Le module de Diavik dédié à la nutrition du programme Working on Wellness commence en mai. Avec l'aimable autorisation de Diavik
Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.) a lancé un programme visant à aider les sociétés à promouvoir des modes de vie sains chez les hommes autochtones qui, selon le gouvernement, sont les personnes les moins susceptibles d'avoir accès au système de soins de santé. Les sociétés locales d'extraction des diamants, qui font partie des plus grands employeurs du secteur privé dans les T.N.-O., se joignent à cet effort.
Le programme Working on Wellness (WoW, le bien-être au travail) a été conçu sur la base d'une approche modulaire qui a eu un grand succès en Colombie-Britannique (C.-B.) et au Yukon. L'initiative des T.N.-O. consacre quelques mois à chaque occasion à la promotion d'un thème spécifique relatif à la santé, par exemple la nutrition, l'activité physique, la santé mentale, l'arrêt du tabac ou la sensibilisation aux UV, dans les entreprises qui participent au programme. Le programme WoW est structuré de manière à pouvoir être adapté à chaque lieu de travail. Les employé(e)s déterminent les thèmes sur lesquels ils/elles souhaitent se concentrer en expliquant en détail leurs préférences dans une enquête de référence.
Ce programme est un partenariat entre la BC Healthy Living Alliance (BCHLA, l'alliance de la Colombie-Britannique pour un mode de vie sain), la société canadienne du cancer, la Colombie-Britannique et le Yukon, le conseil des Premières Nations du Yukon et l'alliance pour la prévention des maladies chroniques au Canada (APMCC). Il est conjointement financé par le partenariat canadien contre le cancer (PCCC), la fondation des maladies du cœur et de l'AVC et Santé Canada.
Selon le Dr Kami Kandola, sous-administratrice en chef de la santé publique dans les Territoires du Nord-Ouest, la meilleure façon d'améliorer l'accès aux soins de santé pour les hommes autochtones était d'aller à la rencontre des grandes sociétés minières. Les sites miniers isolés imposent souvent aux employé(e)s de faire la navette régulièrement entre leur lieu de travail et de vie, aussi ils constituaient l'environnement le plus adapté pour tester le potentiel du programme WoW à influencer les décisions à long terme que prennent les employé(e)s concernant leur santé sur leur lieu de travail et en dehors. « Les personnes qui travaillent pour ces sociétés ont accès à des installations de pointe et à une alimentation de premier choix ; la question est de savoir comment elles peuvent préserver ces habitudes lorsqu'elles rentrent chez elles, où elles n'ont pas accès aux mêmes options », indiquait le Dr Kandola. « C'est un problème dont sont conscientes les sociétés minières. »
La mine de diamants Diavik, la mine Ekati de Dominion Diamond et le groupe De Beers ont accepté de prendre part au programme pilote, qui durera jusqu'en septembre 2016. À Diavik, où la main-d'œuvre est à 89 % constituée d'hommes et à 24,1 % d'autochtones, les employé(e)s interrogé(e)s l'été dernier ont exprimé un souhait marqué d'avoir la possibilité d'exercer une activité physique et d'avoir accès à une meilleure alimentation et à des soins de santé mentale. Ces points constitueront les trois premiers modules du programme pilote.
Le module dédié à l'activité physique à Diavik a commencé par une session intitulée Map Our Fitness (déterminons notre condition physique) qui demande aux employé(e)s d'exercer une activité physique de 10 minutes trois fois par semaine au cours des quatre mois du module. « Ce n'est pas aussi intense que ce que recommande Santé Canada, à savoir 30 minutes d'exercice physique par jour, mais nous avons voulu atteindre des personnes qui n'exercent aucune activité physique, aussi nous devions leur proposer un objectif réalisable », expliquait Cara Benoit, hygiéniste du travail chez Diavik. La société aidera les employé(e)s à explorer des idées d'activités physiques qu'ils/elles peuvent pratiquer telles que la marche, le yoga ou les pompes.
Les participants ont reçu pour leurs exercices une bande élastique qui offre une légère résistance ainsi qu'un podomètre, et ont été inscrits à un tirage au sort. « Nous espérons que ces activités auront un impact positif sur le moral des employés », expliquait Mme Benoit. « Nous essayons de leur montrer que leur santé nous importe. »
Le module consacré à l'activité physique a été mis en œuvre au mois de mars par Diavik, et un module dédié à l'alimentation commencera en mai. Dans l'idéal, chaque module durera quatre mois. Cependant, à mesure que le programme se développe, certains modules empiéteront sur les suivants.
Bien que le programme WoW vise ces trois sociétés d'extraction des diamants en raison de leurs effectifs principalement composés d'hommes d'origine autochtone, Mme Benoit faisait remarquer que le programme en soi n'est pas réservé à un sexe ou une culture spécifiques, et cela s'applique à tous les sites participants.
Une tendance en pleine évolution
Une enquête de 2008 sur les 100 meilleurs employeurs du Canada (d'après les statistiques issues de la compétition annuelle sur canadastop.com) a révélé que 90 % d'entre eux disposaient d'un programme de bien-être en 2006, par rapport à 1997 où seulement 44 % proposaient ce genre de programme. Parmi les sociétés passées en revue, 95 % ont reconnu que leur principale motivation pour la mise en œuvre de ces programmes était de renforcer la satisfaction et l'engagement des employé(e)s. La réduction des frais liés à l'invalidité ou aux prestations pharmaceutiques se trouvait plus loin dans la liste des priorités des sociétés, mais constituait tout de même un facteur important. L'enquête montrait également que lorsque les sociétés examinaient les résultats de ces programmes, elles se rendaient compte que cet investissement leur permettait d'économiser sur le long terme. Les programmes de bien-être sur le lieu de travail au Canada prennent le plus souvent la forme de programmes d'aide aux employé(e)s (services d'orientation à court terme), de séminaires dédiés à la santé et de programmes d'entraînement physique. D'après un rapport de Benefits Canada en 2013, Dupont, Citibank, Prudential Insurance et Canada-Vie ont affiché un rendement du capital investi positif de 2 à 6,85 $ pour chaque dollar investi.
Suivi des résultats
Frontline Medics est un service de santé au travail dédié aux industries des mines, du pétrole et du gaz ainsi que de la construction qui contribue à la mise en œuvre du programme WoW à la mine Snap Lake du groupe De Beers. Le directeur général et directeur médical Dr Ken Jenkins faisait remarquer qu'au vu du grand nombre de mineurs approchant la cinquantaine, les sociétés réalisent les risques que peuvent poser les mauvaises décisions en matière de mode de vie pour le fonctionnement général de leurs exploitations.
« Si un(e) employé(e) est malade, il/elle n'est pas en mesure de travailler, aussi il est possible qu'on l'envoie hors du site », expliquait-il. « Si les compétences de cet(te) employé(e) sont indispensables au bon fonctionnement du site minier, son absence peut devenir très problématique. »
Pour suivre les bienfaits du programme WoW, les données recueillies à partir des enquêtes de référence de l'année dernière seront comparées aux informations qui seront collectées au cours des évaluations intermédiaire et finale, lesquelles sont prévues pour 2015 et 2016 respectivement. Ces évaluations prendront en ligne de compte la participation, les programmes proposés et la satisfaction professionnelle ainsi que les changements en termes de politique, de pratique et d'environnement. Les résultats du programme pilote renseigneront la façon dont WoW évoluera.
« Nous savons que ce projet va se poursuivre sur le long terme », expliquait Debbie Corrigan, infirmière spécialisée dans la santé au travail chez Frontline Medics. « Nous espérons pouvoir intégrer le programme [WoW] dans la culture du site minier. Les [mines] ne se contentent pas de produire des diamants ; leur intention est également de promouvoir la bonne santé de leurs employé(e)s, voire même de s'assurer qu'ils/elles quittent leur travail en meilleure santé qu'ils/elles n'y sont arrivé(e)s. »
L'objectif à long terme du programme WoW est de réduire l'incidence des maladies chroniques, et Mmes Benoit et Kandola reconnaissent que cela sera délicat à mesurer. Il est également difficile de prévoir si le programme WoW engendrera les changements sociaux que toutes les personnes impliquées prétendent qu'il pourrait avoir.
Malgré ces incertitudes, Mme Kandola a décidé de garder espoir et de voir grand. « Nous espérons que ces personnes rentrent chez elles et partagent cette expérience avec leur famille. La promotion du bien-être au travail doit perdurer pour assurer aux familles et aux communautés une bonne santé. »
Traduit par Karen Rolland