Avec l’aimable autorisation d’Anne Marie Toutant

Notre industrie, comme beaucoup d’autres, fait face à un problème important lié à la disponibilité des talents de demain. De fait, à l’occasion d’une enquête du conseil des ressources humaines de l’industrie minière (RHiM) auprès de jeunes Canadiens de 15 à 30 ans concernant la probabilité qu’ils s’engagent dans une variété de professions, 70 % d’entre eux ont répondu qu’il était peu probable, voire totalement exclu, qu’ils envisagent une carrière dans le secteur minier.

Pierre Julien nous a pris à contre-pied à la fin de son mandat de président de l’ICM. Dans ses dernières notes publiées dans l’édition du mois de mars/avril, intitulées « Ce qui se cache derrière un nom », il évoquait la pénurie chronique de main-d’œuvre dans l’industrie minière et la « valorisation de notre marque ». La réalité, indiquait-il, est que notre industrie développe et utilise une technologie de pointe à la recherche de minéraux et de métaux, et pour leur production. Nous faisons tout cela dans le but de produire les minéraux dont la société a besoin pour cultiver les aliments, et produire les métaux nécessaires au maintien du mode de vie moderne, notamment ceux indispensables à la décarbonation de notre économie dans la course contre le changement climatique. Le fait que nous nous qualifions d’industrie minière incite la société à s’accrocher à des perceptions obsolètes et traditionnelles.

Dans un exemple de synchronisme, le conférencier d’honneur du CIMBC22 Beau Lotto, professeur en neurosciences, auteur et directeur général de Lab of Misfits LLC, nous encourageait à remettre en question nos perceptions, argumentant qu’elles nous restreignent. Il décrivait son travail avec le Cirque du Soleil, et expliquait comment il l’avait aidé à élargir son modèle économique en changeant sa perception. Il avait suggéré de ne plus se décrire comment étant dans le métier du cirque, mais plutôt dans le métier de « l’admiration et de l’émerveillement », une perception qui trouvait un écho auprès du public. M. Lotto a mené une expérience en mini-laboratoire auprès des participants du congrès, et leur a posé une série de questions. Il en a conclu que les personnes travaillant dans notre industrie sont motivées par un objectif (bien plus qu’il ne le pensait, et bien plus que ne le pense la société dans son ensemble). Le secret pour changer la perception de notre industrie qu'ont la société et les futurs employés consiste à exploiter cet objectif d’une manière authentique.

M. Lotto nous a donné de l’espoir, tout comme mon expérience suivante. J’ai eu l’occasion de le présenter à plus de 150 étudiants, récents diplômés et jeunes professionnels qui ont participé au congrès cette année lors d’un débat qu’il menait aux côtés de trois professionnels talentueux du secteur minier. C’était très encourageant d’écouter les réponses sincères des conférenciers aux questions que leur posaient les étudiants. À un moment, alors qu’il décrivait son parcours professionnel, Adrian Heieis expliquait qu’après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur des mines à l’Université de la Colombie-Britannique, il avait travaillé pendant plusieurs années à la Silicon Valley et s’était alors demandé s’il travaillerait un jour pour une société minière « traditionnelle ». Toutefois, le recours croissant de l’industrie minière aux technologies, et son observation selon laquelle nombre de sociétés, comme son employeur actuel Teck Resources, faisaient preuve d’un sens authentique de la communauté et des objectifs, l’a convaincu de revenir. M. Heieis n’est pas le seul à avoir pris cette décision. M. Lotto indiquait que ce que souhaite la génération Y, c’est que les sociétés ne défendent pas uniquement les profits, mais se mettent au service d’un objectif qui transcende ce qu’elles représentent.

Nous avons en main tous les principaux ingrédients pour résoudre notre problème de pénurie de main-d’œuvre. Il faudra du temps pour que s’opère le changement fondamental, pour que l’industrie minière s’affranchisse de son statut d’entité « sombre » de l’économie verte et soit reconnue comme une industrie de haute technologie qui fournit les minéraux et les métaux nécessaires à la société, une industrie qui compte des personnes ayant le désir de mener des carrières utiles, audacieuses et sensées. Aux 10 000 membres de notre communauté de l’ICM, je souhaite toutefois lancer un défi. Arrêtons d’hésiter et de réfléchir lorsque quelqu’un nous pose la question « Que faites-vous dans la vie ? ». Gardons à l’esprit notre argumentaire éclair et soyons prêts à le donner, avec authenticité et passion. Si chacune des 10 000 personnes de notre communauté parvient à inciter une personne à intégrer ou à rester dans notre industrie dans les 365 jours à venir, ce sera un véritable cadeau à notre industrie et à notre institut, qui fêtera ses 125 ans en 2023.

Rejoignez-moi et relevez ce défi !

Traduit par Karen Rolland