Gerri Sharpe, présidente intérimaire de Pauktuutit Inuit Women of Canada. Photo: Pauktuutit
En avril 2022, Gerri Sharpe, une défenseure des droits de la personne et présidente intérimaire de l’association Pauktuutit Inuit Women of Canada (Pauktuutit Femmes inuites du Canada), se présentait devant les membres des Nations Unies à New York et a partagé aux délégués internationaux le fait que les femmes inuites travaillant dans l’industrie extractive au Canada souffrent de harcèlement et violence à caractère sexuel à une fréquence alarmante.
Pauktuutit Inuit Women of Canada est une organisation sans but lucratif nationale représentant les femmes inuites au pays. Son mandat est de sensibiliser la population aux besoins des femmes inuites et d’encourager leur participation communautaire, régionale et nationale au développement social, culturel et économique. L’organisme a mené un sondage en 2019 qui a révélé que plus de la moitié des femmes inuites interpellées travaillant dans l’industrie de l’extraction des ressources avait vécu à plusieurs reprises du harcèlement ou de la violence à caractère sexuel, et ce sont ces résultats que Sharpe a présenté à l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones des Nations Unies.
Sharpe soulignait que même si les ententes sur les répercussions et les avantages pour les Inuits expliquent les conséquences potentielles, autant négatives que positives, et clarifient comment les groupes inuits associés pourront voir des bénéfices matériels et économiques, en réalité il n’y a pas de garantie que des enjeux critiques tels que la santé et la sécurité, les inégalités systémiques, le genre et la diversité ou l’accès à l’information seront pris en considération. Ceci peut créer des situations où les attentes de communautés ne sont pas réalisées et les travailleurs inuits, particulièrement les femmes, font face à des situations difficiles et inconfortables.
« Ce que [les femmes] vivent représente plusieurs instances d’harcèlement sexuel, d’intimidation, de comportements misogynes », expliquait Sharpe. « Et ce que Pauktuutit a trouvé est que… ceci est sous-représenté parce que les femmes ne savent pas où aller, à qui aller le déclarer. Il y a un manque de compréhension de la culture inuite et comment elle interagit avec le harcèlement de tout caractère. Et la langue est aussi un obstacle dans certains cas. »
Pour faire état du problème, les normes sociales, telles que la philosophie faisant en sorte que ce qui affecte une seule personne affecte la communauté entière, et les nuances de communication familières aux Inuits ne sont pas immédiatement visibles ou comprises par les travailleurs arrivant du sud. Pour aider à résoudre ce problème, Sharpe disait, il y a de l’apprentissage à faire des deux côtés. « C’est une des choses qui sont difficiles lorsque les femmes vont travailler sur un de ces sites », indiquait Sharpe. « Parce que ce n’est pas la mentalité à laquelle elles sont habituées. »
« Selon moi, quand les employés viennent du sud pour travailler dans le nord, il devrait déjà y avoir eu de l’entrainement en matière de sécurité culturelle », disait-elle. « Les hommes provenant du nord devraient déjà connaître les comportements attendus, et ils devraient prendre parole contre les comportements inappropriés, et ils devraient protéger les femmes et leur faire attention. »
Sharpe disait que l’industrie entière doit prioriser la sécurité des femmes inuites tout en assurant la sécurité pour toutes les femmes.
« Les mines doivent aussi garder en tête que lorsqu’elles engagent des femmes, c’est aussi leur obligation de garder ces femmes en sécurité. Et non pas seulement physiquement. C’est aussi mentalement, autant que plusieurs autres aspects de la vie, ce qui veut dire être libre de tout harcèlement sexuel, discrimination ou abus de tout genre », disait Sharpe.
« Je crois que la communauté minière peut entamer un dialogue avec nos aînés et peut être plus appropriée culturellement, plus attentive culturellement… Elle peut faire beaucoup plus que ce qu’elle fait déjà. Elle peut trouver les moyens pour réussir à le faire. »