Perspectives pour les matières premières 2025 Si l’uranium, l’or et le cuivre ont brillé en 2024, le lithium a atteint son niveau le plus bas depuis plusieurs années. Les experts nous disent à quoi nous attendre en 2025.
L’énergie nucléaire prépare son retour
U Les prix de l’uranium ont presque triplé ces trois dernières années, et plus que doublé depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. En janvier 2024, les prix au comptant de l’U3O8, un concentré faiblement traité connu sous le nom de concentré de minerai d’uranium, atteignaient à leur maximum 106 dollars américains par livre, soit le prix le plus haut depuis début 2008. Fin novembre, ils avaient toutefois baissé à 80 dollars américains la livre.
Après des années de sous-investissement suivant la catastrophe de Fukushima, au Japon, en 2011, l’uranium traverse une bonne période. L’approvisionnement ponctuel est rare, et la demande a résulté en une forte concurrence entre les acheteurs.
« C’est une époque très dynamique », expliquait Jonathan Hinze, président de la société UxC spécialisée dans les données sur le marché de l’uranium. « Nous avons vraiment pris un virage sur ce marché. Le schéma pour le nucléaire est indéniablement meilleur qu’il ne l’a été depuis des années. »
L’acceptation du combustible nucléaire en tant que source d’énergie à faible émission de carbone ne cesse de croître, de même que la réalisation que le nucléaire est la seule source stable d’énergie de base. Ainsi, il n’est pas surprenant que le marché de l’uranium ait redémarré, avec une hausse de la demande de la part des services publics et des nouveaux centres de données pour soutenir l’intelligence artificielle (IA), ainsi qu’un intérêt plus marqué de la part de fonds d’investissement physiques tels que le Yellowcake Fund and Sprott.
Au rythme de production actuel, l’uranium ne suffira pas à couvrir la demande d’ici 2030 à 2035, indiquait M. Hinze. Des institutions financières détiennent plus de 100 millions de livres d’uranium, et les services publics consomment entre 175 et 180 millions de livres d’uranium par an. D’ici 2030, ce chiffre augmentera à 220 millions de livres. D’ici 2035, estimait-il, il passera à 250 millions de livres.
Une grande partie de cette croissance est alimentée par la Chine, indiquait M. Hinze, qui construit la moitié des 60 réacteurs nucléaires en cours de développement dans le monde actuellement. La Russie entre également en jeu, et construit des réacteurs sur son territoire ou dans des pays tels que la Turquie, l’Égypte, le Bangladesh et l’Inde.
UxC estime que 150 nouveaux réacteurs seront construits d’ici 2035, dont 80 à 90 en Chine. « Il y a tout juste quelques années, nous parlions du nombre de réacteurs qui allaient être fermés. Aujourd’hui, nous parlons de ceux qui vont être construits. C’est presque le jour et la nuit », indiquait M. Hinze.
La demande pour les centres de données d’IA resserrera aussi le marché. En septembre, Constellation Energy et Microsoft ont déclaré qu’ils allaient redémarrer la centrale nucléaire de Three Mile Island en Pennsylvanie (où s’est produit le pire accident nucléaire aux États-Unis en 1979), pour aider Microsoft à atteindre ses objectifs en matière d’IA. « La centrale de Three Mile Island va être entièrement dédiée à l’IA, ce qui est très éloquent quant à la direction que prend l’ensemble de ce marché », indiquait M. Hinze.
Tout le monde essaie de comprendre l’ampleur de la demande pour les centres de données d’IA. Certains pensent qu’un centre de données d’IA aura besoin à lui seul de 500 ou 1 000 mégawatts par heure d’électricité, d’après M. Hinze. Un gros réacteur nucléaire produit 1 000 mégawatts par heure.
« L’IA est une technologie tellement récente et nouvelle qu’il est difficile de jauger l’impact qu’elle va avoir sur le marché, mais il est positif, de manière générale », indiquait M. Hinze. « Nous envisageons un mouvement haussier du prix au cours des quatre à cinq prochaines années. Mais si des chocs au niveau de l’offre se produisent, les prix pourraient atteindre 130 ou 140 dollars américains la livre. C’est la raison pour laquelle la prévision des prix est plus un art qu’une science. »
UxC envisage des prix de l’uranium avoisinant les 80 à 85 dollars américains la livre en 2025. « Il faut se rappeler qu’en 2019, les prix avoisinaient les 25 dollars américains la livre. La hausse est donc considérable, en seulement quelques années », faisait-il remarquer.
La plupart des producteurs d’uranium peuvent réaliser des gains à 80 dollars américains la livre, ce qui suffit à couvrir les coûts et à faire un profit. Ceci étant, les prix devront dépasser les 80, 90 voire 100 dollars américains pour motiver les nouvelles mines, indiquait M. Hinze. Ainsi, dans les années à venir, les prix atteindront progressivement les 90 ou 100 dollars américains, en partant du principe qu’il n’y aura pas de gros choc au niveau de l’offre.
« Nous avons besoin de plus d’uranium que la quantité actuelle, et de nouvelles mines doivent être développées. Mais il pourrait bien s’écouler une année ou deux avant que l’on assiste à une action concrète sur ce point », ajoutait-il. « Personne ne souhaite revenir vers un marché où l’offre est excédentaire lorsque les prix de l’uranium atteignaient des records en 2006 et 2007. On observe encore une certaine hésitation concernant certains nouveaux développements de mines. »
La reprise tient encore debout, mais pour combien de temps ?
Au L’or faisait partie des actifs les plus performants en 2024. D’après une analyse de début novembre publiée par Johan Palmberg, analyste quantitatif en chef du World Gold Council (le conseil mondial de l’or), ce métal précieux a atteint un record de 2 784 dollars américains l’once le 24 octobre, et les prix ont atteint 39 nouveaux records en dollars américains en 2024.
L’incertitude économique et les préoccupations géopolitiques concernant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’attaque terroriste du Hamas et les représailles d’Israël, ainsi que le spectre d’une guerre généralisée au Moyen-Orient, ont contribué à la hausse du cours de l’or. Les banques centrales ont acheté des quantités exceptionnelles d’or, et les investisseurs, particulièrement en Asie et au Moyen-Orient, ont contribué à l’achat de l’or en tant que valeur refuge sous forme de lingots, de pièces et de bijoux.
La perspective de la chute des taux d’intérêt (qui rend l’or plus attrayant) a également soutenu le métal, tout comme la dette croissante du gouvernement (qui éloignait les investisseurs des devises produites par le gouvernement) et la dédollarisation (qui réduit l’utilisation des dollars dans le commerce et la finance mondiale).
Ce qui est remarquable est que l’or a excellé, malgré un fort marché des actions et une concurrence importante d’autres catégories d’actifs tels que les cryptomonnaies.
« Il ne cesse de battre des records », déclarait Marc-Antoine Dumont, économiste principal à Valeurs mobilières Desjardins. « Lorsque les taux d’intérêt augmentaient, les prix de l’or continuaient aussi de croître. Et l’incertitude concernant la géopolitique et l’élection américaine a contribué à maintenir le cours de l’or plus élevé que ce que ne suggéraient les fondamentaux. »
L’once d’or a baissé à 100 dollars américains le 6 novembre, un jour après l’élection par le peuple américain de Donald Trump comme prochain président. Les experts s’accordaient à dire qu’ils ne pouvaient que deviner sa politique à venir. Certains s’attendent à ce que Donald Trump mette ses promesses à exécution en imposant divers droits de douane qui mèneraient à une hausse de l’inflation. D’autres pensent qu’il abrogera certaines sections de l’Inflation Reduction Act (IRA, la loi sur la réduction de l’inflation), qui contient 500 milliards de dollars américains en nouvelles dépenses et allégements fiscaux visant à stimuler l’adoption de l’énergie propre, à réduire les coûts liés aux soins de santé et à augmenter les revenus issus des impôts.
Theo Yameogo, dirigeant du secteur des mines et métaux chez EY Amériques, indiquait que ses équipes se sont intéressées à tous les scénarios possibles, notamment les différentes mesures que pourrait prendre l’administration Trump. Certaines pourraient être favorables à l’or et à d’autres métaux, d’autres moins.
« La prochaine administration pourrait prendre des mesures qui apaiseraient les tensions géopolitiques avec la Russie et la Chine. Dans ce cas de figure, les marchés deviendraient haussiers, ce qui signifie que les prix de l’or baisseraient, car les investisseurs utiliseraient le capital dans des secteurs en développement de l’économie », indiquait-il.
« Mais un autre cas de figure est que la prochaine administration poursuive l’isolationnisme, qui a une incidence négative sur les courants d’échanges et réduit la demande en métaux et minéraux. Dans ce cas, les tensions géopolitiques vont se poursuivre, voire empirer, et l’investissement dans l’or comme valeur refuge l’emportera. »
Entre-temps, les droits de douane auraient un impact négatif sur les sociétés concernant des projets d’extraction de métaux hors des États-Unis, indiquait M. Yameogo.
« Nous ne savons pas encore l’impact qu’aura la présidence de Trump », indiquait Kevin Murphy, directeur de la recherche à S&P Global. « Tout d’abord, une grande confusion règne autour de ce que cela signifie réellement pour l’économie mondiale, puis spécifiquement pour l’industrie des métaux. »
Avant l’élection présidentielle de 2024 aux États-Unis, S&P avait prévu que 2025 serait encore une bonne année pour l’or, avec un prix moyen de 2 600 à 2 700 dollars américains l’once. Toutefois, les attentes sont revues à la baisse.
« Les modifications aux droits de douane et à l’IRA ne devraient pas avoir d’impact négatif sur les prix de l’or, et pourraient même les soutenir », indiquait M. Yameogo. « Nous ne savons tout simplement pas quand ni si des changements politiques vont se produire. Entre-temps, un gouvernement républicain devrait impliquer une pression légèrement à la baisse sur les prix de l’or et non le contraire. »
M. Dumont de Desjardins a prévu un prix moyen de l’once d’or de 2 575 dollars américains en 2025, et de 2 715 dollars américains en 2026. Il atteindra des records vers début 2027 à environ 2 775 dollars américains, avant de redescendre légèrement en 2028 pour atteindre 2 600 dollars américains. Lorsque l’équipe du CIM Magazine s’est entretenue avec lui en novembre 2024, il déclarait s’attendre à un prix moyen de l’once d’or pour 2024 de 2 370 dollars américains.
Pierre Vaillancourt, analyste de recherche à Haywood Securities, n’a pas été surpris de la performance de l’or en 2024, étant donné les tendances clés qui incluent les achats de la banque centrale et une moindre confiance dans le dollar. Il indiquait que le Moyen-Orient, la Russie et la Chine augmentent leur achat d’or à mesure qu’ils s’éloignent du dollar américain, alors que le déclin de l’inflation et des taux d’intérêt devrait aussi maintenir à flot les prix. En attendant, la croissance de l’offre sur le marché de l’or est « modeste ».
« Il ne fait aucun doute que le prix de l’or a le potentiel d’augmenter », indiquait M. Vaillancourt. « Je pense que les perspectives de dépasser les 3 000 dollars américains sont tout à fait possibles [en 2025]. Je pense que personne ne serait surpris de voir le cours de l’or atteindre ces chiffres. »
Il indiquait également que beaucoup d’argent circule dans les coulisses des fonds du marché monétaire, maintenant que les taux baissent et que l’inflation est plus faible, ce qui permet de tâter le terrain avec l’or et les titres aurifères. « Les sociétés aurifères ont beaucoup de valeur », indiquait-il. « Je ne pense pas que le prix de l’or ait été pleinement pris en compte. »
Jusqu’ici toutefois, les prix plus élevés de l’or n’ont pas entraîné d’amélioration des prix des actions pour de nombreuses sociétés minières.
« Même si les prix de l’or se portent bien, les investisseurs ne sont pas aussi intéressés qu’ils l’étaient probablement dix ans en arrière », indiquait M. Murphy de S&P. « Ils se méfient de l’industrie minière. Les grands investisseurs institutionnels se souviennent ce qu’il s’est produit lors du dernier ralentissement économique de 2012 à 2013, lorsque les sociétés minières ont connu une période de ralentissement caractérisée par des dettes considérables après avoir développé des mines à coût élevé. Je ne pense pas que leur confiance soit restaurée. Si c’était le cas, on aurait assisté à davantage de financement lorsque l’or atteignait les 2 600 dollars américains l’once. L’environnement est encore favorable aux taux d’intérêt élevés, les taux d’emprunt sont plus élevés. Ainsi, il est légèrement plus difficile d’obtenir " l’argent fou " à investir. »
Jorge Ganoza, président de Fortuna Mining qui dirige cinq mines d’or en Amérique latine et en Afrique occidentale, est du même avis. « En tant qu’industrie, nous devons réellement montrer que nous pouvons tirer profit des marges qu’offre la hausse des prix. Les investisseurs ont des bitcoins et d’autres actifs offrant des rendements exceptionnels », indiquait-il. « L’industrie est sujette à l’inflation. Ainsi, pour que de l’argent soit investi dans les valeurs minières, les investisseurs doivent être sûrs que nous maîtrisons les coûts et, plus important encore, savoir ce que nous faisons de l’argent investi. »
Un marché équilibré, mais pour combien de temps ?
Cu Le groupe BHP, qui a fait une offre publique d’achat de 43 milliards de dollars américains au deuxième semestre 2024 pour Anglo American, l’une des plus grandes sociétés minières spécialisée dans le cuivre, n’a pas réussi. Mais cela soulignait l’énorme appétit pour le cuivre.
L’optimisme quant au métal rouge, un élément critique dans la transition énergétique mondiale et dans de nombreux domaines, des véhicules électriques (VÉ) aux lignes de transmission et aux applications d’intelligence artificielle (IA), est indéniable. Il a entraîné une augmentation des prix pour atteindre 10 800,81 dollars américains la tonne le 20 mai, le deuxième prix le plus élevé enregistré après son record du 18 octobre 2021, où il avait atteint 11 299,50 dollars américains. Le cuivre atteignait une moyenne de 8 500 dollars américains la tonne en 2023. Lors de l’entretien avec M. Murphy de S&P en novembre 2024, ce dernier prévoyait une moyenne de 9 300 dollars américains la tonne pour 2024.
Dans un discours à la Minerals Week (la semaine dédiée aux minéraux) à Canberra en septembre 2023, le directeur général de Newmont Tom Palmer soulignait le rôle critique du cuivre dans le déploiement des technologies nécessaires pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
« Conformément aux tendances actuelles en matière de production de cuivre, nous connaîtrons une pénurie de cuivre de 10 millions de tonnes d’ici 2035. En réalité, d’ici 2050, le monde produira seulement 20 % du cuivre nécessaire pour répondre aux objectifs climatiques de neutralité carbone. Il faudra développer bien plus de mines de cuivre pour réduire cet écart, augmenter le recyclage du cuivre et améliorer les processus de lixiviation du cuivre. »
- Murphy de S&P ne pense pas que le déficit de cuivre apparaîtra avant 2032 ou 2033.
Il est toutefois difficile d’examiner les fluctuations du marché à proche et moyen termes. « Nous nous attendons à ce que les prix du cuivre remontent à un moment. Ils sont plus élevés que ce que les fondamentaux indiquaient, mais nous restons optimistes sur le cours du cuivre à long terme », indiquait M. Murphy.
« Sauf si quelque chose de surprenant se produisait, le prix à trois mois de la Bourse des métaux de Londres en 2025 se situera autour des 9 000 dollars américains la tonne. Toutefois, nous verrons l’effet que vont avoir les droits de douane imposés par le futur président Trump. Il n’en faudrait pas beaucoup pour que les droits de douane aient une incidence sur la demande et dévalorisent nos prévisions en matière de prix. Si l’inflation recommence à grimper, nous devrons les modifier. »
Alice Fox, stratège en chef sur les métaux communs au Macquarie Group, prévoit que le cuivre atteindra un prix moyen de 9 175 dollars américains la tonne en 2025, et 8 300 dollars américains la tonne en 2026.
« Le prix dépend véritablement des facteurs macroéconomiques de la Chine en ce moment, et des mesures d’incitation potentielles du gouvernement, par opposition à la reprise des économies de marché développés », déclarait-elle. Parallèlement, les droits de douane proposés par M. Trump « spéculeront à la baisse pour le cuivre ».
« Nous voyons une offre poindre, qui résultera en une année supplémentaire d’excédent [en 2025], ce qui signifie un moindre soutien pour les prix », indiquait Mme Fox.
Elle argumentait que l’offre de cuivre suffira à satisfaire la demande jusqu’à la fin de l’année 2027. Le marché tombera dans le déficit à compter de 2028. « Ceci nous positionne dans un camp différent de nombreux autres prévisionnistes, dont les déficits commencent à partir de [2025]. »
Si Macquarie est optimiste sur le long terme, le groupe adopte « une vision plus pragmatique », indiquait Mme Fox, avec des prévisions plus faibles concernant la demande pour les VÉ et l’IA. « Beaucoup de personnes parlent de l’IA et des centres de données qui exigent une grande quantité de cuivre. Selon nous, l’incidence sur la demande est exagérée. Il s’agit de quelques centaines de milliers de tonnes par rapport à la situation actuelle. »
Elle indiquait également que les technologies se développent et changent, aussi les exigences en matière d’énergie ne seront pas nécessairement les mêmes à l’avenir. « La fibre optique est arrivée et a remplacé une grande partie des câbles en cuivre », raisonnait-elle. « Avec l’IA, on ne peut pas toujours utiliser du cuivre car il ne transmet pas les données assez vite. »
Toutefois, argumentait Mme Fox, « si l’offre des mines n’est pas davantage approuvée d’ici l’année prochaine, les prix seront bien plus élevés au moyen terme afin d’encourager suffisamment d’approbations de projets, de développements technologiques ou une plus grande quantité de déchets à base de cuivre qui, à leur tour, pourraient mener à la destruction de la demande au travers de la rationalisation des coûts et de la substitution pour équilibrer le marché. »
En novembre 2024, M. Dumont de Valeurs mobilières Desjardins prévoyait un prix moyen de la tonne de cuivre à 9 190 dollars américains en 2024, qui augmenterait à 9 275 dollars américains en 2025.
« Pour tout métal industriel, les perspectives pour la Chine sont très importantes. Nous assistons à un ralentissement structurel, et l’effet de relance annoncé par la Chine [en septembre 2024] souligne les défis structurels que rencontre la Chine », indiquait-il. « Les perspectives générales pour le cuivre sont toutefois très positives dans le contexte de transition vers l’énergie propre et l’électrification. »
M. Vaillancourt de Haywood déclarait que malgré la faible demande de la Chine, la demande reste soutenue, et la croissance de l’offre de cuivre limitée. La teneur du cuivre ne cesse de baisser et l’obtention d’un permis devient toujours plus difficile. En fonction du territoire, la simple obtention d’un permis de forage peut prendre des années, déplorait-il.
« En chiffres ronds, il faut compter 20 ans pour la plupart des projets de la phase de découverte à la production. Parallèlement, les dépenses d’investissement sont victimes de l’inflation, aussi le prix du cuivre nécessaire pour justifier de poursuivre un projet jusqu’à la phase de production se rapproche aujourd’hui de 5 dollars américains l’once [soit 11 020 dollars américains la tonne]. Si l’on n’a pas de prix minimum, on ne pourra pas amener les projets jusqu’à [la phase de production] en raison de l’insuffisance de la rentabilité économique », ajoutait-il.
« Le calendrier de développement et de production continue de s’étendre, ce qui impose une pression supplémentaire sur l’offre. Au vu du déclin des teneurs et des calendriers pour obtenir les permis, il est de plus en plus difficile pour les sociétés de rester en place. »
Les prévisions de M. Vaillancourt pour le cuivre en 2025 sont de 9 918 dollars américains la tonne. « Nous suivons la courbe des taux à terme, mais il n’est pas déraisonnable de penser qu’elle s’amortira au-delà de 5 dollars américains la livre [soit 11 020 dollars américains la tonne], ce qui correspond à ce que prévoient certaines banques », prévoyait-il.
Concernant les fusions et acquisitions, indiquait M. Vaillancourt, les sociétés cherchant des actifs cuprifères seront plus intéressées par l’acquisition de projets qui se sont débarrassés des obstacles concernant l’obtention de permis.
Des sociétés minières telles que Newmont se tournent déjà avec ardeur vers le cuivre pour tirer profit de la transition énergétique verte. En novembre 2023, Newmont a augmenté son exposition au cuivre grâce à son acquisition de 15 milliards de dollars américains de Newcrest Mining. Mines Agnico Eagle, quant à elle, a acheté la moitié du projet de cuivre-zinc San Nicolas de Teck Resources au Mexique en avril 2023.
« C’est drôle », songeait M. Murphy. « Barrick s’est lancée dans le cuivre il y a une dizaine d’années et le marché détestait cela. Aujourd’hui, le marché s’intéresse à cette diversification. C’est un véritable revirement. »
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Li La demande pour les VÉ a atteint un plateau et le marché est excédentaire. Ainsi, le lithium a perdu de son attrait. Il y a deux ans, le prix du lithium atteignait 84 000 dollars américains la tonne. En novembre 2024, il avait chuté à environ 10 300 dollars américains la tonne.
D’après certaines estimations, plus de neuf mines de lithium ont été ouvertes dans le monde en 2023, indiquait M. Murphy. « Ceci peut paraître peu, mais dans une industrie où l’on compte moins de 100 mines dans le monde, c’est en réalité une augmentation importante », ajoutait-il.
« Tout le monde s’est tourné vers le lithium, et l’offre est tout simplement excédentaire », indiquait Mme Fox de Macquarie. « Ce dont le lithium a besoin, c’est d’une discipline au niveau de l’offre pour que les prix retombent. »
En début d’année 2024, certains producteurs de lithium annonçaient qu’ils allaient cesser ou freiner leurs projets, mais ces projets ne devaient pas être mis en service avant 2027. « Ceci n’a eu aucun impact sur l’offre à court terme, et ils poursuivent leurs projets plus avancés qui entreront sur le marché sur le court terme », ajoutait-elle. « Nous commençons à voir certaines réductions à court terme de la part de certains producteurs, mais pas encore suffisantes pour avoir une incidence matérielle sur l’équilibre. »
Lors de son entretien en novembre 2024, Mme Fox prévoyait une moyenne des prix du concentré de spodumène de 950 dollars américains la tonne pour 2024 et de 869 dollars américains la tonne pour 2025. Pour le carbonate de lithium, elle calculait une moyenne de 12 850 dollars américains la tonne pour 2024, qui baisserait à 10 775 dollars américains la tonne en 2025. Le prix de ces deux minéraux devrait remonter en 2026.
M. Murphy de S&P prévoyait que le prix des carbonates de lithium atteindrait environ 12 000 dollars américains la tonne fin 2024, et baisserait à environ 10 000 dollars américains la tonne en 2025. Il ne s’attend pas à une remontée des prix avant 2027 ou 2028, lorsque le marché pourrait sombrer dans le déficit.
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