Lorsque l’ICM m’a embauché comme éditeur au CIM Magazine en 2009 et que je me suis lancé tête baissée dans le domaine minier, le district du Cercle de feu en Ontario était la force qui animait l’industrie. Deux années auparavant, Noront Resources avait découvert Eagle’s Nest, un gisement de nickel-cuivre. Peu après la découverte de Noront, Freewest Resources localisait deux gisements de chromite dans la même région. On envisageait alors le Cercle de feu comme un camp minier capable de maintenir les activités pendant des générations.

Le récit de la découverte, les origines du nom du Cercle de feu, les promoteurs aux belles paroles appâtant le tout : tous ces aspects constituaient une introduction fascinante au monde minier. L’effondrement du dynamisme de cette ruée des temps modernes auquel nous avons assisté s’est révélé tout aussi fascinant et bouleversant.

Comme le fait remarquer l’Ontario Mining Association (OMA, l’association minière de l’Ontario) dans la section Mining 101 de son site Internet, le calendrier de développement d’une mine, de la découverte à la production, s’étend « généralement sur 10 à 15 ans ». Nous avons déjà bien entamé la 16e année depuis la découverte de Noront et pourtant, le calendrier de développement de la mine est encore vague.

Comment avons-nous pu en arriver là ?

Dans son ouvrage intitulé Ring of Fire: High Stakes Mining in a Lowlands Wilderness, publié récemment, l’autrice Virginia Heffernan a relevé le défi de nous décrire l’origine géologique du Cercle de feu ainsi que les nombreuses intrigues et tensions qui l’animent. Et c’est tout à son honneur. Le livre est un format idéal pour aborder ce sujet. Il offre l’espace nécessaire pour explorer la formation des gisements minéraux rentables, présenter les acteurs impliqués et fournir un contexte historique indispensable pour comprendre l’importance notable de la ressource ainsi que les problèmes qui ont pu contrarier son développement. Mme Heffernan, auparavant géoscientifique et journaliste au Northern Miner, est bien placée pour nous les présenter. Elle comprend bien la géologie et les activités essentielles au récit, tout comme les limitations qui peuvent découler d’une appartenance à ce monde.

« Géoscientifique d’exploration reconvertie en journaliste spécialisée dans le secteur minier, j’ai été naturellement attirée par l’enthousiasme fiévreux qui a accompagné la découverte minérale de 2007 dans le Cercle de feu », explique-t-elle dans sa préface. « À mesure que les années passaient et que les communautés autochtones au Canada exerçaient leur droit constitutionnel d’être consultées quant au développement des ressources, le destin de cette région isolée devenait toujours plus incertain, et les implications des découvertes successives encore plus fascinantes. Cette région riche en minéraux englobe toutes les difficultés du développement des ressources au Canada : les dégâts possibles causés à l’environnement, le manque d’infrastructure qui entraîne l’abandon des ressources, et un processus de consultation réglementaire et des peuples autochtones qui peut être opaque. »

Son ouvrage d’à peine plus de 200 pages nous plonge en profondeur dans le Cercle de feu. Il constitue une base exceptionnelle pour comprendre les forces en jeu dans l’industrie minière, et met en évidence le talent marqué de Mme Heffernan pour la narration.

M’étant moi-même retrouvé confronté à l’industrie et essayant de trouver mes repères, j’aurais aimé que l’on m’offre un tel ouvrage, si essentiel et stimulant. Attirés par la frénésie actuelle que suscitent les minéraux critiques, nombreux sont ceux qui pourraient sans aucun doute trouver leur voie grâce à l’œuvre de Mme Heffernan.

Traduit par Karen Rolland