La carapace des homards ne s’étire pas et ne grandit pas, aussi ces derniers sont contraints de s’en débarrasser pour se développer. La nouvelle carapace est relativement souple ; jusqu’à ce qu’elle durcisse, le homard est vulnérable. Ainsi va le changement. On peut résister au changement et ne pas évoluer, ou bien accepter la vulnérabilité et se développer. Personnellement, je considère que c’est à nous de choisir.

Cependant, en tant qu’industrie, ce choix ne nous appartient pas toujours. Notre industrie est dirigée par un éventail toujours plus grand de parties prenantes, la plus importante étant le contexte mondial et les personnes affectées… En d’autres termes, tout le monde. Si l’on ne change pas notre monde, le monde s’en chargera.

À bien des égards, c’est un dilemme pour les dirigeants. Nos plateformes commerciales et la plupart des personnes occupant des postes de dirigeants de nos jours ont été conditionnées en vue de parvenir à la stabilité et la prévisibilité au sein d’une industrie de nature instable et imprévisible, à une époque caractérisée par des changements rapides, tant au niveau de la technologie que de nos institutions et de notre environnement. Bien que là n’était pas son intention, James Anderson a fort bien décrit notre industrie lorsqu’il écrivait Most people who say they want change only want enough change to keep everything the same, only better (la plupart des gens qui prétendent vouloir un changement ne souhaitent qu’une chose, un changement qui ne préservera que mieux le cours des choses).

Les jeunes sont particulièrement qualifiés pour être des dirigeants dans notre environnement actuel, et nous n’en sommes même pas conscients. La seule chose que connaissent les jeunes de notre époque est un monde en constante évolution, dans lequel ils doivent sans cesse s’adapter et s’épanouir. À mon avis, leur manque d’expérience peut être un véritable atout à notre époque.

Cependant, l’une des choses que l’on sait par expérience est que, sans expérience, il est risqué de devenir dirigeant(e). On ne peut se permettre de répéter les erreurs du passé. À toutes celles et tous ceux qui occupent des postes de dirigeants, veillez à transmettre vos savoirs afin de permettre aux jeunes chefs de file de s’épanouir à cette époque de changements. Ian Pearce avait raison lorsqu’il expliquait ce problème, d’une manière que comprendront bien les ingénieurs. « Un(e) dirigeant(e) doit reconnaître l’énergie potentielle d’un individu et la convertir en énergie cinétique. »

Je m’adresse donc aux jeunes de notre industrie. À l’école, on vous apprend à apprendre ; associez vos grandes idées et votre passion à l’apprentissage permanent, par exemple en acquérant de l’expérience, mais aussi en engrangeant autant de connaissances que possible auprès de vos prédécesseurs. Développez un réseau de soutien, entourez-vous de conseillers, développez vos connaissances en dehors du travail, prenez des notes, au sens propre comme au sens figuré.

Aux dirigeants de notre temps, transmettez vos expériences, couchez-les sur le papier pour les partager avec d’autres, formez vos employés, et je ne parle pas simplement d’approuver une formation, mais de la dispenser. Combien de jeunes encadrez-vous à l’heure actuelle ? Si vous n’en encadrez aucun, quelle en est la raison ? Vous êtes trop occupés ? Notre priorité en tant que dirigeants est de créer de nouveaux dirigeants. Il est temps de redéfinir nos priorités.