévitables avis de décès. L'extrait ci-dessous est tiré d'une lettre écrite par M. L. Boultby Reynolds à propos du décès de George E. Revell :
Il a été pulvérisé par un obus de 12 pouces... Lui et cinq autres ont été touchés et ensevelis sous la terre... Sur les 18 membres de notre section, huit ont été tués et trois sont portés disparus. Ceux-ci sont sans aucun doute morts... S'il avait choisi sa mort, elle aurait été telle qu'elle a été : au combat, sur le champ de bataille, au milieu de ses camarades... George avait prouvé qu'il était l'un des meilleurs, travaillant comme un cheval, faisant des blagues sous le feu, toujours plein de ressources et courageux. Il est mort comme certains des garçons n'en ont pas eu la chance : sans douleur et instantanément.
Au printemps, la plupart des membres avaient à l'esprit l'assemblée générale annuelle. Le colonel John J. Penhale écrivait dans une lettre « envoyée de quelque part en Belgique » et publiée dans le Bulletin de mai 1915 :
J'espérais que chaque courrier du Canada m'apporterait des nouvelles de l'assemblée annuelle de l'Institut minier du Canada, mais je n'ai pas eu cette chance. C'est drôle, n'est-ce pas, de penser à une telle chose à un tel moment... En fait, je dois avouer que j'ai ressenti une sorte de nostalgie cette semaine-là.
L'année suivante, le colonel Penhale prit l'initiative de créer une nouvelle section de l'ICM située en Flandre, lieu qui allait devenir plus tard un mémorial dédié aux soldats morts pendant la Première Guerre mondiale et le cadre du célèbre poème du lieutenant-colonel John McCrae, « Au champ d'honneur ». Le bulletin de mai 2016 publia un échange humoristique entre Mortimer-Lamb et Penhale au sujet de la légitimité de la section :
Mortimer-Lamb: … … Comme l'article 54 des règlements administratifs stipule qu'aucune section ne peut être créée sans l'autorisation du Conseil, le secrétaire a reçu pour instruction de communiquer immédiatement avec le colonel Penhale, d'attirer son attention sur ce règlement et de lui demander de revenir immédiatement au Canada afin de faire l'objet de mesures disciplinaires. …
Penhale: Mon cher Lamb,
… Je dois avouer que la demande d'un retour chez moi pour m'expliquer m'a beaucoup touchée. Je me soumettrais volontiers à toute enquête dont je pourrais faire l'objet, si cela devait aboutir à un retour chez moi… Je crains que vous ne deviez accepter la section des Flandres telle qu'elle est, jusqu'à ce que certains d'entre nous puissent se présenter devant le Conseil.
Le colonel Penhale et les autres membres de la « section des Flandres » ont tenu leur propre assemblée générale annuelle cette année-là, avec un dîner, un menu imprimé, des conférenciers invités et des documents de travail.
Je suis désolé de vous annoncer que les Allemands ont eu vent de notre intention de nous disperser, et vers cinq heures de l'après-midi en question, ils ont commencé à faire un peu de bruit à un ou deux endroits devant nous, ce qui a nécessité l'intervention personnelle du lieutenant-colonel Billy King, du capitaine A. W. Davis, du lieutenant A. B. Ritchie et d'une ou deux autres personnes, qui ont été « retenus par des circonstances indépendantes de leur volonté » et ont donc manqué le dîner...
Nous avons été privés de la compagnie du brigadier-général R. G. Edwards Leckie, C.M.G., qui avait été blessé quelques jours auparavant...
Le lieutenant-colonel R. Brutinel, de la brigade de mitrailleuses motorisées, a donné une conférence très intéressante sur certains phénomènes géologiques observés lors des fouilles effectuées entre la frontière suisse et Nieuport, au nord. Ce sera un excellent ajout à la littérature technique...
Le capitaine Neil Macdonald a interprété « Drill Ye Tarriers » [l'hymne de l'ICM]...
De nombreux incidents et anecdotes des sessions à la maison ont été racontés et, pendant quelques heures, nous avons vécu heureux dans le passé. Le moment triste de la soirée est venu lorsque nos esprits se sont tournés vers le souvenir des nombreux compagnons formidables qui ont donné leur vie lors de cette guerre effroyable, alors que nous rendions silencieusement hommage aux « amis absents ».
D'autres, dans différents endroits, ont eu des idées similaires. Le major T. C. Irving a plaisanté dans une lettre publiée dans le Bulletin de juillet 2016 :
Nous voyons beaucoup de membres de l'ICM maintenant que les trois compagnies de tunneliers sont toutes ici, et si le colonel Penhale décidait de convoquer une autre réunion dans les environs d'Ypres, il n'aurait aucune difficulté à obtenir le quorum dans un délai très court.
Beaucoup de membres étaient profondément reconnaissants du lien avec leur pays que leur procurait le Bulletin. Le lieutenant G. Lewis Burland écrivait dans une lettre publiée dans le Bulletin d'août 1917 :
Je tiens tout particulièrement à exprimer ma gratitude envers l'ICM pour avoir veillé à notre confort et nous avoir permis de rester en contact les uns avec les autres grâce au Bulletin... Je tiens également à souligner le fait que la profession a soutenu l'armée canadienne de toutes les manières possibles... Permettez-moi de souhaiter que la réunion d'après-guerre de l'ICM soit la plus réussie de l'histoire.
Lorsque les combats ont cessé en novembre 1918, 11 membres de l'ICM avaient péri au combat, parmi les milliers de Canadiens tués au combat.
Les membres qui se trouvaient en Europe et qui ont survécu aux hostilités ont également bénéficié d'un petit coup de chance supplémentaire alors qu'ils rentraient lentement chez eux. Le lieutenant W. F. Gowans écrivait depuis Saint-Génois, en Belgique, dans le Bulletin de mars 1919 :
La division (3e) doit avoir quitté la France avant le 7 février. Nous passerons environ quatre semaines en Angleterre, puis nous rentrerons au pays de l'érable. Nous devrions y arriver au cours du mois de mars, vous feriez donc bien de prévoir quelques chaises supplémentaires pour la prochaine assemblée annuelle.