Lors de la conférence annuelle MINEXCHANGE de la Society for Mining, Metallurgy and Exploration (SME, la société des mines, de la métallurgie et de l’exploration), qui s’est tenue l’année dernière à Denver, dans le Colorado, les experts ont dialogué lors de la grande session de la journée d’ouverture sur des thèmes d’actualité, à savoir les principes environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) et la décarbonation. Si l’un des conférenciers, qui représentait un exploitant minier, évoquait les contraintes que rencontrent les sociétés minières lorsqu’elles tentent de s’éloigner des combustibles fossiles, personne n’a réfuté l’argument selon lequel cet objectif était louable. La réponse à une question du public concernant le nombre grandissant d’États gouvernés par le parti républicain promulguant des lois anti-ESG accusait cette obstruction de manquer de perspicacité.

Comme le faisait remarquer Silvia Pikal, cheffe de rubrique du CIM Magazine, dans son article SME panelists debate net-zero goals (uniquement en anglais) couvrant l’événement, l’édition de cette année de la rencontre phare de notre filiale à Phoenix, en Arizona, adoptait un tout autre ton. Les organisateurs de l’événement avaient confié l’encadrement du débat d’experts à un auteur et commentateur ayant bâti sa carrière sur une réputation d’anticonformiste vantant l’obligation morale d’un usage non restrictif des combustibles fossiles. Ce dernier soutenait que les combustibles fossiles sont à l’origine de la vie moderne dans le monde développé. Seuls les combustibles fossiles peuvent offrir une qualité de vie proche de celle à laquelle aspire la majorité des habitants de la planète, lesquels ne peuvent que rêver du mode de vie confortable que nous tenons pour acquis. Selon lui, les risques liés à l’élimination des combustibles fossiles sont bien supérieurs aux risques de continuer à les utiliser sans relâche.

Ce message, relayé sur la scène d’une grande conférence du secteur minier, arrive à un moment où les investisseurs, et particulièrement les investisseurs américains, continuent de puiser leur argent dans des fonds axés sur les principes ESG, dont l’objectif fondamental est de réduire les émissions de CO2. J’ai entendu certaines personnes porter ces affirmations aux nues comme une confirmation que l’investissement dans les principes ESG n’était rien d’autre que du marketing.

Certes, les exemples d’écoblanchiment ne manquent pas dans un contexte où les sociétés, qui cherchent à s’adapter à un marché très tendu, ont trompé les investisseurs concernant leur engagement vis-à-vis des pratiques durables. La grande majorité des agences de notation et des indices de durabilité qui ont vu le jour pour prodiguer des conseils ont généré plus de bruit qu’ils n’ont apporté de clarté.

Toutefois, accepter l’argument présenté à MINEXCHANGE, selon lequel il est ridicule d’essayer d’améliorer nos pratiques, ne servira pas l’intérêt de l’industrie minière. Fondamentalement, il suggère que l’ingéniosité humaine ne nous mènera pas bien loin. Je suis prêt à prendre parti pour l’autre face de ce pari. Toutefois, plus spécifique à cette industrie, cet argument fait fi de la réalité : si les investisseurs et les promoteurs de projets ne tiennent pas compte des risques environnementaux et sociaux inhérents à l’industrie minière, notamment au Canada et aux États-Unis, cela veut dire que leurs projets ne verront pas le jour.

Je suis ravi de vous annoncer que les débats prévus dans le cadre du congrès CIM Connect, qui se tiendra en mai à Vancouver sur le thème La marque canadienne : un avantage décisif, s’intéresseront à cette réalité. 

Traduit par Karen Rolland