Pendant quelques jours à la mi-septembre, à l’occasion de l’International Conference on Acid Rock Drainage (ICARD 2024, la conférence internationale sur le drainage rocheux acide), Halifax, en Nouvelle-Écosse, est devenue l’épicentre mondial de l’expertise en géochimie. Après l’interruption forcée durant la pandémie mondiale, et étant donné que la conférence n’a lieu que tous les trois ans, cet événement était le premier en présentiel depuis la rencontre de 2018 à Pretoria, en Afrique du Sud. Il y avait donc beaucoup à faire, car les choses ont bien évolué depuis. Charles Dumaresq, vice-président de la division des sciences et de la gestion environnementale à l’association minière du Canada (AMC), indiquait lors du débat le jour de l’inauguration qu’une série de ruptures de digues à résidus miniers à haute visibilité a formé les organismes de réglementation, les exploitants et le grand public aux risques géotechniques associés aux mines et aux anciens sites de production. Ces risques peuvent potentiellement détourner les ressources, qui ne seront alors plus attribuées à la prise en charge des problèmes d’ordre géochimique.

Toutefois, M. Dumaresq et les nombreux autres présentateurs ont bien précisé, au travers de plus de 140 présentations, que des progrès considérables ont été faits ces dernières décennies pour prévoir le drainage rocheux acide et les autres risques liés à l’eau dans les sites miniers, et y répondre.

Les plus grands progrès ces dernières années sont sans doute ceux réalisés dans le domaine des processus biologiques. Des outils génomiques portables et rentables sont maintenant utilisés pour mieux comprendre la vie (des gros mammifères aux bactéries) présente autour des sites miniers, la manière dont ces animaux et ces organismes réagissent aux facteurs chimiques, et le rôle des micro-organismes dans l’atténuation et la remise en état à l’avenir.

Plusieurs études de cas ont été présentées dans les actes de conférence, notamment sur la mine de Giant près de Yellowknife et la mine de Faro dans le Yukon, ainsi que diverses présentations détaillant le travail actuel à l’exploitation d’Elk Valley Resources en Colombie-Britannique pour réduire le sélénium libéré dans l’environnement à cet endroit.

L’association des coûts de l’assainissement de ces trois sites seulement dépassera probablement les 10 milliards de dollars, bien plus que ce qui a été budgétisé jusqu’à présent pour une remise en état. Comme le faisait remarquer M. Dumaresq, c’est l’une des plus grandes difficultés que rencontre l’industrie minière. De fait, la pratique actuelle de budgétisation des projets sur la base de la valeur actualisée nette ne parvient pas à tenir compte du coût total de la fermeture d’un site.

En définitive, l’approche interdisciplinaire visant à aborder le problème du drainage rocheux acide et d’autres enjeux liés aux eaux d’exhaure mis en avant lors de l’événement doit dépasser les considérations chimiques et biologiques, et inclure l’avis de spécialistes bien avisés en matière de finance. Chris Kennedy, directeur du programme d’intendance de l’eau à Teck Resources, insistait sur le fait que tout changement fondamental dans la manière dont une exploitation minière détermine ses priorités, environnementales ou autres, ne peut avoir lieu sans inclure les opinions et l’expertise de celles et ceux dont la prise de décision est dictée par des considérations relatives aux critères d’évaluation tels que la valeur actualisée nette.

Lorsque M. Kennedy a avancé cette opinion devant un public de géochimistes, il l’a dédramatisée en la qualifiant de commentaire probablement « ridicule ». Toutefois, avant d’être présentée à la haute direction, toute approche innovante doit pouvoir garantir qu’elle fonctionnera, mais aussi, étant donné qu’elle rivalise avec une quantité d’autres initiatives, qu’elle se vendra.

Traduit par Karen Rolland