«Saviez-vous que les micro-ondes peuvent sauver la planète ? », me demandait récemment mon fil d’actualité LinkedIn.

Je dois avouer que non, je ne le savais pas. Je me dois toutefois d’accorder à l’auteure de l’article, Erin Bobicki, le bénéfice du doute. Personne dans mon cercle professionnel n’est mieux placé pour évoquer la puissance des micro-ondes que Mme Bobicki, professeure agrégée dans le département de génie chimique et des matériaux de l’université de l’Alberta. Son idée visant à utiliser la radiation électromagnétique pour préconditionner et trier le minerai a été sélectionnée dans le cadre du défi À tout casser !, qui accordera un premier prix de 5 millions de dollars au vainqueur. Cette subvention sera octroyée à l’un ou l’une des six finalistes qui ont proposé des approches innovantes visant à améliorer l’inefficacité notoire de l’étape de comminution dans le traitement du minerai. Sa proposition n’est pas la seule à vanter l’utilité des micro-ondes dans ce procédé. L’équipe du CIM Magazine s’est entretenue avec Mme Bobicki et Tracy Holmes de Jenike and Johanson, également finaliste du concours et adepte de l’utilisation des micro-ondes pour une libération plus efficace des minerais, afin d’évoquer les possibilités qu’offre cette source de chaleur efficace (voir notre article en p. 26, uniquement disponible en anglais). Si la pandémie n’avait pas tout balayé sur son passage, nous connaîtrions aujourd’hui le vainqueur du défi À tout casser !

Pour autant, le retard n’a pas découragé Mme Bobicki, dont la publication sur les réseaux sociaux mettant les micro-ondes à l’honneur présentait un projet différent sur lequel elle travaille. La société spécialisée dans l’hydrogène dans laquelle elle occupe le poste de directrice technique vient d’atteindre une étape importante. Son processus de production à l’échelle de banc d’essai, qui améliore la méthode courante consistant à faire réagir le méthane avec de la vapeur pour produire de l’hydrogène, a été validé par une équipe de chercheurs de l’université de Toronto. Ce processus de vaporeformage du méthane, aussi appelé reformage du méthane à la vapeur (SMR, de l’anglais steam-methane reforming) crée une molécule de dioxyde de carbone pour chacune des quatre molécules d’hydrogène. C’est un processus à forte intensité de carbone qui permet de créer un combustible « propre ». Cette méthode innovante testée en laboratoire se sert de l’énergie micro-onde pour indirectement chauffer le méthane en vue de produire de l’hydrogène. Le carbone en résultant est séquestré sous forme solide, et moins d’énergie est alors requise dans le procédé.

« Ces résultats montrent bien le potentiel important de l’énergie micro-onde dans la décarbonation des combustibles hydrocarbonés », indiquait Mme Bobicki dans ce communiqué de presse.

À la fin de la semaine durant laquelle l’article du CIM Magazine sur la comminution et la publication sur l’hydrogène de Mme Bobicki ont atterri sur mon bureau, notre chef de rubrique Matthew Parizot proposait une chronique pour notre bulletin d’information hebdomadaire qui venait ajouter un brin de chaleur à l’article sur les micro-ondes.

Rio Tinto venait d’annoncer qu’elle avait propulsé de l’étape du laboratoire à celle de l’usine pilote un procédé innovant de fabrication de l’acier. En collaboration avec une équipe de recherche constituée de membres du Microwave Process Engineering Group (le groupe sur l’étude des procédés par micro-ondes) de l’université de Nottingham, au Royaume-Uni, Rio Tinto travaillait sur la mise au point d’un procédé mélangeant la biomasse au minerai de fer qui, à l’aide de la chaleur combinée résultant de la libération du gaz provenant de la biomasse et des micro-ondes, produisait du fer métallique.

L’administrateur général du département Minerai de fer de la société expliquait que « plus de 70 % des émissions de champ d’application 3 de Rio Tinto sont générées lorsque les clients transforment notre minerai de fer en acier, un procédé essentiel pour l’urbanisation et le développement de l’infrastructure dans un contexte où les économies du monde entier s’efforcent de décarbonater. Ainsi, même s’il est encore trop tôt pour se prononcer, et s’il reste encore beaucoup de recherches et de travail à effectuer, nous tenons à explorer plus avant le développement de cette technologie. »

Je n’ai pu m’empêcher de partager cette nouvelle avec Mme Bobicki, qui m’a rapidement répondu : « Quand je vous dis que les micro-ondes peuvent sauver la planète, je le pense vraiment. C’est très encourageant de voir que le secteur des ressources naturelles adopte la technologie des micro-ondes. C’est un moyen très efficace de transmettre l’énergie aux matériaux. »

Traduit par Karen Rolland