Presque un an après la rupture du barrage minier de Córrego do Feijão qui a entraîné la mort de 270 personnes, onze employés (actuels et anciens) de Vale, dont l’ancien directeur général de la société, et cinq personnes de la société de conseils allemande Tuv Sud, ont été accusés d’homicide. Les verdicts de ce genre d’affaires, s’ils sont un jour rendus, ne le seront pas de sitôt.

Cependant, un jugement concernant les causes techniques de la rupture du barrage a déjà été rendu. À la mi-décembre, un groupe d’experts créé par Vale composé de quatre membres et présidé par Peter K. Robertson, conseiller en géotechnique et professeur de génie retraité de l’université de l’Alberta, a publié son rapport sur la rupture du barrage minier (en anglais).

Le groupe d’experts a rejeté la théorie selon laquelle l’abattage à l’explosif à proximité du barrage aurait entraîné sa rupture. À l’aide de simulations, il a également éliminé les suggestions selon lesquelles des projets individuels visant à aider à la gestion du barrage (notamment l’installation de systèmes de drainage afin de réduire le niveau de l’eau l’été précédent, et le forage d’un puits le jour de la catastrophe) auraient pu déclencher la rupture.

L’origine de cet événement dramatique remonterait à quatre décennies en arrière, lors de la construction du barrage. « La conception et la construction originelles n’étaient pas solides », expliquait M. Robertson dans une déclaration vidéo publiée avec le rapport. « De fait, le barrage était trop humide et trop pentu. »

L’eau du barrage s’accumulait en trop grande quantité au niveau de la retenue, et ne s’écoulait pas suffisamment. Le groupe d’experts a également conclu que « l’agrégation des résidus miniers en raison de la présence d’oxyde de fer a eu pour effet de donner l’impression que le barrage était bien plus solide et résistant qu’il ne l’était réellement, sans qu’il ne montre de signes normaux de dégradation ou de rupture imminente. Par ailleurs, les fluages internes étaient si insignifiants qu’ils ne montraient aucun signe de dommages en surface et ne laissaient entrevoir aucun risque de rupture ».

En d’autres termes, le barrage minier de Córrego do Feijão était sur le point de céder, mais, étant donné le peu d’informations concernant la nature des résidus endigués, aucun signe alarmant ne permettait de prévoir le moment auquel allait se produire une telle catastrophe.

Immédiatement après de terribles accidents tels que celui de Brumadinho, entre l’indignation et la pression pour que les garants prennent leurs responsabilités, des personnes plus calmes nous invitent parfois à ne pas tirer de conclusions trop hâtives. Après tout, nous n’avons pas en main toutes les informations. L’enquête menée sur la rupture du barrage minier de Córrego do Feijão indique clairement que nous devons évaluer les parcs à résidus miniers avec le même scepticisme, et ne tirer des conclusions quant à leur sécurité et leur intégrité qu’après les avoir minutieusement examinés.