Will Pitman headshotIl est évident que certaines sociétés minières, surveillant de près les coûts supplémentaires et les calendriers prolongés, renoncent souvent à mener des travaux géotechniques complets pendant le processus de conception des mines. Ceci s'accompagne malheureusement du risque de perdre des réserves de minerai en raison des conditions médiocres au sol et de la stérilisation des minerais ; de perturbations au niveau du calendrier, de dégâts causés à l'équipement et d'accidents potentiels au sein de l'effectif en raison de chutes de pierres ; de la dilution des teneurs en raison des hors-profils ; et de l'augmentation des coûts miniers en raison des conditions inattendues des roches.

Souvent, les données géotechniques nécessaires à une conception réussie des mines sont reléguées à la catégorie de financement « intéressant mais pas indispensable pour le moment », et on sous-estime fréquemment l'importance de telles données éclairées dans les disciplines liées à la géologie et l'exploitation minière. Cette tendance à négliger les travaux géotechniques est d'autant plus fréquente dans le contexte économique actuel où l'on alloue de maigres fonds uniquement lorsque cela s'avère absolument indispensable.

Ne pas tenir compte des problèmes géotechniques suffisamment tôt dans la conception des mines ou, pire encore, les ignorer totalement peut entraîner le genre de problèmes qui affecteront les portefeuilles des sociétés plus tard dans le cycle de vie du projet. Nous devons nous pencher davantage sur la relation de cause à effet qui crée en aval ce niveau de risque élevé pour le projet.

Le problème

À long terme, l'absence de données cohérentes et de qualité dès le départ peut mener à des réévaluations considérables de la conception d'une mine. Prenons l'exemple d'un projet sur lequel j'ai récemment travaillé ; les répercussions du comportement de résistance en fonction du temps ont été détectées et prises en compte au niveau du carottage, mais n'ont pas été mises en corrélation avec les paramètres d'exploitation minière tels que le dimensionnement des chambres, le temps d'autoportage et les exigences en matière de soutènement. Cette situation s'est révélée problématique lorsque des ingénieurs des mines ont tracé une ébauche de la conception de la mine qui était bien trop optimiste en termes de la taille des chambres pouvant être obtenue sur une longue période d'extraction.

Dans un autre projet, la diagraphie montrait un sol de qualité raisonnable à médiocre et les informations structurelles de cette même diagraphie avaient été mesurées mais communiquées séparément. Ces ensembles de données n'ont pas été associés pour véritablement évaluer les principales répercussions de la structure la plus importante. Ceci a entraîné une rupture à l'origine de perturbations des activités mais heureusement, aucune blessure et aucun décès n'ont été enregistrés.

Souvent, les exploitations présument que les conditions géotechniques restent les mêmes pour l'exploration de nouvelles zones d'un même gisement. Et inversement, elles supposent que les données récemment recueillies peuvent être appliquées à des zones exploitées antérieurement et pour lesquelles on dispose de peu d'informations. Ces deux suppositions sont fausses, et ce n'est souvent qu'après que le développement ait commencé que l'on identifie les changements négatifs au niveau des conditions du sol.

Dans ces deux cas, les projets requièrent ultérieurement une bonne dose de travaux supplémentaires et ce, à un coût non négligeable.

La solution

Les pratiques saines de génie géotechnique sont fondées sur la collecte de données de qualité, leur interprétation, leur analyse et des recommandations géotechniques. Les trois derniers points dépendent de la qualité du premier. Ce processus doit se poursuivre pendant tout le cycle de vie du projet. Parfois, les chantiers miniers s'effondrent des décennies après que la mine ait fermé ses portes et de nos jours, cet aspect est souvent au cœur des plans post-fermeture et de fermeture réglementée.

Il faut avoir en main des données spécifiques et précises pour fournir des recommandations géotechniques rentables. Ces données dépendent du développement progressif de la base de connaissances en ce qui concerne la géologie (et notamment la structure) ainsi que les paramètres hydrogéologiques et géotechniques. L'association de ces données donne lieu au modèle géologique qui, à son tour, contribuera au procédé d'analyse en vue de fournir la base des recommandations concernant la conception géotechnique pour le développement de la mine.

Les coûts de forage au diamant varient de 100 à 300 $ le mètre. Des milliers de mètres de carottes sont forés chaque année dans le cadre des programmes de forage, aussi il est dans l'intérêt de tous d'optimiser les données obtenues à partir de chacun des trous de forage.

Des techniciens bien formés peuvent facilement obtenir des données géotechniques solides, qui peuvent être étudiées à un coût minime dès le début du cycle de vie et pour l'intégralité du projet. Ces informations fournissent des données indispensables pour le recueil précis de programmes géotechniques plus ciblés et sophistiqués plus tard dans le projet. Ces programmes nécessiteront ultérieurement des forages encore plus coûteux, aussi il paraît logique d'avoir recours à des options plus abordables dès le début afin de réduire les dépenses.

Il est souhaitable de recueillir des données géotechniques de qualité dès le commencement du forage d'exploration afin d'appuyer le développement d'un bon modèle des ressources et de plans de mines optimisés. Le modèle géotechnique devra ensuite être développé et perfectionné tout au long du projet. La collecte de données de qualité dès le début d'un projet contribuera à orienter, rationaliser et préciser les besoins géotechniques futurs qui, associés à la gestion des risques géotechniques tout au long du projet, se traduiront en fin de compte par une réduction du coût global des travaux géotechniques.

Traduit par Karen Rolland


Will Pitman, titulaire d'une maîtrise, est l'ingénieur géotechnique principal et le directeur général du bureau AMC Consultants à Toronto.

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