Le Capital Projects Symposium (CPS 2023, un symposium dédié aux projets d’investissement) de l’ICM est le nouveau venu dans la liste des événements de l’institut. En raison de la pandémie, le premier de ces symposiums avait dû avoir lieu en ligne en novembre 2020. Toutefois, le concept (une conférence d’ampleur raisonnable axée sur des études de cas et des stratégies en matière de bon déroulement des projets) a pris de l’ampleur. On pouvait s’y attendre dans une industrie à l’historique peu reluisant en matière d’exécution de projets dans le respect des délais et des budgets. La troisième édition a eu lieu en novembre, et j’ai eu la chance d’y participer. Ce symposium a ouvert la voie à l’exploration d’éditoriaux futurs, qu’il s’agisse d’études de cas ou de questions existentielles.
Ces études de cas comprenaient le projet Quellaveco d’Anglo American au Pérou, le développement continu de Bloom Lake de Champion Iron Ore au Québec, et le déclassement du puits de la mine de potasse de Mosaic Company en Saskatchewan. Chacun de ces projets s’est taillé une place en tant que projet exemplaire, sachant que chacun d’eux a dû composer avec la phase difficile de la pandémie. Le fil conducteur qui réunissait toutes ces présentations, et d’autres, était l’association de l’expérience, des connaissances techniques et des compétences non techniques (nombre de ces compétences ayant été acquises par essais et erreurs), indispensables pour réussir.
Le rôle de l’intelligence artificielle (IA) dans les projets miniers et dans notre vie quotidienne était un thème qui revenait dans toutes les discussions, et qui requerra une attention certaine. George Greer de Pan American Silver Corp. se montrait sceptique quant à son utilité dans la gestion de projet. « Il est avant tout question de personnes. Il faut recruter les meilleurs, les traiter avec respect, et les motiver. » Un modèle d’IA, expliquait-il, n’est pas utile dans ce domaine.
Si d’autres, dont John Gravel de Bedrock-Service Group, insistaient sur l’avènement indéniable de l’IA en tant qu’outil précieux, Stefan Gueorguiev, directeur des études et du génie à Vale, est d’avis que l’application de l’IA générative et des modèles de langage pour la gestion des connaissances et des risques refaçonnera rapidement l’industrie minière, et bien plus encore. « On parle d’un changement d’ici trois à cinq ans. Il est difficile de savoir ce qui se passera au-delà de cinq à sept ans. C’est un changement progressif », indiquait-il.
Confirmant ses propos, une équipe de recherche chinoise publiait, une semaine avant l’événement, un article dans Nature Synthesis consacré à un chimiste spécialisé en IA qui a développé une formule permettant de produire de l’oxygène à l’aide de matériaux disponibles sur Mars. Il faudrait deux millénaires aux scientifiques pour exécuter une telle tâche. L’IA l’a réalisée en six semaines. Cette découverte capitale vient appuyer et corroborer la possibilité d’une vie sur Mars et l’exploration de l’espace lointain. Le processus utilisé pour cette découverte représente le genre d’étape disruptive que M. Gueorguiev voit se pointer à l’horizon.
Quelles implications, par exemple, cela pourrait-il avoir pour le développement de nouvelles substances chimiques pour les batteries, et par là même pour les minéraux nécessaires à leur fabrication ?
Ceci ne constitue qu’une première piste d’investigation pour une technologie qui pourrait générer un nombre exceptionnel de découvertes.
Il serait passionnant de voir si et comment cela se vérifie, et quelle portée ces impacts auront sur notre manière de travailler, dans l’industrie minière comme dans les magazines.
Traduit par Karen Rolland