Photos avec l’aimable autorisation de l’association minière du Canada
En 1908, la ville minière argentifère de Cobalt, en Ontario, traîne en justice la société Coniagas Mines. Le problème ? Les résidus rejetés par la mine envahissent régulièrement les maisons et les commerces avoisinants, sans que la société n’accepte de remédier au problème. Quelques années plus tard, Coniagas Mines exige du propriétaire d’une boucherie qu’il paie le déblaiement d’un amas de roches stériles amoncelées devant son magasin. Le boucher finit par déménager, et l’ancienne boutique est enterrée.
Ce genre d’histoires étaient autrefois monnaie courante dans les camps miniers du Canada, car les sociétés exerçaient souvent leur activité sans réellement tenir compte des collectivités locales et de l’environnement. Fort heureusement, l’industrie minière a considérablement évolué depuis, notamment en matière de gestion des résidus et de participation des collectivités.
En collaborant de manière constructive et en faisant preuve de volontarisme dans la création de relations et l’échange d’informations, l’engagement communautaire permet d’établir une certaine confiance et ainsi, de réduire le risque de conflits potentiels. Cette démarche sera également très utile pour veiller à ce que les collectivités comprennent bien les risques associés aux résidus et à leur gestion par les sociétés.
L’engagement communautaire n’est pas une démarche à sens unique. De fait, la population locale détient des connaissances utiles aux sociétés minières, qui leur permettront notamment de prendre de meilleures décisions durant le cycle de vie des parcs à résidus miniers. Ces décisions permettront par exemple d’établir des objectifs de rendement, d’évaluer et de gérer les risques, de planifier et de concevoir des installations de traitement des résidus, ou encore d’anticiper la fermeture d’un site et les mesures d’urgence.
La Global Industry Standard on Tailings Management (la norme industrielle mondiale pour la gestion des résidus miniers), publiée en 2020, accorde une grande importance à l’engagement communautaire. Sur le plan international, cette approche est nouvelle pour de nombreuses sociétés qui n’ont pas jamais échangé avec les collectivités sur la question de la gestion des résidus, ou qui ne l’ont fait que dans le cadre de l’approbation de projets.
Toutefois, la gestion des résidus et l’engagement communautaire sont les pierres angulaires de l’initiative Vers le développement minier durable (VDMD) depuis sa création en 2004 par l’association minière du Canada (AMC). L’initiative VDMD est une norme internationale visant à encourager une extraction minière responsable, qui propose des protocoles de mesure de la performance portant sur divers thèmes sociaux et environnementaux. Le programme s’intéresse également à l’engagement communautaire et la gestion des résidus efficaces, ainsi qu’à de nombreux autres thèmes tels que la préservation de la biodiversité, le réchauffement climatique et la gestion de l’eau.
Depuis les débuts de l’initiative VDMD, des exigences ont été fixées afin d’échanger avec les collectivités quant à la gestion des résidus. Ces exigences figuraient initialement dans le protocole de gestion des résidus de l’initiative. Des exigences plus détaillées concernant l’engagement communautaire font l’objet d’un protocole distinct. L’initiative VDMD a continué d’évoluer et de s’améliorer dans le but de tenir compte des pratiques exemplaires. Dans le cas des résidus miniers, une étude indépendante menée à la suite de la rupture de la digue de retenue des résidus de la mine Mount Polley en 2014, en Colombie-Britannique, étayait cette évolution. Cette étude a permis de conclure que le protocole existant « n’accordait pas suffisamment d’importance aux questions liées aux résidus miniers, qui revêtent une grande importance pour les communautés d’intérêts ».
Désormais, l’initiative VDMD adopte une approche plus intégrée, notamment grâce au protocole sur les relations avec les Autochtones et les collectivités, mis à jour en 2019. Ce dernier vise à répondre au besoin d’un engagement communautaire envers tous les aspects relatifs au site, y compris la gestion des résidus. Ceci permet une certaine souplesse, et reconnaît que chaque situation est unique et que les différentes collectivités ont des priorités qui leur sont propres. Ce protocole convient également qu’en l’absence d’une approche plus globale concernant l’ensemble de la mine, la mobilisation des collectivités sur un sujet précis, tel que la gestion des résidus miniers, pourrait être problématique et contre-productive.
Cet engagement envers les pratiques durables et l’échange avec les collectivités établi par le biais de l’initiative VDMD est bien illustré par le travail de sociétés telles que Hudbay Minerals, qui a récemment investi plus de 60 millions de dollars dans la modernisation de ses parcs à résidus miniers au Manitoba. Ces rénovations découlent en grande partie d’un besoin d’améliorations constaté par la société après son utilisation du protocole de gestion des résidus de l’initiative VDMD.
L’engagement communautaire faisait partie intégrante du processus de planification de Hudbay. En effet, la société a tenu des réunions portant à la fois sur les plans de construction des parcs à résidus, et sur la relation entre ces projets et la protection de la communauté contre les inondations en cas de défaillance. Cette démarche a été entreprise dans le but de veiller à ce que les préoccupations locales soient entendues et prises en compte. Ce cheminement collaboratif, dont les retours ont contribué aux plans de Hudbay, a permis de mieux comprendre les responsabilités de la société en matière de gestion des résidus et de renforcer l’engagement communautaire. Il a aussi donné lieu à d’importantes mises à niveau des infrastructures. En d’autres termes, tout le monde est gagnant.
Partout dans le monde, les sociétés minières, les investisseurs et les autorités réglementaires mettent, à juste titre, l’accent sur la nécessité d’une gestion des résidus sûre et responsable. Il est essentiel de veiller à ce que l’engagement communautaire soit au premier plan de ce processus. Avec 11 chambres minières nationales dans le monde (notamment des géants tels que l’Australie et le Brésil, qui participent maintenant à l’initiative VDMD) et plus de 200 sociétés minières en cours d’implantation, le programme renforce sans aucun doute la confiance envers l’exploitation des sites par les sociétés minières.
David Clarry est vice-président de la responsabilité sociale des entreprises chez Hudbay Minerals Inc., et président du conseil d’administration de l’AMC. Charles Dumaresq est vice-président des sciences et de la gestion environnementale à l’AMC.
Traduit par Karen Rolland