Avec l'aimable autorisation de Charles Dumaresq

En janvier dernier, la rupture dramatique d’un parc à résidus miniers au Brésil a souligné le besoin urgent d’une gestion sûre des résidus. L’association minière du Canada (AMC) apporte son soutien à l’industrie minière internationale afin qu’elle prenne les mesures nécessaires pour que les résidus miniers soient gérés de manière responsable et pour éviter des accidents aux conséquences catastrophiques. Il est primordial de prendre les bonnes décisions, car les accidents récents attirent, à juste titre, une attention négative sur l’industrie minière à l’échelle mondiale.

Bien avant les récents événements au Brésil, l’AMC axait une grande partie de ses travaux sur la gestion des résidus, notamment par l’intermédiaire de son initiative Vers le développement minier durable (VDMD). L’initiative VDMD a été lancée en 2014 dans l’optique d’accorder la priorité à l’exploitation minière responsable et d’augmenter la transparence du mouvement en faveur de la performance sociale et environnementale dans le secteur minier canadien. Le programme VDMD exige des membres de l’AMC qu’ils évaluent, communiquent au public et vérifient les performances de leurs installations en fonction d’indicateurs environnementaux et sociaux pour la gestion des résidus, l’intendance de l’eau, les relations avec les Autochtones et les collectivités, la santé et la sécurité, le maintien de la biodiversité, la gestion des crises, l’utilisation d’énergie et la gestion des émissions de gaz à effet de serre (GES) ainsi que la prévention du travail des enfants et du travail forcé.

La gestion des résidus est au cœur des priorités de l’initiative VDMD. En début d’année, le protocole de gestion des résidus miniers a été révisé et actualisé, de même que le guide de gestion des parcs à résidus miniers (le guide sur les résidus miniers) et le guide de l’AMC intitulé Comment rédiger un manuel d’opération, d’entretien et de surveillance des parcs à résidus miniers (le guide OES). Le protocole et les guides révisés constituent des tournants importants répondant en partie à la rupture, en 2014, du barrage de résidus miniers de la mine Mount Polley en Colombie-Britannique. Vous pouvez télécharger gratuitement le protocole et les guides sur le site Internet de l’AMC.

Mis en œuvre de concert, le guide sur les résidus miniers, le guide OES et le protocole de gestion des résidus miniers constituent une approche exhaustive envers la gestion responsable des résidus miniers dans l’intégralité du cycle de vie de la mine, de la planification conceptuelle à la fermeture et la post-fermeture. Certains des experts les plus respectés au monde en matière de pratiques exemplaires pour la gestion des résidus ont salué l’importance de ces guides et protocole, qui peuvent être appliqués à n’importe quelle installation dans le monde.


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Fort de son expérience, l’AMC travaille aujourd’hui avec l’International Council on Mining and Metals (ICMM, le conseil international des mines et métaux) sur l’élaboration d’un document d’orientation dédié à la gestion des résidus qui pourra être appliqué à l’industrie minière internationale sans se restreindre aux membres de l’ICMM. Ce document intégrera des éléments des guides et d’autres sources de l’AMC, et recommandera des pratiques exemplaires en matière de gestion des résidus miniers sur la base de la performance et des risques dans l’objectif d’éliminer les ruptures dramatiques de barrages miniers. L’AMC soutient également le Global Tailings Review (l’examen international des résidus miniers), dirigé par l’ICMM, le programme des Nations Unies pour l’environnement ainsi que les signataires des principes de l’investissement responsable (PIR). Le Global Tailings Review met au point une norme internationale qui décrira les attentes en termes de performance pour la gestion des résidus.

Les normes et lignes directrices exemplaires constituent un fondement important. Cependant, afin d’améliorer la gestion des résidus, de réduire les risques et d’éliminer les ruptures de barrage aux conséquences catastrophiques, il faudra adopter une approche holistique systématique et la mettre en œuvre avec diligence au niveau des sites pour la gestion de chaque parc à résidus miniers à l’échelle mondiale, en obtenant le soutien des dirigeants. Cette approche comportera les éléments suivants :

● confier la responsabilité aux plus hauts niveaux de la société ; 

● assurer la planification et la conception efficaces de nouveaux parcs à résidus miniers, leur agrandissement et leur fermeture ;

● adopter une approche fondée sur la performance et tenant compte des risques pour appuyer les bonnes décisions ;

● adopter une approche fondée sur les systèmes de gestion qui permettra d’établir des freins et contrepoids ;

● assurer l’exploitation, l’entretien et la surveillance de la mise en œuvre quotidienne de la gestion responsable des résidus ;

● se préparer aux situations d’urgence ;

● et bénéficier d’une assurance, évaluation indépendante comprise.

Tout aussi important, les sociétés minières doivent faire de la gestion des résidus une fonction opérationnelle majeure qui ne doit en aucun cas être ignorée, démunie de ressources ou laissée aux seuls soins de spécialistes des résidus travaillant de manière compartimentée en totale déconnexion des autres activités minières.

Fondamentalement, les sociétés doivent gérer leurs responsabilités (les résidus) avec le même soin qu’elles traitent leurs actifs (le minerai). Pour quelle raison ? Parce que, à défaut de gérer leurs résidus de manière responsable, ces sociétés menaceront non seulement la viabilité de la mine, mais prendront aussi le risque de détruire des vies, l’environnement et la société minière, et de nuire à la réputation du secteur minier dans son ensemble.

Les dirigeants et les membres du conseil d’administration doivent bien comprendre les risques liés aux résidus et poser des questions difficiles concernant leur gestion ; ils doivent aussi fournir les ressources nécessaires pour le faire en toute conformité.

L’AMC est fière de ses contributions à l’amélioration continue de la gestion des résidus, au Canada et partout dans le monde. Sept pays de cinq continents, auxquels s’est récemment ajouté le Brésil, utilisent aujourd’hui l’initiative VDMD comme vecteur de performance environnementale et sociale. Ainsi, nous sommes convaincus que les normes assurant les pratiques responsables d’exploitation minière, particulièrement en matière de gestion des résidus, sont toujours plus saluées et placées au cœur des priorités. Nous encourageons tous les propriétaires de parcs à résidus miniers, y compris les gouvernements, à adopter le guide sur les résidus miniers et le guide OES de l’AMC, ainsi qu’à faire preuve de diligence dans l’application des préconisations de ces guides, quotidiennement.


Charles Dumaresq est le vice-président des sciences et de la gestion environnementale de l’AMC. En collaboration avec le groupe de travail sur les résidus, il est l’auteur principal du guide sur les résidus miniers et du guide OES de l’AMC. Il est également l’auteur principal du document d’orientation de l’ICMM sur la gestion des résidus, et est membre du groupe de consultation plurilatéral pour le Global Tailings Review.

Traduit par Karen Rolland