La centrale solaire de Rosebel, qui se trouve sur une ancienne bande d'atterrissage, est composée de plus de 16 000 panneaux solaires. Avec l'aimable autorisation d'Iamgold
Au vu de l'augmentation des coûts liés à l'énergie, de l'importance d'extraire des roches toujours plus dures et du manque de capacité supplémentaire de la plus grande centrale hydroélectrique du pays, Iamgold a décidé l'année dernière d'installer une centrale solaire d'une capacité de 5 mégawatts (MW) sur le site de sa mine à ciel ouvert Rosebel au Suriname.
Depuis le lancement de la production commerciale à Rosebel en 2004, les besoins en énergie de la mine ont augmenté de 400 % en raison de l'expansion du concentrateur et du fait que la roche à extraire soit devenue plus dure. La consommation énergétique de la mine a atteint son apogée l'année dernière avec 32 MW, une augmentation considérable par rapport au 8 MW qu'elle consommait à son ouverture. « La roche étant devenue plus dure, le traitement est plus important, des équipements supplémentaires de concassage et de broyage ont été installés et la capacité a augmenté », explique Ronald Halas, vice-président d'Iamgold aux affaires commerciales pour l'Amérique du Sud. « L'usine de traitement gère un plus gros tonnage par jour, et ces tonnes sont plus dures. »
La société est parvenue à négocier avec le gouvernement du Suriname la réduction du coût de l'énergie de 20 cents à 14 cents par kilowattheure (kWh), mais elle a tout de même commencé à se pencher sur les options énergétiques de substitution en 2013 afin de limiter son recours au réseau hydroélectrique du pays. Après avoir évalué les études, Iamgold a estimé que le solaire était la solution la plus rentable et respectueuse de l'environnement. « Cette technologie a fait ses preuves », indique M. Halas. « Nous savions que le résultat serait positif. »
La centrale solaire comprend plus de 16 000 panneaux qui ont été installés sur une ancienne bande d'atterrissage sur le site de la mine Rosebel. Pendant les heures de pointe, la centrale produit 5 MW qui sont intégralement utilisés par la mine. En établissant la moyenne de la production aux heures de pointe et aux heures creuses, le rendement de la centrale correspond à l'apport à la mine d'un mégawatt (1 MW) d'énergie solaire, 24 heures sur 24. « Toute l'énergie produite par la centrale solaire est consommée instantanément », explique-t-il.
La centrale solaire est reliée au réseau électrique du Suriname de 161 kilovolts (kV) par l'intermédiaire du réseau de la mine Rosebel de 12,4 kV. Rosebel consomme cependant toute l'énergie produite par la centrale solaire, aussi au final, cette dernière n'injecte pas d'électricité dans le réseau électrique national.
L'assemblage
Le personnel d'Iamgold a décidé de concrétiser le projet de centrale solaire en août 2013. Durant les troisième et quatrième trimestres de cette année, le groupe interne de génie et construction de la société a surveillé les travaux techniques minutieux effectués sur les panneaux solaires par WTEC, une société de Floride spécialisée dans l'énergie renouvelable.
En décembre, la société a lancé un appel d'offres pour les panneaux, les câbles, les châssis en aluminium (le « support ») et les ballasts en béton nécessaires à la centrale. C'est la société ET Solar qui a été sélectionnée pour fournir les panneaux, et World Technology Corp. le support en aluminium ; les câbles, quant à eux, ont été fournis par diverses sources américaines et les ballasts ont été fabriqués dans la région. Pour effectuer les travaux de génie civil et les installations électriques sur le site, Iamgold a choisi quatre entrepreneurs de la région parmi plus d'une dizaine de soumissionnaires.
Iamgold s'attendait initialement à ce que la centrale solaire lui coûte entre 12 et 14 millions $. Le coût final correspondait aux estimations budgétaires les plus basses. Comme l'explique M. Halas, le processus d'adjudication y est pour quelque chose. « En lançant nos appels à la concurrence auprès d'un grand nombre d'entrepreneurs, il s'est avéré que le coût de notre main-d'œuvre pour ce type de travaux au Suriname était inférieur à ce que l'on pensait », indique-t-il. « En outre, le marché des panneaux solaires était relativement intéressant et nos achats nous ont coûté moins que ce que nous avions prévu. »
Les équipements pour la centrale ont été livrés au site en avril, par bateau. Le site de Rosebel est relié au port, qui se trouve à seulement 100 kilomètres du site, par une route goudronnée de bonne qualité, à l'exception des 10 derniers kilomètres, ce qui facilite considérablement les trajets. « Nous menons nos activités dans ce pays depuis des années et comprenons bien les enjeux logistiques », fait remarquer M. Halas. « Il était relativement simple de faire venir nos équipements du port jusqu'au site. »
Environ 120 Surinamiens ont été embauchés pour la construction de la centrale, qui leur a pris trois mois et s'est achevée en juillet. Comme l'indique M. Halas, Iamgold a grandement bénéficié des compétences des travailleurs de la région. « Nous ne disposions que d'une poignée d'expatriés qui géraient la main-d'œuvre locale, mais les Surinamiens sont extrêmement qualifiés », ajoute-t-il.
L'emplacement de la centrale était également un avantage pour la société. En effet, l'ancienne bande d'atterrissage sur laquelle elle est construite avait déjà été nettoyée et aplanie il y a des années, aussi les exploitants du site n'ont pas eu besoin de mener de grands travaux de nivellement pour la préparer à l'installation des panneaux solaires. « Nous avons dû nettoyer le gravier et légèrement niveler, mais nous n'avons pas eu besoin, par exemple, de débroussailler le terrain sur huit hectares », indique M. Halas.
Un chariot élévateur à fourche a servi à installer 1 960 ballasts en béton dans les emplacements arpentés, qui avaient été choisis de manière à aligner et espacer correctement les panneaux. Le support en aluminium, qui soutient les panneaux installés, a été assemblé sur place et attaché aux ballasts.
Quant aux panneaux, qui mesurent environ un mètre sur deux, ils sont arrivés sur le site en lots individuels. Les entrepreneurs locaux ont relié chacun des 16 300 panneaux au système de support en aluminium par des raccordements boulonnés. Une fois le projet terminé, les entrepreneurs ont aussi creusé des tranchées pour enterrer les câbles afin qu'ils ne soient pas exposés et que personne ne s'y prenne les pieds dedans, tranchées qu'ils ont rebouchées après que la centrale ait été assemblée.
Depuis le mois d'août, Rosebel puise son énergie de la centrale solaire. M. Halas déclare que ce système a dépassé les attentes des ingénieurs en ce qu'il fournit entre 5 et 10 % d'énergie en plus que ce qu'ils espéraient. L'énergie solaire représente maintenant quelque 3 % de la consommation énergétique totale de la mine Rosebel. M. Halas estime qu'Iamgold économise environ 5 000 $ par jour en coûts liés à l'énergie à l'aide de cette centrale.
Un investissement à long terme
Le gouvernement du Suriname, qui selon M. Halas est « favorable aux énergies renouvelables et cherche à augmenter la part totale des énergies renouvelables dans le pays », a exprimé son soutien à l'initiative. Tout comme Iamgold, il considère cette centrale comme un héritage positif pour le pays.
« Quand nous déciderons d'arrêter d'extraire de l'or à la mine, les panneaux solaires resteront dans le pays à la disposition des Surinamiens », indique M. Halas. La société a collaboré avec le ministère des ressources naturelles du Suriname, des universités, des lycées ainsi que des sociétés du secteur de l'énergie afin d'organiser des visites de la centrale de manière à sensibiliser les Surinamiens aux avantages de l'énergie solaire.
M. Halas est persuadé que l'initiative de Rosebel sera une source d'inspiration pour d'autres projets similaires. « J'aime à penser que cette centrale ne sera pas la seule, mais plutôt la première des nombreuses centrales solaires de grande envergure ou générant des capacités de 5 mégawatts qui verront le jour au Suriname. »
Traduit par Karen Rolland